dimanche 31 août 2008

Folies libraires

Ça y est, je suis arrivé à la fin de ma Pile de livres A Lire. Enfin lorsque je dis que j'en suis arrivé à la fin, je suis arrivé à la fin de la partie émergée. Et ces derniers temps, je ne me sens pas trop l'âme d'un spéléologue. J'ai envie de lire du nouveau...

Samedi après-midi, avant de passer chercher Célia à son boulot (elle bosse pour quelques mois dans une grande librairie parisienne), je n'ai pas pu résister à partir rechercher de quoi submerger à nouveau ma Pile à Lire: Direction le coin des livres de poche, Piquier et Folio 2€ plus particulièrement.

Piquier, vous avez du remarquer sur mon blog, ils doivent faire 10% du chiffre d'affaire de leur collection poche rien qu'avec ma consiommation annuelle. Je devrais penser à prendre des actions chez eux... Quant à la collection folio 2€, elle regorge de petites merveilles (d'anciennes nouvelles de grands auteurs) à prix bradé: 2€, quoique là j'en ai trouvé un en occasion (à 1€).

Donc je ressors de la librairie non pas avec un livre (disons deux pour couvrir ma consommation hemihebdomadaire)... mais avec 6 livres:
  • Je veux devenir un moine zen, de MIURA kiyohiro, je le cherchais depuis plusieurs mois
  • Petite discussion avec une momie, E.A. POE, le nom m'a bien plu, et en plus ça a été traduit par Baudelaire
  • Le dernier souper, ENDO shûsaku
  • La carte au trésor, MO Yan (des brêves de ravioli pékinois)
  • Gibier d'élevage, de Ôé Kenzaburo, ça semble totalement décalé
  • Le secret de la petite chambre, deux récits érotiques de Akatagawa (le Goncourt japonais) et Kafû, rien que ça...
De quoi calmer une petite crise de bibliophagie...Je sais, je sais, il y a un intrus dans cette liste, mais ce n'est pas vrai, je ne lis pas QUE des romans asiatiques...

jeudi 28 août 2008

The Cold Song

En attendant que le printemps revienne dans quelques mois... Et dire que ce long hiver va durer encore sept mois...

What power art thou,
Who from below,
Hast made me rise,
Unwillingly and slow,
From beds of everlasting snow !

See'st thou not how stiff,
And wondrous old,
Far unfit to bear the bitter cold.

I can scarcely move,
Or draw my breath,
I can scarcely move,
Or draw my breath.

Let me, let me,
Let me, let me,
Freeze again...
Let me, let me,
Freeze again to death !

The Song of the Cold Genius,
King Arthur, Act III, semi-opera
Henri Purcell, 1691

mercredi 27 août 2008

Un lait chaud sous un pic gelé pour réchauffer un été maussade...

Voici une petite nouvelle que j'ai envie de vous présenter depuis un petit bout de temps. Mais la petite était timide... Il lui a fallu quelques semaines pour prendre un peu confiance en elle et faire apparaître sur mes photos ses jolies rondeurs d'oeuf de dragon et sa belle toge rouge. Et le terme est bien choisi, elle a été faite à partir d'une veine de hong ni que l'on a nommé Da Hong Pao, en l'honneur d'un grand thé.

La petite coquette à décidé de se parer de ses plus beaux atours pour sa première présentation au public: un Dong Ding "classique" de Feng Huang, le nouveau de Stéphane, du 30 avril.

Bon, les débuts ont été difficiles, j'avais mes habitudes avec une théière plutôt grande (18 cl), la perte de 7 cl change totalement la donne. Je suis passé à côté de mes premiers thés, soit parce qu'ils étaient dosés trop forts (comme ce Dong Ding par exemple), soit parce qu'ils étaient dosés trop faiblement. Le plus étonnant, c'est la facilité avec laquelle les feuilles de oolong en boule se déploient dans la théière pour former un enchevêtrement assez dense de feuilles de thé. La théière explose littéralement, la preuve en images...

Pour l'instant, on en est encore à la phase des premiers essais... Il lui faut laisser le temps de se culotter. Elle a quand même fait montre d'une très grande qualité: elle n'a pas d'égal pour faire ressortir le côté crémeux de nos chers oolongs. En revanche, elle ne fait pas ressortir autant la rondeur et la longueur des thés que ma théière précédente, mais ça commence à venir. Ah! Il faut que jeunesse se passe...

Revenons à notre Dong Ding. Cette fois-ci, j'ai essayé un dosage plus léger. J'avais l'impression de passer à côté lors des essais précédents, mais j'en reparlerai plus tard. J'ai aussi réalisé des infusions relativement courtes: 25 secondes, puis un incrément de 5 secondes à chaque infusion.

Les boules de thé sont très compactes et se déploient énormément lors de l'infusion. C'est en fait un bourgeon plus deux feuilles, comme pour le Guei Fei (tiens, en voilà un autre dont il faudra que je parle), contrairement au Shan Lin Shi de cet hivers où il n'y avait qu'une feuille très grande avec le bourgeon. Le bourgeon et la première feuille sont relativement petit en comparaison de la seconde feuille. En se déployant, les feuilles prennent une couleur, vert foncé jauni assez uniforme, signe de la torréfaction.

La liqueur est jaune doré, même dans mes tasses en céladon vert-d'eau. Dans la cruche en verre, la couleur tends vers l'orangé. Elle a une odeur très oolongesque de caramel, de cacahuète avec un soupçon de noix de coco. De plus une odeur verte/fleurie s'amplifie au cours des infusions.

Le thé est très doux, extrêmement crémeux et sucré, laiteux même je dirais: ça me fait penser à un lait chaud avec du caramel et du sucre roux, avec une belle présence en bouche, avec un petit goût fruité de mirabelle se pointant au loin. Lors des infusions suivantes, une note fleurie apparaît, un peu comme dans un lassi à l'eau de fleur (je n'ai pas encore réussi à la déterminer, j'ai encore quelques lacunes pour distinguer les goûts fleuris, en tout cas, ce n'est pas de la rose).
Une première phase qui a duré 6 bonnes infusions.

Une seconde phase apparaît: le laiteux s'estompe un peu, sans totalement disparaître. Il en va de même du sucre et du caramel: serait-ce la fin de l'influence de la torréfaction? Le fruité reste au fond, le fleuri est bien présent. Un légère pointe d'amertume très agréable fait son entrée. De la fraîcheur en bouche l'accompagne, la même sensation de frais que dans le Baozhong fleur de lys, même si les deux thés n'ont rien du tout à voir l'un avec l'autre... Juste une impression. Là dessus, une sensation de sécheresse pointe le bout de son nez, et grandit sur les quatre infusions suivantes. L'annonce d'une nouvelle phase au bout d'une douzaine d'infusions.

Changement radical! On est arrivé à la fin du thé, mais je décide de le pousser un peu encore, pour voir un peu au delà. La fraîcheur et la sécheresse sont là. Elles s'accompagne d'un petit côté crayeux moins agréable (mais je pense que c'est l'antonymie avec la douceur du début qui me fait penser cela. La pointe de mirabelle reste présente, mais une autre note grandit, très forte, c'est de l'anis ou du fenouil, très frais donc. Et un petit côté poivré.

Au bout d'autant d'infusions, les feuilles sont moins jaunâtres, elles ont repris un peu de vert et un peu de brun rouge.

Je remarque que j'étais passé à côté de ce thé avec des dosages plus forts. J'avais perdu la phase laiteuse. il y avait de l'amertume, une pointe d'astringence, de la sécheresse et surtout une sensation crayeuse bien présente. On retrouvais dès le début les notes vertes fraîches et anisées. Le caramel était là, mais pas la douceur. Rien de bien folichon.

Voici un thé qu'il faut découvrir. Très crémeux, très fin, très équilibré, plein de sensations... Je pense qu'il restera longtemps ma référence en matière de Dong Ding. A moins que dans un futur proche, Stéphane nous offre une nouvelle avancée vers la perfection, et que je doive me dédire...

Et concernant la question que je me posais sur mon Dong Ding précédent, et bien , ce n'étais pas du tout un Dong Ding; on ne ressentait pas le même terroir, la même philosophie du thé. C'était quand même un bon thé sans prétention.

Le maître a de plus en plus d'humour

L'usine a fait faillite, Lao Ding, ouvrier modèle, est licencié... A seulement un mois de la retraite, c'est tout un monde qui s'effondre. Une histoire banale pour nous aujourd'hui. Mais dans la Chine de la fin des années 90, c'est autre chose: face à la dureté du néo-capitalisme sauvage, alors que même les professeurs ne sont plus que rarement payés, et lorsque l'on a pas d'enfant pour s'occuper de ses vieux parents. Alors quand on ajoute à cela une fracture à la jambe... La vie dans la ville s'organise autour de petits boulots pour faire face à ce catastrophe sociale... Mais sans maître Ding.

Lorsqu'il arrive enfin à sortir de chez lui, une idée génial lui vient. Il retrouve soudain sa joie de vivre et surtout beaucoup d'humour. Oui, mais cette idée... ne serait-elle pas un peu criminelle? Je n'en dirais pas plus, il faut garder le suspense, et il y a de quoi, surtout lorque le roman ne fait que cent pages.

