mardi 28 avril 2009

Honni soit en ce jour ce pléonasme qui a ce jour a remplacé hui dans tant de bouche...

Petite parenthèse lexicale sur une locution que je ne conspue pas assez, tant elle me perce les tympans au fer rouge, me retourne les boyaux à la façon du jus de prunelle verdoyante et me donne des coliques comme un bataillon de rotavirus en pleine épidémie hivernale de gastroentérite...

Que les amateurs de thé, de textes et de verbe me pardonne cette digression fielleuse, mais je n'y tiens plus. On m'en a trop fait souper, et lorsque cette mauvaise mixture verbale aussi indigeste qu'une tablette de saindoux étalée sur une tranche de pain huilé est assénée avec tant de véhémence, multimédia qui plus est, je n'en puis plus: c'est la logorrhée, la faconde émétique...

Pas plus tard que la semaine dernière, lors d'une formation avec une personne que je respecte au plus haut point, j'ai du subir pas moins de 72 affronts en deux jours (au bout de deux en cinq minutes, je compte ces grossièretés). Aujourd'hui même, lors d'une réunion un peu mouvementée, cette désagréable sensation (perçage de tympan au fer rouge) m'a été assénée par un italien qui, bien que maîtrisant à merveille la langue de Boileau, s'est empressé de livrer une triplette de locutions fautives...

Alors pour lever le voile sur cette expression que j'ai du mal à nommer, que j'ai même du mal à écrire, eh, bien, voilà, je me lance... On ne dit pas "AU JOUR D'AUHOURD'HUI".... Voilà, c'est dit... Ecce contumelia! (Voici l'affront!)

Premier constat: lorsqu'on fiat un requête Google sur cette locution, on tombe sur pas moins de 122 000 occurrences trouvées en moins de 0.41 secondes. C'est dire que cette expression est répandue. Au point que même dans des journaux que je tiens pour sérieux (Le Monde n'est pas en reste), on lui fait la part belle.

Mais que veut dire au jour d'aujourd'hui?

Tout d'abord revenons sur "aujourd'hui". Et à "hui". Hui veut dire, en ce présent jour, aujourd'hui, quoi! Du latin Hodie, aujourd'hui! Donc pour insister, les rhéteurs moyenâgeux ont grandement utilisé le pléonasme, ce jour d'hui/le jour d'hui/du jour d'hui, qui à la longue est devenu, en ce jour d'hui, et le pas n'a pas été long (plusieurs siècles tout de même) pour voir vulgarisé la locution au jour d'hui devenu au fil du temps aujourd'hui (Merci le CNRTL).

Mais pourquoi l'utilisation de ce pléonasme?
En général, ou plutôt à la base, l'interlocuteur nous assène "Au jour d'aujourd'hui" en début de phrase, attribuant un caractère d'irrecevabilité, ou d'inexactitude, d'incorrection, de nuance aux propos qu'il vient d'entendre ou qu'il va émettre. Par simple opposition de principe, il va supposer que son analyse est bien supérieure aux idées habituellement véhiculées ou qu'il est conscient de l'inexactitude de ses propos mais qu'il ne peut faire mieux. Il s'agit de capter l'attention de l'auditoire, non pas par les propos émis, car souvent ils se tiennent, mais par l'absurdité, le non-sens de la locution d'introduction.

Le grand problème, c'est que beaucoup de monde pense que la complexité est le signe des hauts niveaux de langage. De ce fait, ils pensent bien parler français en utilisant ce pléonasme, alors qu'ils font malgré eux cette erreur patente. Pourtant, il existe de nombreuses formes en bon français pour marquer cette aberration: "Que je sache, à ce jour", "Or, à ce jour", "Pourtant, à ce jour"... On peut être plus imaginatif: "D'aucuns pensent", "L'idée de plus en plus répandue que", "L'acceptation générale est", et si vous lisez bien le présent texte, vous verrez que je l'ai ponctué de locutions analogues, tout en évitant bien au jour d'aujourd'hui. Le premier que vous verrez écrire, "D'aucuns pensent", eh bien, croyez moi, il nous montre sa non-adhésion à la thèse annoncée, avec toute la réserve, voire le mépris nécessaire.