Un roman bien sympathique, très vivant, très vite lu (si vous avez une grosse heure à tuer), emprunt de tendresse et surtout de beaucoup d'humour et de scènes décalées, où Mo Yan exerce son regard décapant sur la société chinoise contemporaine. Ca m'a donné envie de découvrir les autres oeuvres de l'auteur. En voyant les 900 pages de Beaux seins, belles fesses, je m'étais un peu découragé, mais là, ça m'a donné envie de quand même essayer.

Remarque: le livre a été trduit lors d'un cours de traduction de l'université de Provence. J'avais entendu parler de cette initiative, mais je n'étais jamais tombé sur un de ces livre.
Les avis de En noir et bleu et d'Emeraude

mardi 26 août 2008

La Dame à La Licorne


Désireux d'orner les murs de sa nouvelle demeure parisienne, le noble, Jean Le Viste commande une série de six tapisseries à Nicolas des Innocents, miniaturiste renommé à la cour du roi de France, Charles VIII (vous savez, celui qui est mort car il était tellement excité d'avoir gagné aux cartes qu'il s'est fracassé la tête sur un linteau de porte en pierre).

Le commanditaire est riche, il rêve de grandes scènes de chasse et de batailles. Surpris d'avoir été choisi pour un travail si éloigné de sa spécialité, l'artiste accepte après avoir entrevu la fille de Jean Le Noble dont il s'éprend. Elle deviendra l'inspiratrice et le modèle des tapisseries. Cette passion entraînera Nicolas dans le labyrinthe de relations délicates entre maris et femmes, parents et enfants, amants et servantes.


Dans ce roman, Tracy Chevalier nous entraîne dans l'univers mystérieux de la création d'un chef-d'œuvre magique, la Dame à la licorne, certainement la tapisserie la plus connue au monde, que j'avais eu l'occasion de la voir l'an dernier lors d'une visite au musée Cluny.

Entre l'univers des lissiers bruxellois du XVeme siècle et le fossé profond entre la noblesse et la roture, l'auteur nous entraîne à travers cette oeuvre dans une France entre moyen-âge et renaissance. Une fiction basés sur des faits véridiques, extrêmement bien documenté. Une écritures très belle et très fluide, alternant les points de vue des personnage (toutes les phase successive de l'histoire sont vues à travers les yeux d'un protagoniste différent, ce qui donne de la vie au roman). On suit ainsi la génèse d'une oeuvre, les problème, les relations et les amours des différents personnages... J'ai adoré.


Avec un petit coup de coeur pour Aliénor, la jeune fille aveugle du maître lissier.

Et vous, qu'en avez-vous pensé?


Les avis de Loutarwen et Karine.

dimanche 24 août 2008

Un nouveau petit oiseau fraîchement sorti de son nid

Oh! Moi, vous savez, les tuocha et moi, ça fait deux: Compression adiabatique, qualité subatomique... Vous me direz, tout ça à cause d'un nid de Xiaguan exceptionnellement typique de Xiaguan (compression et qualité)....

Alors, lorsque Stéphane me propose un de nid de 2002, pas encore dans sa carte, lors de ma dernière commande, je suis dubitatif au début, mais je me dis: "si Stéphane le propose, c'est qu'il y a de quoi me faire changer d'avis sur les tuo..." Donc voici la bête, un tuocha de 2002 de la Da Li Nan Jian Factory, conservé depuis 6 ans d'abord à Guangzhou , puis depuis peu à Taïwan, c'est à dire sous un climat plus humide qu'à Kunming ou bien que chez nous en France.

Voilà donc l'épreuve de vérité! Vais-je devoir aller chercher le marteau? La masse? le morgenstern? Et bien pour une fois non. Mon coupe papier (je n'ose pas dire mon couteau à pu ehr) trouve tout seul une interstice entre deux feuilles compressées. Il s'enfonce sans résistance, on entend le nid craquer sous les petits mouvements fléchissants... Un morceau s'en détache sans difficulté, même si le nid est bien compact. Une bonne surprise.

Dosage du thé, au pif, ou plutôt, autant dans la théière que d'habitude pour un cru d'une dizaine d'années. Les feuilles sèches sentent la muscade et le gingembre. Une fois dans la théière réchauffée, c'est de la noisette, beaucoup de noisette. Deux rinçages, même odeur! Vient alors la première infusion. 45 secondes... La liqueur est odorante, d'une superbe couleur orange dorée... Et là... L'odeur de noisette n'était pas là pour rien, au goût; c'est de la noix nouvelle, voire verte, et de l'amande douce. Aussi fort que de l'huile, même plus... Ça remplit la bouche, mais c'est un peu agressif. Pas de moelleux. Un peu déçu... C'est trop jeune.

Deuxième infusion, un peu plus courte. Et là, on change de monde. La noix et l'amande sont toujours, là, en première note, mais c'est moins fort, et surtout, ça a perdu toute sa verdeur. Vient ensuite une note sucrée, chaude, un peu fruitée, indéterminée. Enfin, ce sont des épices qui apparaissent: d'abord de la muscade et du gingembre, peut-être un peu de paprika; ensuite du piment d'Espelette, très fort et très fruité; enfin du poivre cinq baies. Ce qu'il y a de vraiment étonnant c'est comment avec ce thé, les différentes notes ne se mélangent pas, elles se suivent l'un après l'autre, bien distincte.

Au fil des infusions, la note chaude et fruitée prend un peu de corps. Elle se mue en humus et en mousse puis en champignon. Cette grande palette de saveurs se marie très bien: le rassurant des fruits secs, le chaud de la note fruitée, le piquant qui laisser un arrière-goût très frais. Le côté très jeune décevant de la première infusion disparaît dès la seconde infusion, et nous donne un thé long et très équilibré.

Une fois la première infusion passée, une belle découverte à tout petit prix...

vendredi 22 août 2008

Deux fois n’est pas coutume : Janet Evanovich

Stéphanie Plum est chasseuse de prime... Enfin débutante... Très débutante... Elle a quand même réussi à faire ses preuves et à faire parler un peu d'elle dans le Bourg de Trenton grâce à l'affaire Morelli. Sa spécialité : ramener les libérés sous caution récalcitrants au tribunal... contre 10% de la caution. Généralement de petits dealers à la manque trop camés pour résister, ou bien des petits délits où les prévenus ont oubliés leur convocation au tribunal. Ce qui lui permet de liquider les factures les plus importantes et de payer les traites de sa nouvelle voiture. Un job sans grande surprise... Sauf quand il s'agit de mettre la main sur Kenny Mancuso, le cousin de Joe Morelli. Un vrai coriace... qui a tiré une balle dans la jambe de son meilleur ami, un ami soit dit en passant retrouvé mort quelques jours plus tard. A cela s'ajoutent une affaire de trafic d'armes, des cadavres dont les morceaux sont envoyés à Stéphanie... Sans compter les quarante cercueils disparus d'une entreprise de pompes funèbres. Un vrai casse-tête. Évidemment, tout irait mieux si Morelli, flic et pot de colle, n'était pas toujours pendu à ses basques. Heureusement, Stéphanie à une grand-mère qui s'y connaît en flingues et en salons funéraires.

Encore une fois, c'est hilarant... Du début à la fin... Stéphanie Plum reste le même boulet que dans la Prime, et toutes les crasses les plus inimaginables lui arrivent. Mais si ce n'était que ça: affublée d'une Buick 1953 bleue peu discrète idéale pour les filatures, elle doit aussi composée avec une famille originale, une mamie improbable funérariophile et totalement déjantée, le flic de son coeur (Morelli), une ex-prostituée noire reconvertie en employée de bureau et accoutrée comme Shirley Temple, mais en pire, et j'en passe.

Voilà une série qui a bien commencée, et qui continue sur la même lancée...

jeudi 21 août 2008

Comme une odeur de mon enfance...

1997...
1er février...
1:00 CET...
La France arrête de propager des onde radiotélégraphiques en Morse sur la fréquence marine 500 kHz...
La liaison radiotélégraphique de détresse et de sécurité en mer est coupée au large de la France... Et c'est le drame...

Aujourd'hui, mon histoire ne va pas du tout vous parler de cette triste nouvelle.

Comme vous le savez tous, enfin tous ceux qui suivent assidûment mon blog, une grande joie m'est arrivée par ma boite aux lettre, une petite théière de Yixing en terre rouge, dont je sais que vous êtes nombreux à attendre des nouvelles. Comme vous le savez aussi sûrement, je vais la réserver pour mes dégustation de oolongs, qui ont quant à elle déjà bien commencé.

Comme vous ne le savez sûrement pas, pour moi, une commande chez Yunnan Sourcing (car c'est de là bas qu'elle vient) signifie aussi l'achat de quelques échantillon de pu ehr, pour essayer de faire de belles découvertes, et qui sait penser à des acquisitions futures... Là tout de suite, je crois que vous sentez là où je veux en venir... Pu ehr... Nouvelle théière...Y'a quelque chose qui cloche... Eh oui! Encore une fois il ne va pas nous parler d'elle...