Le grand danger avec cette locution est son acceptation générale.

Primo, au jour d'aujourd'hui, forme rhétorique rare et fautive, utilisée au départ par quelques orateurs pour capter l'attention de leur publique, est tant passée dans le langage courant qu'elle semble perdre son sens, pour signifier: en ce jour, à ce jour ou tout bêtement aujourd'hui.

Secundo, si l'expression devient codifiée, il n'est pas difficile de supposer que l'on verra bientôt fleurir les "au jour d'au jour d'aujourd'hui" puis par la suite, "au jour d'au jour d'au jour d'aujourd'hui" et ainsi de suite... Plaignons nos enfants!

Tertio, c'est une erreur, un pléonasme, et il n'y a aucune raison qu'il ne soit pas sanctionné comme faire se doit. La première maîtresse d'école voyant cela dans la rédaction d'un de ses élèves de primaire aura tôt fait de la soulignée de rouge, voire de l'entourer quatre fois au risque de transpercer la feuille de la pointe de son Bic.

Mais d'où nous vient cette expression coupable.

Pour une fois, la réponse est simple. Si les grands auteurs se laissent parfois aller au néologisme, c'est d'habitude à des fins humoristiques, et non rhétoriques. Rappelons-nous le merveilleux déponter de Daniel Pennac dans sa merveilleuse Fée Carabine. Si cette expression se répand de plus en plus, c'est la faute aux journalistes, particulièrement ceux de la télévision et de la radio, qui en use et en abuse comme si c'était des choux à la crème. Si bien qu'elle est passée rapidement dans la presse écrite, dans les publications scientifiques et jusqu'aux lèvres de nos professeurs... Pédantaille coupable...

Mais ils ont oublié une chose, le rôle moral du journaliste est d'instruire son lecteur, de l'éduquer, particulièrement au niveau de la langue. Pour reprendre Maître Desproges, "L'élever à soi, ne jamais se rabaisser à son niveau"... Mais ne soyons pas défaitistes, ils sont encore nombreux à ne pas se rabaisser à cette illettrisme patent. Félicitons-les! Et vous aussi, avec moi, criez:

Honni soit qui utilise ce terme!

mercredi 22 avril 2009

L'Or Rouge

Suite et fin de cette petite visite des maisons de thé parisiennes, et de l'article de ce matin. Place à la dégustation de ces trois rouges...

Tout d'abord le Qimen de Thés de Chine: ce qui m'avait un peu dérangé lorsque j'avais senti les deux thés que l'on m'avais proposé, c'est une odeur très forte de torréfaction, tant pour le Keemun Impérial que pour le Keemun Céleste.
A l'odeur, entre les deux grades, il n'y avait pas photo, le Céleste était même pour l'odeur à sec, beaucoup plus gourmand. Toutefois, on note toujours cette forte torréfaction, même si moins présente. Bien sûr, c'est celui-ci que j'ai choisi, d'autant qu'il est dans la gamme de prix des autres thés comparés. Cette note puissante de torréfaction montre en fait une autre philosophie de choix de Qimen que les autres maisons de thés. Plus puissant, mais je n'y suis pas habitué, ce qui explique cette note en demi-teinte.
Dans la tasse, cette torréfaction puissante est assez présente à l'odeur pour la première infusion, elle disparaît lors des deux suivantes. Ce n'est pas désagréable, juste un peu dérangeant. Au goût elle est totalement absente. Nous sommes face à un thé très gourmand. Fleuri fruité, relevé d'une belle puissance cacaotée.

Vient ensuite le PanYong d'or, toujours chez Thés de Chine. Même si ce n'est pas un JinYa Dian Hiong, par la facture, il s'en rapproche énormément. A part que la couleur des feuilles est plus rouge ambrée que dorée. C'est un thé très duveteux, peut-être le plus que j'ai vu, tant chez les verts que chez les noirs... Attention à la crise d'éternuement lorsqu'on le sent dans la boite ou dans le Cha He avant la dégustation... Dans l'ensemble de mes dégustations, je dirais que c'est le meilleur thés formé que de bourgeons que j'ai dégusté. Il a les caractéristiques des thés de bourgeons: la présence en bouche, la rondeur. Il est aussi très gourmand et assez original. Mais seul bémol, comme l'autre thé de Thés de Chine, la torréfaction un peu trop poussée à mon goût.

Finalement, le Jinya Hong de Terre de Chine. Là, je suis resté un peu sur ma faim: il manque de présence et de caractère, surtout pour un thé de bourgeons. Il est surtout fleuri et fruité. Et ça reste un bon thé d'après-midi, tranquille et sans relief, une peu cher au final...

Donc pour ajouter ces deux maisons de thé à mes conclusions...

Thés de Chine sort du lot. Ils proposent une très belle qualité. Il sont assez originaux avec ces rouges plus torréfiés. Dommage que pour l'instant, ce ne soit pas trop dans mes attentes. Ils font pourtant une belle échappée avec la M3T (bien en tête) et en coude à coude avec les belles références du PdT.

Terre de Chine propose de bonnes choses, mais reste cantonné à la tête de peloton. Pas vraiment d'échappées dans ces thés rouges. Pourtant il y a matière à faire. J'ai aussi été déçu par l'inculture crasse du vendeur, je n'ai certes pas eu la chance d'avoir la patronne. Pourtant, j'avais été assez clair il me semble en annonçant mes envies.

En queue de peloton, indécrottablement, MF et Dammann...

mardi 21 avril 2009

Le Rouge et le Noir

Put thousands together
Less bad.
But the cage less gay.
HOBBES.

La petite ville de Verrières peut passer pour l'une des plus jolies de la Franche-Comté. Ses maisons blanches avec leurs toits pointus de tuiles rouges, s'étendent sur la pente d'une colline, dont des touffes de vigoureux châtaigniers marquent les moindres sinuosités. Le Doubs coule à quelques centaines de pieds au-dessous de ses fortifications bâties jadis par les Espagnols, et maintenant ruinées.


Verrières est abritée du côté du nord par une haute montagne, c'est une des branches du Jura. Les cimes brisées du Verra, se couvrent de neige dès les premiers froids d'octobre. Un torrent, qui se précipite de la montagne, traverse Verrières avant de se jeter dans le Doubs, et donne le mouvement à un grand nombre de scies à bois, c'est une industrie fort simple et qui procure un certain bien-être à la majeure partie des habitants plus paysans que bourgeois. Ce ne sont pas cependant les scies à bois qui ont enrichi cette petite ville. C'est à la fabrique des toiles peintes, dites de Mulhouse, que l'on doit l'aisance générale qui, depuis la chute de Napoléon, a fait rebâtir les façades de presque toutes les maisons de Verrières.


À peine entre-t-on dans la ville que l'on est étourdi par le fracas d'une machine bruyante et terrible en apparence. Vingt marteaux pesants, et retombant avec un bruit qui fait trembler le pavé, sont élevés par une roue que l'eau du torrent fait mouvoir. Chacun de ces marteaux fabrique, chaque jour, je ne sais combien de milliers de clous. Ce sont de jeunes filles fraîches et jolies qui présentent aux coups de ces marteaux énormes les petits morceaux de fer qui sont rapidement transformés en clous. Ce travail, si rude en apparence, est un de ceux qui étonnent le plus le voyageur qui pénètre pour la première fois dans les montagnes qui séparent la France de l'Helvétie. Si, en entrant à Verrières, le voyageur demande à qui appartient cette belle fabrique de clous qui assourdit les gens qui montent la grande rue, on lui répond avec un accent traînard : Eh ! elle est à M. le maire.


D'aucuns auront reconnu le début de cette œuvre magistrale, dont l'épaisseur, et le poids des mots, bien avant que Paris Match ne passe par là, servait il y a encore une quarantaine d'année à asséner la pensée littéraire romantique à grands coups de reliure cuirées à de petites têtes blondes.