Et bien vous avez raison...
Non pas que je la laisse de côté. N'ayez crainte, nous avons déjà passé de bons moments. Une commande chez TM m'est arrivée il y pas deux semaines, vous vous souvenez? Mais ces derniers temps, j'ai des envie de pu ehr cuit. Et l'échantillon de 2002 de Stéphane n'est pas tout à fait étranger à ce phénomène...

Mais la date n'a pas été choisie au hasard. Reprenons l'histoire dès le début...

******************************************************************

1997... Xishuanbanna, Yunnan, Chine. En provenance de Baoshan and Wu Liang...

L'histoire que je vais vous conter y commence, il y a 11 ans, dans la Xiaguan Tea Factory. Il y a rarement du bon qui sort de Xiaguan, mais bon, pourquoi ne pas essayer?

Une brick de Pu ehr cuit, enfin un échantillon... Voilà comment commencer une nouvelle journée onze ans plus tard à plusieurs dizaines de milliers de kilomètres. J'en prends un beau morceau, environ trois ou quatre grammes, à vue de nez, quoique d'habitude on ne voit pas grand chose avec son nez, surtout le matin. Mais ce matin, ma vue rhinologique me semble assez bonne... Il y a des matins comme ça... Et une eau très chaude (celle là, je ne l'ai pas mesurée avec mon nez, elle n'est même pas salée...)

Le bout est détaillée en petits morceaux pour faciliter leur ouverture dans la théière. L'odeur: on croit reconnaitre un peu de chocolatée, de fumée; un peu chyprée ou cuiré (mousse, fougères, humus...), un peu champignoneux... Déjà, ça commence bien.

L'eau chauffe la théière, puis les tasses... Le thé est introduit dans la théière, la petite peinte que vous connaissez déjà. Il est lavé deux fois, très court, moins de dix secondes. Je recueille l'eau dans ma cruche... que je m'empresse d'aller laver.

C'est alors que le ballet vas commencer. Le silence se fait dans la salle, juste pour l'occasion... Manwë, mon lapin nain, saute sur le canapé (il aime m'embêter lorsque je déguste un thé). Première infusion, 35 secondes... L'eau chante en entrant dans la théière... L'attente... et la délivrance... L'eau reprend son chant en étant versé dans la cruche... Mais la magie a opérée. Le transparent est devenu cramoisi mais toujours aussi limpide...

Des odeurs fortes de sous bois en automne emplissent la pièce. Au goût, la mousse et la terre ressortent derrière une forte odeur musquée. C'est doux, crémeux et très rond...

Avec les infusions suivantes vient un goût qui me rappelle quelque chose. Très boisé, je sais... ça me vient de mon enfance, de ma chambre... de mon lit... c'est l'odeur du bois de merisier ciré. Belle surprise. 45 secondes, une minute, puis deux, trois, quatre, six... La liqueur est dense, sombre, rouge. Longue en bouche, très longue, elle reste très présente entre les infusions, malgré le temps très long... Elle restera des heures, jusqu'au moment du repas de midi, des souvenirs matinaux se rappelleront à ma mémoire... Le goût du thé évolue, toujours le même, mais avec des puissances différentes, la mousse et la terre s'estompent pour revenir vers la fin, le bois et le musc explosent... La lourdeur des tasses en céladon donnent du corps au thé, de la présence... Six infusions, je me sens emporté au royaume des immortels... Septième infusion... Ah, je ne saurais en prendre d'avantage... Je sens seulement un souffle de vent frais gonfler mes hanches. Où est Peng Lai Chan? Ah! Laissez-moi chevaucher cette douce brise et m'envoler loin d'ici!

Mais le thé n'est pas épuisé... Toujours aussi rouge, toujours aussi présent, toujours aussi rond... Le temps qui m'était imparti pour cette douce infusion est révolu... Un rendez-vous m'attends... Mais ce n'est pas grave, le thé m'attendra sagement jusqu'à mon retour du travail une demi-journée plus tard...

Ce thé, 1997 XIAGUAN AGED RIPE PU-ERH TEA, est une belle surprise, surtout venant de la Xiaguan factory... J'y penserai lors d'une prochaine commande chez Yunnan Sourcing, s'il y en a encore en stock. Je sais que l'échantillon sera rapidement épuisé...

mercredi 20 août 2008

Apprivoiser...

-Qui es-tu ? Tu es bien joli..
-Je suis une théière, dit la théière.
Viens jouer avec moi, lui proposai-je. Je suis tellement triste...
-Je ne puis pas jouer avec toi. Je ne suis pas apprivoisé!
-Ah! pardon.
Mais, après réflexion, j'ajoutai:
-Que signifie « apprivoiser » ?
-Tu n’es pas d'ici, dit la théière, que cherches-tu ?
-Je cherche les hommes. Que signifie « apprivoiser » ?

-Les hommes, dit la théière, ils ont des mains maladroites et ils nous laissent tomber. C'est bien gênant! Ils font aussi grandir du thé. C'est leur seul intérêt. Tu cherches du thé?
-Non, dis-je. Je cherche des amis. Que signifie « apprivoiser »?
-C'est une chose trop oubliée, dit-elle. Ça signifie « créer des liens... »
-Créer des liens ?
-Bien sûr, dit la théière. Tu n'es encore pour moi qu'un petit garçon tout semblable à cent mille petits garçons. Et je n' ai pas besoin de toi. Et tu n'a pas besoin de moi non plus. Je ne suis pour toi qu'une théière semblable à cent mille théières. Mais, si tu m'apprivoises, nous aurons besoin l'un de l'autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde...

-Je commence à comprendre, dit le petit prince. Il y a une fille... je crois qu'elle m'a apprivoisé...
-C'est possible, dit la théière. On voit sur la Terre toutes sortes de choses.
-Oh! ce n'est pas sur la Terre, dis-je. La théière parut très intrigué:
-Sur une autre planète ?
-Oui.
-Il y a des maladroits, sur cette planète-là ?
-Non.
-Ça, c'est intéressant! Et du thé ?
-Non.
-Rien n'est parfait, soupira la théière.

Mais la théière revint à son idée:
-Ma vie est monotone. J'use le thé, les hommes m'usent. Tous les thés se ressemblent, et tous les hommes se ressemblent. Je m'ennuie donc un peu. Mais, si tu m'apprivoises, ma vie sera comme ensoleillée. Je connaîtrai un bruit de pas qui sera différent de tous les autres. Les autres pas me font rentrer sous terre. Le tien m'appellera hors du terrier, comme une musique. Et puis regarde! Tu vois, là-bas, le chocolat? Je ne bois pas de chocolat chaud. Le chocolat pour moi est inutile. Leurs tablettes ne me rappellent rien. Et ça, c'est triste! Mais tu as des cheveux couleur de châtaigne. Alors ce sera merveilleux quand tu m'auras apprivoisé! Le chocolat, qui est brun foncé, me fera souvenir de toi. Et j'aimerai l'odeur des volutes douces et sucrées du chocolat...

La théière se tut et regarda longtemps le petit prince:
-S'il te plaît... apprivoise-moi ! dit-il.
-Je veux bien, répondis-je, mais je n'ai pas beaucoup de temps. J'ai des amis à découvrir et beaucoup de choses à connaître.
-On ne connaît que les choses que l'on apprivoise, dit la théière. Les hommes n'ont plus le temps de rien connaître. Ils achètent des choses toutes faites chez les marchands. Mais comme il n'existe point de marchands d'amis, les hommes n'ont plus d'amis. Si tu veux un ami, apprivoise-moi !
-Que faut-il faire ? dis-je.
-Il faut être très patient, répondit le renard. Tu t'assoiras d'abord un peu loin de moi, comme ça, dans l'herbe. Je te regarderai du coin de l’œil et tu ne diras rien. Le langage est source de malentendus. Mais, chaque jour, tu pourras t'asseoir un peu plus près...

Le lendemain, je revins.
-Il eût mieux valu revenir à la même heure, dit la théière. Si tu viens, par exemple, à quatre heures de l'après-midi, dès trois heures je commencerai d'être heureux. Plus l'heure avancera, plus je me sentirai heureux. A quatre heures, déjà, je m'agiterai et m'inquiéterai; je découvrirai le prix du bonheur! Mais si tu viens n'importe quand, je ne saurai jamais à quelle heure m'habiller le cœur. Il faut des rites.
-Qu'est-ce qu'un « rite » ? dis-je.
-C'est aussi quelque chose de trop oublié, dit le renard. C'est ce qui fait qu'un jour est différent des autres jours, une heure, des autres heures. Il y a un rite, par exemple, chez mes maladroits. Ils dansent le jeudi avec les filles du village. Alors le jeudi est jour merveilleux ! Je vais me promener jusqu'à la vigne. Si les maladroits dansaient n'importe quand, les jours se ressembleraient tous, et je n'aurais point de vacances.

Ainsi j'apprivoisai la théière.