Aussi continué-je mon exégèse des maisons de thé parisiennes: une critique interne quasi-scolastique, presque scientifique, bien qu'il soit question de ma passion pour ces liqueurs ambrées. Car tel Julien Sorrel, il est bien question ici-bas de sacerdoce face à la passion. Mais revenons à nos cures, pour les deux maisons de thé que j'avais omis de citer lors de ma première comparaison: Thés de Chine et Terre de Chine.


C'est tout naturellement, alors qu'on m'avait fait part de mon omission, que j'ai rallongé mon épopée sabbatique dans les 4ème, 5ème et 6ème arrondissement afin de relier mes envies de thé, accompagné de ma douce moitié. Après une course sous un crachin de Saint-Michel à fin fond de Saint-Germain, j'ai relié le Cherche-midi avant d'échouer rue Quincampoix. Vous aurez reconnu mes destinations, non? Besoin d'un petit exposé?


Commençons donc par mon passage chez Thés de Chine, avec un accueil des plus agréables, quoique le samedi après midi ne soit pas le moment le plus adapté pour discuter et y acheter posément du thé (comme dans toutes les maisons de thé). Ce passage n'était à la base pas vraiment dirigée vers mon approvisionnement en rouge de Chine. En effet, lors de mon précédent passage avec Alain, on m'avait annoncé que le début de la seconde quinzaine d'avril serait le meilleur moment pour découvrir de bons vert primeurs chinois.


Malheureusement pour moi, je n'ai pas dû être le seul à avoir profité de cette information, quelques belles références avait été déjà dévalisées. Je me suis donc rabattu vers un Xi Hu Long Jing qui sentait divinement bon pour un prix très raisonnable (27,4€ les 100g). Rabattu, le mot est un peu méchant, car il y a de la belle qualité là derrière. Bien que je l'ai loupé, eau trop chaude, il mérite ses lettres de noblesse: pas légumineux comme les toutes premières récoltes, très aromatique, surtout pour un long jing, que du bon, quoi! Ce qui promet un passage intéressant dans un mois, où j'espère avoir un peu plus de chance.


L'occasion donc de découvrir leurs rouges, malgré l'imminence de l'arrivée de la nouvelle saison. Deux belles références ont attiré mon attention: un Keemun Celeste, 25.30€ les 100g (Ah! Que je déteste cette romanisation! Qu'on arrête d'écrire Keemun pour les Qimen!) et un Panyong D'or, 19.80€ les 100g, un rouge composé uniquement de bourgeons, provenant du nord du Fujian.


Heureusement que la bruine s'était arrêté, car il fallait, pour continuer le tour, retraverser le boulevard en direction de Saint-Michel. De là direction, Saint-Placide et le Cherche Midi. Mais quy a-t-il donc au Cherche-Midi? une boutique bien sympathique: un antre de la porcelaine chinoise, Patachine. Assiettes, vases, bols, et plein d'autre choses dont de petits dés qui m'ont fait de l'oeil, et qui feront de magnifiques tasses, que vous verrez certainement dans mes photos sous peu: 4 tasses en porcelaine blanche translucide peinte à la main d'un paysage bleu, et deux en céladon craquelé.


Et in fine, échouage rue Quincampoix, chez Terre de Chine, où je n'avais pas foutu les pieds depuis un bon bout de temps. Et c'est là que tout se corse... Contrairement à l'habitude, je suis tombé face à un petit jeune... Ca me va bien de dire ça, moi qui n'ai pas encore atteint mon quart de siècle... Encore deux semaines de répit... YES!!!


Face au même problème des rouges de la mi-avril (sous-entendu fin de stock), devinez ce que l'on à osé me répondre? Oh! mais essayé nos oolongs bien fermentés (si si, fermenté, je ne rigole pas!), c'est la même chose... en me présentant une boite de YanCha: un Shui Xian... Heureusement pour lui que je n'avais pas de corde sous la main, mes doigts me démangeais de ne pas lui passer la macabre boucle pour laver cet affront.


Et pour conclure le tout, lorsqu'il a ouvert la boite, et que je n'ai pu m'empêcher de laisser échapper: "Ah! Et bien il est torréfié celui-là", car c'est bien le Shui Xian le plus torréfié que j'avais vu, il a eu le culot de me répliquer: "Mais vous savez, tous les thés sont torréfié, ça c'est la fermentation!!!"... Comme si je n'arrivais pas à reconnaître la dessiccation du hong bei, bande de sous-doués congénitaux! A lui seul, il valait la bande.


Bon, il s'est rattrapé en proposant de nous offrir une tasse de Pointe D'Or, entendre un JinYa Dian Hong (21€ les 100 g) composé que de bougeons. Je pense qu'il ne s'en est pas rendu compte, mais il a évité la potence de peu. La chance sourit toujours, aux alcooliques, aux simples et aux audacieux...


Donc nous sommes ressorti de la petite boutique avec ce Yunnan, et pour d'autres comparaisons, un Da Hong Pao (55€ les 100 g) qui ne sentait pas trop mauvais et ne semblait pas brûlé.


Place bientôt aux comparaisons... A suivre...

vendredi 17 avril 2009

Les nouvelles enquêtes du juge Ti: la Nuit des Juges, Frédérique Lenormand

Voici un bon bout de temps que j'ai envie de me plonger dans les aventures du juge Ti: mais par quel bout commencer? En suivant l'ordre d'écriture? en suivant la chronologie historique? Car ce bon juge Ti a réellement existé. Et même au delà de ça, par quel auteur commencer? Robert Van Gulik, ce diplomate hollandais qui nous a fait redécouvrir ce personnage historique, ayant commencé comme simple juge pour finir chancelier de l'Impératrice Wu des Zhou? Ou bien par Frédérique Lenormand, puisque l'on voit souvent écrit que si son œuvre est fort sympathique, il est fort difficile de lire les nouvelles enquêtes après avoir goûté à la qualité des écrits de Van Gulik?

La question s'est résolue d'elle même, sur le stand du Point au salon du livre, coupant court à toute cogitation au final bien stérile. En parcourant des yeux les rayonnages; ils ont été arrêté par ce nom que je connaissais bien: toute la série en poche, du numéro 2 au numéro 6... Et je n'ai pu quitter le stand sans la précieuse prose en main, le tome 2 justement... Donc, La Nuit des Juges...

Après avoir passé ses concours littéraires et quelques années aux archives centrales de Chang'An, Ti Jen Tsie est devenu juge dans la petite bourgade côtière de Peng Lai. Or, après quelques enquêtes à son arrivée où il a brillé au plus haut point, il s'ennuie à mourir: il ne traite plus que d'affaires banales qui lui font regretter la capitale.

Jusqu'au jour où il est convoqué à la préfecture, à Pien Fou, avec cinq autres collègue de la région. Le juge Tan, magistrat de la cité est appelé à de plus hautes responsabilités à la capitale, et le préfet doit choisir lequel d'entre aura l'honneur d'être nommé à ce poste convoité. A part Ti, tous les magistrat ont posé leur candidature pour ce poste, et chacun à ses propres qualités: la noblesse, l'âge, l'art poétique, l'érudition, les liens familiaux, le mérite. Mais le lendemain, le juge Tan est retrouvé mort défenestré, et personne ne croit à la thèse de l'accident. Et l'élucidation de cette énigme conduira un des juges sur le siège du défunt. Une rude compétition peut commencer, où tous les coups bas sont permis, des coups bas qui, s'il n'avait pas été intéressé par ce petit travail intellectuel et qu'il n'était pas là sur l'ordre se son supérieur, auraient tôt de faire déguerpir Ti...

Nous voici entraîné dans un petit polar fort sympathique, empreint d'un humour latent que la situation, des petits potentats locaux se tirant dans les pattes, dans un univers somme toute fort sympathique. L'univers est assez bien décrit, même s'il paraît qu'à côté de Van Gulik, ça fait pâle figure. C'est un polar à l'ancienne, très agréable à lire et qui me donne envie de me plonger dans l'œuvre de son prédécesseur avec De l'or sous les Tang.

jeudi 16 avril 2009

Four à Thé de Zhū Xī

Voici un petit poème trouvé dans le dernier article de Cha Dao, dont j'ai eu envie de vous faire part. Peut-être une petite illustration de mes essais de torréfaction?