Plus tard, je revins vers la théière:
-Je vais te dire un secret, dit la théière. Voici mon secret. Il est très simple: on ne voit bien qu'avec le cœur. L'essentiel est invisible pour les yeux.
-L'essentiel est invisible pour les yeux, répéta-je, afin de me souvenir.
-C'est le temps que tu as perdu pour la fille qui fait cette fille si importante.
-C'est le temps que j'ai perdu pour cette fille... dis-je, afin de me souvenir.
-Les hommes ont oublié, cette vérité, dit la théière. Mais tu ne dois pas l'oublier. Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé.

Mais où vais-je chercher toutes ces idées...

lundi 18 août 2008

Une arrivée tant attendue...

Ça y est! Célia vient de me prévenir que la petite Da Hong Pao Long Dan est enfin arrivée... J'ai hâte d'être ce soir pour la découvrir.

La suite très bientôt!

Dojoji et autres nouvelles: Mishima Yukio

Voici quatre nouvelles tirées de La Mort en Été d'un des plus grand maître de la littérature japonaise. Toutes sont très étonnantes, différentes, et nous font découvrir la diversité et l'originalité du grand écrivain japonais. De l'univers des geishas aux rites sacrificiels des samouraïs, de la cérémonie du thé à la boutique d'un antiquaire, Mishima explore toutes les facettes d'un Japon mythique, entre légende et tradition. D'une nouvelle à l'autre, les situations tendrement ironiques côtoient les drames les plus tragiques, que ce soit la jolie danseuse qui remet du rouge à lèvres après avoir renoncé à se défigurer avec de l'acide en souvenir de son amant, Masako, désespérée, qui voit son rêve le plus cher lui échapper, ou l'épouse qui se saisit du poignard avec lequel son mari vient de se transpercer la gorge...

De ces textes, je retiendrais le troisième qui ne peut laisser de marbre. En 1936, lors du Ni Ni Roku, un jeune officier japonais, juste marié à une femme qu'il aime et dont il est aimé en retour, apprend que ses plus proches compagnons d'armes se sont mutinés contre l'armée impériale. De peur d'être chargé de leur exécution, pour ne pas trahir son amitié ni tâcher son honneur en refusant une tâche qu'il lui sait d'ores et déjà destinée, il décide de se donner la mort rituellement, de se faire seppuku. Sa femme décide de le suivre après lui avoir servi de témoin officiel en se faisant jigai. Tout est posé dès le début, le récit est la description minutieuse de la préparation du rituel et de leurs derniers moment, ainsi que de la mort douloureuse et tragique. C'est magnifiquement bouleversant. D'autant plus lorsqu'on sait que l'auteur se fera seppuku quatre ans après avoir écrit cette nouvelle lorsqu'il manqua un coup d'état en faveur de l'empereur. Il sera la dernière personne dont on retiendra le suicide rituel.

dimanche 17 août 2008

Les pierres de Chang'An apportent la fortune, et on compose des poèmes pour leur beauté

Une nouvelle théière est arrivée hier matin, une dont je ne vous avais pas encore parlé. Comme vous le savez, il y a un peu plus d'un mois, je suis parti à la recherche de nouvelles théières: ballades dans Paris et sur Internet au rendez-vous! J'avais besoin d'une petite théière pour mes pu ehr - moins de 10 cl - et d'une pour mes oolongs de Taïwan - celle là, je l'ai trouvée chez Yunnan Sourcing, mais elle n'est toujours pas arrivée alors que je l'attends activement depuis bientôt trois semaines, l'activité étant surtout pour mon cerveau et puis mes nerfs.

Au détour de mes recherches virtuelles, je suis tombé sur le site d'un Antiquaire de Yixing vendant de vielles théières sur ebay, pour un prix très raisonnable. Et au milieu, une petite merveille, une minuscule Zhuni de 80ml datant de la dynastie Qing, avec un paysage peint en relief...

Et un poème:
Les pierres de Chang'An apportent la fortune,
et on compose des poèmes pour leur beauté.


Je suis tout de suite tombé sous le charme... Mais je n'osais pas l'acheter. Et finalement j'ai craqué, un vrai achat compulsif. Elle est partie de Yixing mardi et hier elle étais là, qui penserait qu'elle a voyagé plus de 10000 km... en quatre jours alors qu'il faut un mois pour envoyer une lettre à l'autre bout de l'arrondissement.

En main, ces 80ml sont microscopiques, d'une finesse exemplaire, pourtant les parois sont relativement épaisses. Les peintures sont magnifiques, d'un beau jaune-oranger. Lorsqu'elle est mouillée, elle devient brillante, lumineuse, les peintures prennent une couleur dorée.

Après l'avoir nettoyée (un bon bain ça ne peut que faire du bien après un si long voyage, surtout à cet âge-là), j'ai commencé à apprivoiser cette jolie grand-mère. Un Ba Da Chun fera l'affaire... Pour un premier test, j'ai transformé l'essai. La liqueur était très odorant, concentrée mais sans être agressive, fruitée comme toujours, même plus. Le flot de thé sortant de la théière est rapide et régulier; la théière, même sans filtre, ne se bouche pas. Une belle réussite.

Nouvel épisode, aujourd'hui, pour quelque chose de totalement nouveau. Depuis quelques temps, je remarquais que je n'avais quasiment pas pu ehr cuit. Juste un demi-écu de 1984 que je garde pour les grandes occasions. Or dans mon colis de Stéphane, j'en ai reçu deux en échantillon. Donc aujourd'hui, j'ai goûté la brique de pu ehr de 2000 de la CNNP.


C'est un beau morceau que j'ai reçu... Vous remarquerez le mini-plateau en bambou que je me suis offert pour mes dégustations en tête à tête avec une théière et mon ouvre lettre en étain, qui avait appartenu à mon grand-père et qui est devenu mon couteau à pu-ehr.

Revenons à ce thé: La brique est très sombre, on dirait presque huileuse. A l'odeur, c'est une bouffée de chocolat, avec un peu de fumée et de terre.

A la première infusion, la liqueur est sombre et dense, avec une odeur de terre très agréable, bien caractéristique des pu ehr. Le goût, c'est de la mousse verte, voilà ce à quoi ça m'a fait penser, un chemin entre deux murets en pierre pleins de mousse après l'orage . Très ronde et moelleuse, presque crémeuse, très longue en bouche, la liqueur laisse découvrir derrière cette note au fil des infusions de légers goûts terreux et agréablement fumés, une note douce et chocolatée très agréable, un peu du style Nestlé Dessert, et un petit côté poivré qui apporte de la fraicheur et contrebalance la rondeur chaude du thé.

Un thé magnifique dont je suis sûr de me souvenir lors de ma prochaine commande chez Stéphane. Alors, encore, merci pour cette découverte!

jeudi 14 août 2008

Une arrivée de Taïwan...

Pour une fois que je prends une journée de congé (à défaut de pouvoir prendre des vacances), et bien, c'est une belle journée... Ce matin, dans ma boîte aux lettres, une surprise m'attendait. En provenance directe de Taïwan, en moins de trois jours, ce colis est arrivé des antipodes.

Alors moi qui me plaignait de n'avoir plus rien dans mon armoire à thé, je me suis et j'ai été gâté (Dans les commandes chez Tea masters, il y a toujours un cadeau surprise... et quel cadeau cette fois-ci...) Regardez, en noir et blanc, c'est magnifique...

C'est le moment de commencer un inventaire à la Prévert, il y a :
  • une beauté orientale du comté de Hsin Chu, toute fraîche de l'été
  • un Gei Fei Cha, un thé de la concubine de cet été, de Feng Huang sur le Dong Ding,
  • un Luanze Oolong "classique" de Feng Huang sur le Dong Ding du 30 avril
  • un Luanze Oolong de Shan Lin Shi, haute montagne de Taïwan, de cet été (il parait qu'il est excellent même si c'est un haute montagne d'été... )
  • un Luanze Oolong rouge de Tse Ke Shan sur la Côte Est de ce printemps, que j'avais reçu e nMai en échantillon et que j'avais adoré
  • Un Tuocha de la Da Li Nan Jian Factory de 2002, gardé depuis six ans à Taïwan.
  • Un mini plateau en Bambou que je viens d'étrenner.
En cadeau, j'ai reçu :
  • un échantillon (en fait un assez beau morceau de la brique) de Pu-ehr cuit de la CNNP de 2000
  • un petit cube de pu-ehr cuit de 1992 avec le caractère FU inscrit sur le papier de coton qui le contient
  • deux charbons de bambou actifs...
  • une petite corbeille en bambou (???)
Mais pas de raton-laveur...

En couleur c'est encore plus beau, le dégradé de couleurs des paquets de oolongs...

C'est un belle liste que j'ai monté à l'aide de Stéphane (si on oublie l'absence de mustélidé): j'avais envie d'un peu mieux connaître les thés de Taïwan... Cet après midi a été pour moi l'occasion de découvrir le Guei Fei Cha, une belle découverte

Alors un grand merci encore à Stéphane, et comme vous l'avez deviné, j'aurais bientôt plein de choses à vous raconter...

Quelques histoires en mouchant la chandelle

Extrait des nouvelles histoires en mouchant la chandelle et de leur suite, voici six très courtes nouvelles chinoises du début de la dynastie Ming, écrites par les fonctionnaires et surtout fins lettrés Qu You et Li Zhen.
Ce recueil est édité par les éditions Folio 2€.