茶灶 朱熹

仙翁遺石灶
宛在水中央
飲罷方舟去
茶煙裊細香

Four à Thé de Zhū Xī
Traduction en anglais par LAOCHAGUI

Les fourneaux de pierre oubliés par les Immortels
Renversés au milieu du courant

Le thé fini, deux navires y dérivent côte à côte
La fumée du thé, apportant une odeur délicate

lundi 13 avril 2009

Savoure le rouge... Mon amour...

Une petite expérience me tentait depuis un bon bout de temps: comparer quelques maison de thés parisiennes sur le seul domaine où il y a matière à comparaison: les rouges de Chine. C'est vrai, comment peut-on comparer les qualités et les prix lorsque les gammes de prix et les origines sont aussi variées, et différentes d'une maison à l'autre. Mais il y a un domaine où elles se retrouvent toutes assez bien, ce sont ces merveilles chocolatées et maltées du Yunnan, de l'Anhui et de quelques autres contrées que nous aurons la chance de visiter.

Il y aura bien sûr la Maison des trois Thés, indétrônable sommet de mes recherches théinées, qui sera représentée par Zhong He Gong Fu, un rouge du Fujian. Je pourrais aussi parler du Chuan Hong Mao Jian que je connais bien.

Il y aura aussi le Palais des thés, car comme certain le savent, j'y ai quelques entrées, et je trouve que cette année, il y a eu quelques merveilles qui valent le détour. Il sera représenté par les Bourgeons du Yunnan, un classique, et deux Qimen Mao Feng de qualités différentes, l'Impérial et le Xiang Luo.

Ensuite, et il s'agit là d'espionnage industriel, nous verrons ce que peuvent nous proposer deux maison dont la réputation dans ces cercles souffre grandement, afin de voir ce qu'elle peuvent proposer et à quel prix: Mariage Frères sera représenté par les Aiguilles d'or, la Rose de Porcelaine et un Jianxi Impérial. Dammann sera quant à lui représenté par un Qimen Mao Feng...


Je sais, certains diront qu'il manque l'une des grandes maisons parisiennes, et que je lui fais bien peu d'honneur sur ces pages, mais je vous rassure, je compte passer chez Thés de Chine dans les semaines à venir pour leur arrivage de verts primeurs, et je promets de voir avec quoi ils font rimer la couleur du drapeau chinois...

Afin de bien comparer, et de fixer tous les paramètres, j'ai décidé de faire l'essai sur un seul passage de deux thés à chaque fois en parallèle, l'un en set de compétition, l'autre dans un gaiwan de même contenance: 2g de thé pour 4 minutes d'infusion... Les prix sont donnés pour 100 grammes.

Première comparaison: Bourgeons du Yunnan, PdT, 23€ contre Aiguilles d'or, MF, 40€... Commençons par comparer le comparable, deux Yunnan composé uniquement de bourgeons. Première remarque, les feuilles infusées du thé du PdT sont beaucoup plus belles que celles de MF. Les feuilles sont beaucoup mois cassées, les bourgeons sont bien formés, grands et intacts et commencent à s'ouvrir. Au goût, on est dans deux univers assez différents. Alors que les Bourgeons du Yunnan offrent un alliage d'arômes fleuris et chocolatés, les Aiguilles d'or nous offrent des arômes assez pures de ganache au chocolat.

Seconde comparaison, Qimen Mao Feng, Dammann, 13€ contre Rose de Porcelaine, MF, 28€ C'est la comparaison d'un Qimen à un thé du JianXi qui se veut fabriqué comme tel. Il faut savoir que le thé de MF se réclame d'Agriculture Bio: ça ne laisse déjà rien présager de bon, lorsqu'on se targue de faire du bio, c'est généralement pour nous refiler au double/triple du prix un vulgaire thé de base... Bon revenons à nos moutons, le Qimen de Dammann est très fruité, mais il manque cruellement de longueur de rondeur et de complexité. Une fois l'attaque fruitée passée, on reste sur sa faim... Quant à la rose de porcelaine, dès que l'on sent les feuilles sèches, c'est une odeur "off" de fumée qui ressort. A l'infusion, sur un thé un peu agressif, on a des notes de lard fumé qui ne devraient pas être là.. Que dire de plus pour 28€...



Troisième dégustation: JianXi Impérial, MF, 17€ Petite dégustation en solitaire avant de goûter à un monstre: Pas mal ce petit thé, un peu léger en goût, mais un mon mariage du fleuri et du fruité. Pour l'instant des thés de MF et de Dammann, c'est le seul qui m'a convaincu, et pourtant c'est le moins cher...

Quatrième dégustation:
Zhong He Gong Fu, M3T, environ 25€ les 75g (je ne me souviens plus trop bien) et comme adversaire, vue qu'il fallait quelque chose de fort en goût, j'ai décidé de sacrifier un reste de Banna Hong de Yunnan Sourcing, environ 1/3 de bourgeons, 11€ les 250g.

Vous allez me demander si je me fous de la gueule du monde à essayer une telle comparaison, mais elle mérite le détour. Bien sûr, il n'y a rien à voir... Le thé de la M3T dépasse toutes les espérances, surtout face à ce que j'ai essayé auparavant. Rien qu'à l'odeur, on atteint Pen Lai Chang. Après une belle attaque fruitée, on est dans une douceur fleurie chocolatée. il y a tout ce qu'il faut, de la rondeur, de la longueur et de la complexité...

Mais alors pourquoi oser la comparaison à ce Banna Hong de base? Peut-être pour relativiser tous les thés précédents. Même si en un an il a un peu trop vieilli, il faut savoir que je l'ai très mal entreposé, et que l'odeur des feuilles sèches et de la liqueur est très ténue, la bouche est encore très présente: du chocolat et du malt, beaucoup de malt, et une finale épicée bien sympathique. Je pense que des thés dégusté jusqu'à présent, c'est le seul à pouvoir oser la comparaison. Les Yunnan composés uniquement de bourgeons ne sont pas ma tasse de thé, même si c'est bon et fort en goût, ça manquent cruellement de structure et de longueur. Et les autres ne méritent pas les lignes que je leur ait consacré.


Et en final,
la comparaison de deux Qimen du Palais des Thés, le Mao Feng Impérial, 29€ et le Mao Feng Xiang Luo, 43€: Même s'ils sont un peu chers, tous deux sont très bons. Les feuilles du Xiang Luo sont beaucoup plus belles que celles de l'Impérial, et il y a plus de puissance aromatique. Il y a beaucoup de rondeur et de longueur, et une belle palette aromatique. L'Impérial nous offre une dominante fruitée chocolatée, alors que le Xiang Luo nous fait voir des notes puissantes de cacao, de malt et surtout de cuir. C'est pourquoi j'ai une petite préférence pour l'Impérial, malgré la différence de qualité entre les deux, mais chacun ses goûts...



Quelques conclusions s'imposent, non?

Voici une petit panel des rouges de chine de qualité que proposent les grandes maisons parisiennes.

La Maison des Trois Thés reste une référence incontournable. Comparée aux autres maisons de thé, les prix de ses rouges restent dans la moyenne, et quelques discutions avec Gilles sur la qualité du travail de fabrication (maximum 3 récoltes par an, cueillies et transformées à la main à l'ancienne) fait aussi relativiser le prix.

Ensuite viendra le Palais des Thés. Depuis quelques temps, j'y ai vu apparaître des thés de qualité exceptionnelle à un rapport qualité prix très raisonnable. Une belle diversité des grandes références, plusieurs Dian Hong, plusieurs Qimen, un très beau coréen un peu cher il est vrai...

Après tout de suite ça se gâte. Chez Dammann, il n'y a rien de sérieux... Chez Mariage Frères, il y a peu de thés à moins de 40€ les 100g dont je laisserai boire mon pire ennemi, alors mon meilleur ami... Le rapport qualité prix est déplorable, à qualité équivalent, le prix double ou triple...

J'ai hâte de découvrir ce que peut offrir Thés de Chine, car il faut bien que je diversifie mes dealers... Faire de nouvelles expériences originales devient difficile... Des idées?