Fleur d'Orchidée, Fleur de Cattleya, Lotus d'or, Émeraude... Ces jeunes filles aussi belles qu'aimables et bien peu farouches vont faire tourner la tête des hommes qui sont sous leur emprise, envoutés par leurs talents de poétesses et leurs charmes, parfois pour leur bien, parfois pour leur perte...

Ces six nouvelles à l'écriture surannée sont emprunt de beaucoup de poésie et de raffinement, racontant sans rien cacher des histoires d'amour assez improbables et nous entraînant dans des voyages originaux nous plongeant au coeur d'une Chine à l'imaginaire bien différent de celui la France à cette époque... C'est au fil de courtes nouvelles qu'on se laisse emporter dans la Chine du 14e siècle dans laquelle les frontières mal définies entre le monde des vivants et le monde des esprits permettaient toutes les transgressions. J'ai bien aimé.

mercredi 13 août 2008

Lettres chinoises : Ying Chen

A Shanghai, deux jeunes gens, Yuan et Sassa, sont amoureux. Mais parce que tout lui pèse en Chine et qu’il se sent étranger dans son propre pays, Yuan choisit un jour de venir s’établir à Montréal pour finir ses études. Mais à Shanghai il laisse Sassa, sa fiancée, qui doit venir le rejoindre plus tard. Pourtant, Sassa a beaucoup de mal à concevoir de quitter son pays où elle se sent en sécurité pour partir vers l'inconnu, même si c'est pour aller rejoindre son fiancé. De plus, Da Li, une camarade de classe des amoureux, vient aussi s'installer à Montréal.

Ce roman épistolaire est l'échange de courrier entre les trois jeunes. Il exprime les difficultés des expatriés à s'intégrer dans une culture tout à fait différente de la leur, et qui au final ne se sentent pas vraiment chez eux ni dans leur pays natal, ni dans leur pays d'arrivée. Il raconte aussi les difficultés d'un amour long distance. On sent bien que malgré l'amour toujours vivace entre les deux jeunes gens, peu à peu l'idée qu'ils se font de leur pays, de l'exil et de la vie en général les éloigne l'un de l'autre.

D'habitude, je ne suis vraiment pas fan des romans épistolaires, mais pour une fois, je me suis laissé emporter par cette écriture poétique, simple, touchante et vraie.

Un autre thème est récurrent tout au long du roman, qui prend d'autant plus de sens dans le contexte actuel des Jeux Olympiques de Pékin et des polémiques qui y sont associées. C'est celui de la liberté, des droits et des devoirs, et surtout des difficultés de compréhensions sur ces sujets entre les chinois, les expatriés et les occidentaux. Car la vision que nous donne l'auteur est très différente de celle que l'on pourrait en avoir.

Les avis de Loutarwen, Allie et Ilmariel.

Théière ou Gaiwan

This is the end
Beautiful friend
This is the end
My only friend, the end

Of our elaborate plans, the end
Of everything that stands, the end
No safety or surprise, the end
I'll never look into your eyes...again

S'il fallait faire un point sur mes oolongs taïwanais préféré, voilà ce qui me viendrait tout de suite à l'esprit. J'ai mis du temps à penser à apporter des nouveautés dans mon armoire à thé. J'ai mis un peu trop de temps à faire une commande chez Stéphane, pourtant, je voyais depuis un certain temps la fin venir, et je faisais traîner mes réserves en longueur... J'attendais l'arrivée des Beautés Orientales entre autre. Les quelques grammes qui me restent, je les garde maintenant bien précieusement pour faire quelques comparaison avec les nouveaux arrivés. Pourtant, hier soir, j'avais une grande envie d'un oolong taïwanais au calme après le repas, un Dong Ding ou bien un haute montagne. Il fallait que je trouve quelque chose d'autre. Mon Dan Cong de chez M3T? trop souvent ces derniers temps... Mon Tie Guan Yin? Un peu trop fade pour mes envies du moment... Mon Fancy (Butterfly of Taiwan)? Pouah!

Une seule solution se présentait à moi, le Baozhong Fleur de Lys de chez Tea Master... Mais je ne voulais pas de ce bouquet fleuri, je voulais plus de présence, plus de rondeur... J'ai alors fait une expérience...

D'habitude, je le prépare en gaiwan (Il s'agit d'une tasse à couvercle en forme de cloche - d'où son autre nom, zhong - qui peut servir à la fois de tasse et de théière et est particulièrement appropriée pour les thés verts et les oolongs faiblement fermentés comme les Baozhong) C'est alors une explosion fleurie, du lys comme son nom l'indique, avec une note de fond très douce, très fraîche, une peu mentholée, un peu réglissée, un peu poivrée, ce qui en fait un thé parfait et réconfortant pour les premières senteurs fleuries du printemps et les chaleur de l'été. Mais là, j'avais envie d'autre chose...

Pour la première fois, je l'ai donc essayée en théière... et je suis arrivé à un thé tout à fait différent, un vrai oolong. Le thé est devenu crémeux, presque une sauce au beurre blanc. La note fleurie s'est un peu mise en retrait, laissant une grande place à la note fraîche. Le thé a gagné en rondeur, en longueur. Très loin au fond, on retrouve une note un peu caramélisée et un peu de cacahouète, mais ça, ça risque d'être la mémoire de mon Dong Ding d'il y a deux jours. J'avais perdu le côté Baozhong, mais j'avais gagné un oolong très différent...

J'avais déjà essayé des thés préparés des deux manières, certains se révèlent dans l'un, d'autres dans l'autre, certains n'acceptent qu'un mode de préparation pour montrer toute leur beauté et font la tête lorsqu'on en décide autrement, mais je n'avais jamais remarqué autant de différence entre gaiwan et théière...

mardi 12 août 2008

La danseuse d'Izû : Yasunari Kawabata

Toute sa vie, Yasunari Kawabata a écrit ce qu'il appelait des Tenohira no shôsetsu, des récits qui tiennent dans la paume de la main. Ce recueil en recèle cinq, d'au plus trente pages, faisant partie des plus connus. Dans ces cinq nouvelles, il nous révèle avec une plume magnifique la poésie, l'élégance, le raffinement exquis et la cruauté du Japon, sous un thème commun, le destin.

Ces récits sont cinq rencontres, cinq contemplations de ce délicat remue-ménage de l'âme que nous offre la littérature japonaise. Chacun de ces récits semble porter en lui une ombre douloureuse qui est comme la face cachée de la destinée: un étudiant qui croise une jeune danseuse, bien trop jeune pour lui, une jeune voyante face à la futilité de la croyance en la destinée, un vieillard qui s'enlise dans la compagnie d'oiseaux, un jeune homme qui retrouve sa maîtresse dans le besoin au sortir de la guerre, un invalide qui contemple le monde dans un miroir, et ce miroir lui renvoie d'abord son propre visage dans une sorte de tête à tête avec la mort...
Rechercher le bonheur est aussi vain et aussi désespéré qu'apprivoiser une jeune danseuse, un couple de roitelets ou le reflet de la lune dans l'eau.

Voici cinq textes, extrêmement limpides et mélancoliques, poétiques, contemplatifs et élégants, pudiques et troublants. Le premier et le dernier texte sont tout simplement merveilleux, j'ai moins accroché sur les trois autres, mais il est tellement facile de rentrer dans cette langue parfaite, juste et magnifique... Alors que je n'avais pas aimé le Maître de Go, là, j'ai été charmé...

lundi 11 août 2008

Un voyage en fond de vallée aux goûts de haute-montagne

Un Dong Ding, qualité supérieure, acheté chez T'cha, dans le 6ème, au début de l'année. Je viens d'en entamer le 10 derniers grammes!

Voilà ce qu'il me reste de mon premier vrai bon oolong.
Les feuilles sèches sentent bon les fleurs et le foin fraîchement coupé séchant sur les chaumes. Les boules sont relativement petite, mais c'est le fond du paquet...

Une fois infusé, c'est vraiment une odeur de fleur qui s'échappe de la théière: un parfum assez enivrant de lys, avec d'autres fleur plus ténues (roses, osmanthes?) Les feuilles sont d'un vert très sombre, un peu jaunâtre, l'oxydation a du être relativement légère...

Le goût est léger, aérien, fleuri, très même, entêtant, on retrouve les odeurs des feuilles humides, et très doux... Au fil des infusions, un côté salé apparaît (ou bien est-ce moi qui n'ai plus l'habitude de manger salé?), puis des sensations de pâte feuilletée et de salidou (caramel au beurre salé) et un petit peu de prune jaune. Rond, très long en bouche, ces saveurs pâtissières de tarte aux prunes perdurent au fond de la bouche jusqu'au repas suivant.

Mais il y a une question que je me pose: est-ce vraiment un Dong Ding? Je l'ai acheté en tant que tel, mais il me manque quand même de la douceur, du fruité et du caramel, ces arômes ne sont présent que de manière ténue sur la note de fond (la vendeuse a marqué Dragon de Taïwan sur l'étiquette). L'oxydation est légère, la torréfaction ne se voit pas sur les feuilles. Ça me fait beaucoup penser à un haute montagne., mais avec un peu plus de corps. J'attends avec impatience ma commande chez Tea Master, pour comparer mes impressions à un Dong ding classique et à un Shan Lin Shi d'été... Verdict très prochainement...

dimanche 10 août 2008

La Métamorphose : Franz Kafka

Lorsque Gregor Samsa s'éveilla un matin au sortir de rêves agités, il se retrouva dans son lit changé en un énorme cancrelat.

S'il y a bien un livre dont tout le monde a entendu parlé en classe de cinquième (s'il n'a pas dû le lire), c'est bien celui-là. Ça faisait un certain temps que je voulais relire cette nouvelle de Kafka... depuis que j'avais lu la lettre au père en début d'année.

Je me souvenais de la nouvelle de littérature fantastique qu'on m'avait forcé à lire au collège. Forcé, c'est bien le terme, car pour un enfant de 12-13 ans, ce court roman n'a vraiment rien d'intéressant, ce n'est même pas de la bonne littérature fantastique. Mais lorsque j'ai lu la lettre au père, des image m'en étaient revenus. Et surtout une question, mais pourquoi un cafard?

Cette nouvelle ne nous parle pas d'un cafard en fait, elle nous parle d'un homme rejeté par sa famille, particulièrement son père, et de la métamorphose des personnes qui l'entoure qui vont les mener à exclure de leur vie ce jeune homme gênant. Le cafard n'est que la métaphore dont l'auteur se sert pour parler d'un écrivain raté, rejeté. Car c'est un peu son histoire romancé dont nous parle Kafka.

C'est un livre que j'ai bien aimé relire, beaucoup plus profond que ce que j'en avais entrevu en cinquième. La langue de Kafka est riche, complexe, très précise. En allemand, la langue dont se sert l'auteur me semble beaucoup trop ardue pour un élève de cinquième. Alors, je me demande pourquoi les professeurs s'obstinent à vouloir l'intégrer dans leur programme de collège. Car c'est un livre qu'il faut lire avec des yeux d'adulte pour bien le comprendre...

Tag

Ca faisit longtemps que je ne m'étais pas fait tagger. J'y réponds rarement, mais là, pourquoi pas? Ca change des tags habituels.

Voici donc ce à quoi il me faut répondre...

1- Indiquer le nom de la personne qui vous a taggée avec un lien vers son blog:

L'invitation m'a été lancée par Isabelle, un blog littéraire relativement nouveaux que j'ai découvert il n'y a pas très longtemps, avec des lectures originales et sur lequel je retournerai régulièrement...

2- Ouvrir le livre du moment à la page 123

Ca va être difficile, la nouvelle que je lis en ce moment ne fait que 63 pages... C'est La Métamorphose de Kafka que j'avais envie de relire depuis que j'avais lu la lettre au père, il y a quelques mois, Et ça prends un tout autre sens... Bon ben, je vais ouvrir la page 23...

3- Recopier le texte de la cinquième phrase et les trois suivantes

Version allemande:

Gregor verlor darüber ganz den Kopf. Er war schon ganz fast umgedreht, als er sich, immer auf diese Zischen horschend, sogar irrte und sich wieder ein Stück zurückdrehte. Als es aber endlich glücklich mit dem Kopf vor der Türöffnung war, zeigte es sich, dass sein Körper zu breit war, um ohne weiteres durchzukommen.

Version française:

Sur ce, Gregor perdit totallement la tête. Il était déjà presque retourné, lorsque, tout en écoutant ce sifflement, il fit un faux mouvement et revint en arrière. Lorsque sa tête fut finalement devant la porte ouverte, il remarqua que son corps était trop gros la traverser sans aide.

4- Taguer 4 autres personnes:

Il va être dur de trouver du monde, surtout en été, mais je vais quand même essayer de l'envoyer à deux personnes:

vendredi 8 août 2008

O Capitaine! Mon Capitaine!

O Captain my Captain! our fearful trip is done,
The ship has weathered every rack, the prize we sought is won,
The port is near, the bells I hear, the people all exulting,
While follow eyes the steady keel, the vessel grim and daring;
But O heart! heart! heart!
O the bleeding drops of red,
Where on the deck my Captain lies,
Fallen cold and dead.

O Captain! my Captain! rise up and hear the bells;
Rise up--for you the flag is flung for you the bugle trills,
For you bouquets and ribboned wreaths for you the shores a-crowding,
For you they call, the swaying mass, their eager faces turning;
Here Captain! dear father!
This arm beneath your head!
It is some dream that on the deck,
You've fallen cold and dead.

My Captain does not answer, his lips are pale and still;
My father does not feel my arm, he has no pulse nor will;
The ship is anchored safe and sound, its voyage closed and done;
From fearful trip the victor ship comes in with object won;
Exult O shores, and ring O bells!
But I, with mournful tread,
Walk the deck my Captain lies,
Fallen cold and dead.
Walt Whitman,
The Leaves of Grass (appendix of the last edition)

J'ai réentendu la première stance pas plus tard qu'hier...
Il y a un film qu'il me faut revoir...

Tao-tö King : Lao Tseu

Lorsqu'on commence à lire des ouvrages sur le thé, sur la culture orientale et sur les classiques chinois, il y a un nom qui revient sans cesse: Lao Tseu et le taoïsme. Mais qu'en connait-on exactement en France?

Le classique de la Voie et de la Vertu (Tao-tö King en chinois) est un recueil d'apophtegmes à la fois très clair et très obscures, simple à lire. Ce texte antique a servi de base à la formation de la pensée orientale. Le texte a été beaucoup traduit, interprété et utilisé. On peut lui faire dire beaucoup de chose. Certains y ont même vu un traité militaire à une période.

Toutes ces maximes parlent de la voie à suivre dans la vie, de la vertu, de la morale et de l'éthique politique, de l'action (c'est le Yang, l'homme dans les écrits chinois) et du non-agir (le Yin, la femme, le repos), de leur équilibre, de la place du sage dans la société, une place différente de celle qu'il occupe dans nos sociétés occidentales, influençant la communauté sans agir... On y retrouve parfois des pensées proches du Machiavel, du Manuel du Guerrier de la Lumière de Coelho, des Béatitudes mêmes parfois.

Mais mieux vaut lire quelques chapitre pour mieux le comprendre.

VI

L’esprit de l’Obscurité est immémorial, éternel.
C’est le principe féminin des origines.
Les racines du ciel et de la terre s’élancent de sa porte mystérieuse.
Toujours renouvelé, il se répand dans l’univers.
Indéfiniment.
Il ne s’épuise jamais.

X

Ton âme peut-elle embrasser l'unité sans jamais s'en détacher?
Peux-tu concentrer ton souffle pour atteindre à la souplesse d'un nouveau-né?
Peux-tu purifier ta vision originelle jusqu'à la rendre immaculée?
Peux-tu aimer le peuple et le gouverner par le non-agir?
Peux-tu ouvrir et clore les célestes battants en restant au repos?
Peux-tu tout voir, tout connaître sans user de l'intelligence?
Produire et faire accroître,
produire sans s'approprier,
agir sans rien attendre,
guider sans contraindre,
c'est la vertu suprême.

XI

Trente rayons convergent au moyeu
mais c'est le vide médian qui
confère à la voiture sa fonction
On façonne l'argile pour faire des vases
mais c'est du vide interne
que dépend son usage
Une maison est percée de
portes et de fenêtres,
c'est encore le vide qui
permet l'usage de la maison.
Ainsi "ce qui est" constitue
la possibilité de toute chose ;
"ce qui n'est pas"
constitue sa fonction.

LXXII

Si le peuple ne craint plus le pouvoir
C'est qu'un pouvoir plus grand approche.
Ne pas limiter son espace vital
Ne pas l'empêcher de subsister
Ne pas le pressurer
Et le peuple ne se lassera pas.
Ainsi le sage se connaît lui-même
Mais ne se montre pas.
Il se respect lui-même
Mais ne s'enorgueillit pas.
Il refuse ceci et accepte cela.

C'est beau, poétique, profond, ça laisse parfois matière à réfléchir, même à notre niveau, sur notre place dans la société, sur notre vision du monde, sur la richesse, le pouvoir...

Alors au final:
Lao Tseu a dit : "il faut trouver la voie". Moi je l'ai trouvée, maintenant c'est à vous de la trouver. Mais d'abord, je dois vous couper la tête. (Merci Hergé de me permettre de finir sur une note moins sérieuse)

jeudi 7 août 2008

Dans mon armoire à thé...

Il est temps de refaire un petit point sur mon armoire à thé. Depuis bientôt six mois, je n'ai plus goûté un seul de mes thés aromatisés (ah si, j'en ai profité pour faire du thé glacé, mais ça ne compte pas...) Pourquoi aromatiser un thé lorsque les grands jardins offrent des bouquets plus surprenants, plus aromatiques et plus subtiles? Les goûts de bonbons, c'est plus pour moi, enfin pour le moment. Et pour cause, j'ai découvert oolongs et pu ehr, et c'est devenu une vraie passion...

Alors, tous les matins, fini la cafetière à mocca qui chante (je n'arrivais pas à boire du thé au réveil), elle a été remplacée par une petite théière, une cruche et une jolie tasse en céladon (Ceux qui connaissent le blog de Tea masters reconnaîtront l'objet), et me fait profiter d'un jeune pu ehr, dont la force accompagne mon réveil...

Toute ces découvertes font maintenant déborder mon armoire, ont colonisé d'autres tiroirs, d'autres étagères, et je me dis parfois qu'il va bientôt falloir pousser les murs pour leur faire un peu de place ou changer d'appartement... ou bien remiser à la cave nos thés aromatisés qui prennent la poussière et empêchent d'autres adoptions sur les étagères...

Alors avec moi, partez pour ce voyage magique dont voici la liste des destinations. J'essaierais de la garder à jour, celle là, et de vous faire part de mes découvertes en postant sur les thés qui m'ont vraiment marqué...

Oolongs

  • Butterfly of Taïwan 2007 (Palais des thés)
    Un Fancy oolong de qualité très moyenne, même si c'est dans le haut de gamme des oolongs fortement fermentés du Palais des thés... Boisé et avec un petit goût de noix, il est assez rapeux comparé à ce que je bois en ce moment. Je ne le sorts plus très souvent...

  • Tie Guan Yin 2001 (Offert par mon père au retour d'une mission en Chine)
    Lorsque mon père est revenu d'un déplacement en Chine, il m'avait rapporté ma petite théière et deux TGY, de deux qualités différentes. Cette première qualité est maintenant presque épuisée, il m'en reste une petite boite sur mon bureau lorsque j'ai besoin d'un moment de détente autour d'un thé. C'est la moins bonne qualité des deux. Si je l'ai fini avant, c'est que l'autre est resté jusqu'à Pâques chez mes parents en Alsace. Il est très sec et un peu fruité, pas très rond...

    C'est là que finit mes expériences malheureuse avec les oolongs...


  • Tie Guan Yin 2001 (Offert par mon père au retour d'une mission en Chine)
    C'est le deuxième TGY rapporté par mon père, 12 sachets hermétiques de 25 grammes chacun. 2001, c'est loin et il a un peu vielli, il a perdu les notes fleuries des premiers sachets que j'avais ouvert. Mais il est très rond, un peu fruité, des notes d'arachide, pas très sec, et si j'avais maîtrisé le GFC à l'époque, je l'aurais adoré. Stéphane m'a indique une méthode pour lui redonner un peu vie, la méthode Sao An qui fonctionne bien. L'autre solution aurait été de le retorréfier, mais je ne suis pas sur de vouloir me lancer dans l'expérience, de peur d'une catastrophe, surtout pour un thé de qualité moyenne...

  • Tie Guan Yin 2007 (Palais des thé - épuisé)
    Pas trop mauvais, mais sans prétensions, des aromes de chataîgnes, de réglisse et de canelle, une longueur en bouche qui commence à être intéressante...

  • Dong Ding, printemps 2007, qualité supérieure (acheté chez T'Cha, presque épuisé)
    Me fait plutôt penser à un haute montagne, rond, long, mais surtout extrêmement fleuri, sur la fin des notes plus chaudes apparaissent...

  • Shan Lin Shi - Luanze Oolong "classique" - hiver 2007 (Tea Master, presque épuisé)
    Une de mes premières grandes expériences des oolongs...

  • Bai Yé Dan Cong n°2 (M3T)
    Exceptionnel, fruité... L'un des meilleurs oolongs que j'ai goûté ...
D'autres oolongs vont venir, je suis en train de réfléchir à une commande chez Tea Masters... Normalement, je l'envoie demain...

Verts et Blancs
  • Tai Ping Hou Kui 2007 (Thé vert chinois primeur):
    D'après moi l'un des meilleurs thés verts. Dieu seul sait combien j'en ai bu l'an dernier. C'est vrai que je ne connaissait pas encore bien les oolongs.

  • Liu An Gua Pian 2006 (Thé vert chinois primeur):
    Mon premier thé vert primeur. Il y a trois ans, je le trouvais un peu léger (je sais mon goût pour les thés natures n'était pas encore bien formé.) Je l'avais oublié dans une boite, il a subit de nombreux déménagements, a été entreposé dans des conditions loin d'êtres idéales, surtout pour un thé vert... Je l'ai ressorti il y a quelques semaines. Comme tout le monde le sais, un thé vert, ça ne se conserve pas, je m'étais résigné a devoir le jetter, mais j'ai quand même fait un essai. Et la ça a été la révélation. Les notes fraiches végétales et fleuries se sont mutées en une fraîcheur poivrée. Il a gagné en complexité ce qu'il a perdu en vert et en fraîcheur... Très intrigant... Il a pris certaines notes proches des jeunes pu ehr, tout en restant un thé vert, il a gagné en présence. Je suis contant d'avoir fait cet essai. Je le garderai précieusement et le regouterai chaque année pour suivre son évolution. Qui a dit qu'un thé vert ça ne se conservait pas?

  • Yong Xi Huo Qing 2007 (Thé vert chinois primeur):
    Son nom signifie feu vert du Yong Xi... Ca résume parfaitement ce thé. Ce primeur, c'est une explosion de verdure en bouche. Les feuilles ne sont pas telles quelles, pliées ou torsadées comme pour un thé vert classique, elles sont roulées en petites boules commme pour un gunpowder. Et quand ces billes à canon s'ouvrent c'est l'explosion. Attention, c'est un thé très puissant, déconseillé à ceux qui n'aiment pas les thés trop vert... Etonnant, je garderai ce nom en tête pour les années à venir.

  • Gu Zhang Mao Jian 2007 (Thé vert chinois, feuilles torsadées):
    Un chemin mouillé après l'orage, voilà ce que son nom veut dire, et ça résume tout. C'est le premier thé en vrac que j'avais acheté, quand j'étais encore en prépa. Je l'ai retrouvé cet année. Sans grandes prétentions, ça reste un bon thé vert que j'aime bien, pas trop vert masi avec un arôme bien présent

  • Gunpowder 2008 (Thé vert chinois):
    Idéal pour le thé à la menthe...

  • Sencha Ariake 2007 (Thé vert japonais classique, feuilles pliées):
    Un sencha de pas mauvaise qualité, une bonne entrée en matière pour les thés japonais...

  • Tamaryokucha Impérial 2007 (thé vert japonais):
    C'est mon thé vert japonnais préféré. Fait selon la méthode chinoise et non japonaise, il a des notes iodées bien présentes, mais pas aussi fortes que les sencha. Il est très présent en bouche, un peu fruité. J'ai bien envie de le goûter en ichibancha un de ces quatres.

  • Bi Luo Chun - Primeur 2008:
    Primeur de l'année... Un bon goût végétal, haricot je dirais, comme lorsque ma grand mère les fait blanchir.

  • Batons de Jade Primeur 2008:
    Un thé proposé par Yunnan Sourcing, les feuilles de thé blanc sont façonnées en forme de cigare... Subtile et végétal, très doux.

  • Yin Zhen au Jasmin 2007:
    Un thé blanc au jasmin que le Palais des thés avait en automne dernier en quantité très limitée. Un très grande qualité, fort en goût mais pas écœurant. J'en avais pris 50g pour réessayer le thé au jasmin (on m'avait écœuré avec des thés de mauvaise qualité). J'ai adoré, mais quand j'ai voulu en acheter en plus grande quantité, il n'y en avait plus, alors je conserve précieusement les 25 derniers grammes, en espérant qu'ils auront à nouveau un batch cet année.

Pu-ehr
  • Vrac de 1998 (Le palais des thés, Shu, presque épuisé):
    Mon premier pu-ehr, un vendeur du Palais des Thé du village de Passy me l'avais conseillé alors que nous discutions thé vert (aucun rapport, je sais). Ce thé n'a pas de grands défauts, à part celui de manquer d'âme, c'est trop plat, sans reliefs. Doux et cuiré, terreux et boisé, un peu champignoneux, mais quand même fort dans la gorge, ça m'a fait une bonne introduction au pu ehr, je pense, même si ça ne mérite pas le prix qui est proposé...

  • Six Famous Mountains - Yiwu - 2002 (Sheng - bout de galette - Terre de Chine, presque épuisé):
    Très puissant et encore jeune malgré ses 5 ans, la galette n'avait pas été confectionnée avec une grande précaution, il restait des tiges assez grandes. Mon premier cru...

  • Mengai Tea Factory 2005 (Sheng - bout de galette - Terre de Chine, presque épuisé):
    Un bon pu ehr jeune, aux aromes puissants, il devra gagner en finesse et en douceur avec le temps, mais je ne lui en ai pas laissé l'occasion, il n'en reste qu'un petit bout...

  • Hai Lang Hao Mengku Wild Arbor 2002 - Mengku Shuangjiang Tea (Sheng - échantillon de chez YS, encore pour une fois)

  • Bourgeons de Pu-er pressés en pièce et conservés dans une feuille de bambou - 1984 (Shu - écu conservé dans du bambou, Tea Master, encore 1/2 écu):
    Voici un très bon pu ehr cuit de chez TM, cuiré, terreux, assez rond, une odeur de terre, de racine et une pointe de fumée, juste ce qu'il faut, très crémeux se transformant en mielleux pour les dernières infusions, Pouvant être infusé de nombreuses fois... Ca a été une belle découverte

  • Tuocha Xiaguan Te Ji 2005 (Sheng):
    Pendant 2 mois mon thé du matin, au goût assez fort... Je m'en suis lassé assez vite... Trop fort, il a fini par me dégoûter... Mais la semaine dernière, je l'ai regoûté... Ce côté fort est resté, mais je l'ai trouvé bon, des notes plus subtiles, fleuries et fruitées me sont apparues? A-t-il changé en deux mois? Lui fallait-il un temps de repos ou est-ce mon goût qui s'est modifié et ma jeune expérience des pu ehr qui s'affermit un peu? Mon seul problème avec ce tuo de Xiaguan, c'est la compression... Ils pourraient donner un cours au CERN et si c'était eux qui étaient en charge de l'accélérateur de particules, le Boson de Higgs aurait été découvert depuis longtemps... Impossible de trouver un bout pour l'entamer, au point que j'ai du aller chercher le marteau et me servir de mon pic comme d'un burin... Je peux me montrer barbare quand je veux...

  • Ba Da Chun 2007 - galette de printemps d'une montagne au nord du district de Menghai (Sheng - Galette de chez M3T):
    Exceptionnelle, cette galette! Il faudra que j'en parle... Très douce, fleurie et fruitée (pêches, melon à eau...), très long en bouche, pas trop puissante mais très forte en arome... Un très bon très jeune primeur...J'adore...

mercredi 6 août 2008

Haïku...

茶土瓶やああああ一杯秋の露
cha dobin ya aa aa ippai aki no tsuyu
Théière en terre... Ah! Tout pleine de la rosée d'automne...

Issa, 1820

Théière, je t'attends...

mardi 5 août 2008

Haïku

わか水や土瓶一ッに角田川
wakamizu ya dobin hitotsu ni sumida-gawa

Dans la première eau de l'année,
Et dans une théière en terre...
La Sumida...

Issa, 1824

Quelque chose me dit que je suis extrêmement impatient de recevoir ma petite théière? Ou bien n'est-ce qu'une impression?

lundi 4 août 2008

De la barbe à papa un jour de pluie : Bi Feiyu

Hongdou n'est pas celui qu'il aurait dû être, et il n'est pas non plus celui qu'on aurait voulu qu'il soit. Fils d'un héros de la guerre de Corée, il n'adhère à aucune des valeurs masculines qu'on prétend lui inculquer: Doux, sensible, passant sa vie à jouer du erhu et se comportant en fille manquée, il est la risée de ses camarades de classe et le modèle de toute bonne mère de famille.

Comme il n'est pas entré à l'université, il est envoyé sur le front lors du conflit sino-vietnamien de 1979. Cette expérience potentiellement héroïque de l'armée qui a tellement bien réussi à son père est pour lui un véritable cauchemar. Pris dans une guerre sanglante dans un jungle sans mercie, il sera finalement laissé pour mrt et ses restes seront redus à sa famille... Quelle qurprise lorsque Hongduo revient finalement de la guerre quelques temps plus tard... Mais il ne sera jamais plus le même: face à son impuissance à répondre au modèle qu'on lui impose, il tombe dans une folie qui le conduit à la mort.

Fini le suspense, dès les premières pages, on connait la fin tragique... la mort de Hongdou... C'est à travers les yeux d'un ami qu'on découvre ce destin manqué, celui d'un être inadapté à son monde, en complet desaccord avec le modèle traditionnel qui lui est imposé et qui va ne pas supporter l'horreur d'un guerre abomminable (même si on n'en a pas entendu beaucoup parler ici en Europe)

Certains semblent faire de ce livre un texte antimilitariste. Pour avoir lu le Voyage et Casse-pipe de Celine, on en est très loin... C'est un texte très fort où l'auteur prône le droit à la différence et le courage des gens qui osent mener leur vie dans un monde qui leur est totalement inadapté. C'est aussi une très belle histoire d'amitié. Une écriture simple, parfois très légère et délicate, parfois très dure, une écriture très asiatique... Un roman touchant et dur que j'ai beaucoup aimé...

Incipit allemand

Laissez moi vous parler d'un texte que j'adore, certainement l'incipit le plus connu de langue allemande, celui de l'épopée germanique la plus connue, écrite au XIe siècle, alors que les langues n'étaient pas encore figées...


Uns ist in alten mæren, wunders vil geseit,
von heleden lobebæren, von grozer arebeit,
von freude unde hochgeziten, von weinen unde klagen,
von kuner recken striten, muget ihr nu wunder horen sagen.

C'est ainsi que commence le chant des Nibelungen, une vieille épopée transmise à l'orale pendant des générations, qui inspira tant de livres, d'opéras, de films... Alors suivez les aventures de Kriemild, Sigfried et tous ces héros qui ont tant fait rêver; et qui le font encore (un film sur leurs aventures est sorti il y a deux ans...)

Tant de merveilles nous sont racontées dans les légendes anciennes,
des histoires de nobles héros et de grands travaux,
des jours de joie et des festins, des pleurs et des peines,
des combats de braves paladins; voulez vous en entendre les merveilles?

N'est-ce pas que cela fait envie?

Bilan juilletiste

Après deux mois de silence radio, juillet a été chargé, en travail comme en lecture, à tel point que je suis sacrément en retard dans les livres que je voulais vous présenter:
  1. Robin Hobb: L'Assassin Royal, les trois premiers tomes:
    • L'apprenti assassin
    • L'assassin royal (commentaire à venir)
    • La nef du crépuscule (commentaire à venir)

  2. Janet Evanovich: les enquêtes de Stéphanie Plum
    • La Prime
    • Deux fois n'est pas coutume (commentaire à venir)

  3. Ogawa Yôko: Une parfaite chambre de malade suivi de La désintégration du papillon
  4. Shimazaki Aki: Mitsuba (commentaire à venir)
  5. Bi Feiyu: De la barbe-à-papa un jour de pluie (commentaire fait - c'est ici)
  6. Lao Tseu: Le Tao-Tö King (commentaire fait - c'est ici)
Comme vous voyez j'ai encore plus d'un livre dans ma manche...

J'ai aussi commencé à parler de thé sur ce blog, j'ai continué ma découverte des oolongs, j'ai fait une demande d'adoption pour une petite théière...

Un gros mois donc, mais pas de vacances à l'horizon, et j'espère avoir plus de temps le mois prochain pour m'occuper de ce journal de lectures et peut-être de dégustations de thé...

dimanche 3 août 2008

Cadeau d'arrivée pour une théière

Normalement, au courant de la semaine, ma petite chinoise va arriver à la maison... Une nouvelle théière, c'est pour moi de nouvelles envies de découvertes. Je me suis donc empressé de lui faire un cadeau de bienvenue... Ces derniers temps, mes envies de découvertes me tirent du côté des oolongs. Je pense que la forme en oeuf de ma nouvelle théière doit bien venir de là. Et je remarque qu'au final, je n'y connait pas grand chose.

Je suis donc passé hier après midi à la Maison des Trois Thés pour trouver un thé original. Où allez d'autre à Paris lorsqu'on a un besoin irrésistible de découverte? Alors fini Taïwan... Départ pour les théiers centenaires du Guandong et pour un Bai Ye Dan Cong (le n°2 de chez M3T...)

Ça fait longtemps que j'entendais parler de la M3T dans de nombreux blogs. Il y a un mois, j'avais dégusté le vrac 16, divin! Et j'avais acheté une galette de Ba Da Chun 2007, un jeune pu ehr cru qui m'accompagne depuis amoureusement chaque matin! J'avais déjà goûté des thés exceptionnels, mais là on entre dans une autre sphère... Ce thé, c'est comme mordre dans un fruit bien mûr... et même bien plus... Rien qu'à regarder les feuilles, le voyage commence: grandes, avec toutes les nuances entre l'orangé et le brun profond, presque carbonisé qui laissent entrevoir une odeur fruitée et un peu boisée. Lorsqu'elles entrent dans la théière chaude s'échappe une odeur de fruit de la passion acidulée

On commence par une première infusion à l'odeur et à la douceur d'un miel clair (type fleur d'oranger), au goût de zeste d'orange amer ou de yuzu, un peu de pêche et un soupçon de fruit de passion... Et déjà cette amertume douce des très vieux théiers solitaires... C'en est presque poétique... Dire qu'ils ont certainement vu l'assassinat de Henry IV?
Avec les infusion successives, c'est le fruit de la passion et un peu la pêche qui prend de plus en plus de place, comme une explosion exotique. L'amertume en toile de fond est tout à fait rafraîchissante et occulte l'extrême douceur de ce thé, laissant en bouche une belle rondeur fruitée très longue... Même 10 infusions plus tard... Une merveille...

J'ai hâte de pouvoir le présenter à ma nouvelle théière...
D'autres photos arriveront certainement très rapidement.