lundi 19 janvier 2009

Petit détour par l'ancienne Bibliothèque Nationnale de France

Le cent-cinquantième anniversaire des relations franco-japonaises se terminent. Mais si l'art du pays du soleil levant vous intéresse autant que moi, allez passer les portes de l'ancienne bibliothèque nationale, rue Richelieu, près de la Bouse. Pour encore un mois se trouve une des expositions les plus impressionnantes d'estampes d'ukiyo-e que j'ai eu la chance de voir. Des pièces uniques, des pièces que tout le monde connaît, commencez avec moi une petite visite...

En entrant dans l'ancienne salle de lecture Mazarine, au premier étage, on tombe sur des planches d'un des plus grands maîtres : Ando Hiroshige. Et rien que là, je savais que j'avais bien fait de rentrer.


Shunsho, Utamaro, Sharaku, Eiri et Eishi, Utagawa, Morunobu, tous les grands sont là. Et tous les grands thèmes sont présentées sur plus d'une centaine d'estampes:
  • Sumotori, théatre et maisons des plaisirs




  • Beauté féminine, humour et parodie des grands classiques

  • Une sale complète est réservée au shunga, à l'estampe érotique, et si les grecs ont un complexe d'infériorité, les japonnais sont de fieffés vantards (à moins qu'ils aient de très petits bras...) Je suis restés décents dans les estampes choisies, car ces graveurs avaient un sens du d

Mais s'il ne s'agissait que de cela... Devant la crypte, une longue file attend. Si tant de gens sont ainsi attroupés, le précieux sésame à la mains qui leur fera entre le saint des saints, c'est que la Vague est là, et pas que...

Douze des trente-six vues du mont Fuji de Hokusai sont là... Dont en passant, la vue du mont Fuji à partir d'une plantation de théiers...


Sans compter des planches de la Manga, quelques-une des plus belles stations de la route du Tokaïdo, et deux vues du tourbillon de Naruto...





Allez, cherchez la sauterelle...

Alors, si vous aimez la culture japonaise, courrez à la BnF...

mardi 13 janvier 2009

Bonnes résolutions littéraires pour une année qui commence

L'année 2009 a donc bien commencé sous le signe du thé. Il est donc grand temps de reprendre le chemin des librairies et des bibliothèques, ma pile à lire étant à son point le plus bas depuis au moins un an. En effet, la fin de mon challenge ABC a concentré mes lectures de fin d'année sur les quelques entrées manquantes et je n'ai pas pris beaucoup de temps pour la découverte de nouvelles perles littéraires. Je ne recommencerais pas de challenge cette année. J'ai envie de me plonger dans des lectures beaucoup plus personnelles et que le cadre rigide d'une liste pré-établie et règlementée ne permet pas d'intégrer.

Tout d'abord, j'ai envie de refaire un tour complet d'horizon des écrits le grand maître, j'ai nommé Pierre Desproges. J'ai envie de relire les textes que je connais déjà, et de découvrir tout ce que mon trop jeune âge ne m'a pas permis de connaître, tout un programme:
  • La Minute nécessaire de monsieur Cyclopède
  • Les Bons Conseils du professeur Corbiniou
  • Les Réquisitoires du Tribunal des flagrants délires
  • Les Chroniques de la haine ordinaire
  • Manuel du savoir-vivre à l'usage des rustres et des malpolis
  • Vivons heureux en attendant la mort, en cours de lecture
  • Dictionnaire superflu à l'usage de l'élite et des biens nantis
  • Fonds de tiroir
  • Textes de scènes
  • L'Almanach
  • Les étrangers sont nuls
  • La seule certitude que j'ai, c'est d'être dans le doute, déjà lu en ce début d'année, il faudra que j'en parle, bientôt, mais j'ai déjà plein de projets de posts, dont un particulier qui me tient à cœur.
  • Le Petit Reporter
  • Pierre Desproges en BD : Françaises, Français, Belges, Belges, lecteur chéri mon amour
  • Desproges est vivant
J'ai aussi envie de finir la lecture du Chant des Nibelungen, ce texte en ancien allemand qui me tient à cœur, et dont l'incipit trote dans ma tête au pires moments de rêveries interdites. A cerveau obscur, rêveries délirantes...

Pour cette nouvelle année, j'ai pour projet de me lancer dans les aventures du juge Ti, dont Yueyin nous avait parlé l'an dernier et qui m'avait bien tenté. J'ai aussi un certain nombre de séries et d'auteurs sur le feu que j'ai bien envie de suivre:
  • Jannet Evanovitch
  • Erik Orsenna
  • Lillian Jackson Brown
  • Yoko Ogawa
  • Aki Shimazaki
  • Fred Vargas...
Tout un programme pour cette nouvelle année, donc...

Mais avant de finir, je vais vous mettre à contribution. Si quelqu'un connaîtrait des classiques asiatiques sur le thé traduits en français, en anglais ou en allemand autres que les trois grands que l'on retrouve plus ou moins difficilement tout de même dans les bonnes librairies, pourriez-vous me les indiquer? Comme vous avez dû le remarquer, je suis devenu un grand amateur de thé... Et j'adorerais pouvoir partager cette passion avec ma passion des livres.

En passant, je vous conseille de suivre le magazine sur Internet, The Leaf. Le quatrième numéro vient de sortir, et, comme les trois précédent, c'est une mine d'information pour les amateurs de thé qui sont, je le sais, beaucoup à suivre ces lignes. En plus, c'est gratuit et très bien fait! Mais ça, j'en reparlerais très bientôt...

lundi 12 janvier 2009

Torréfaction... Suite

Des nouvelles de mon expérience de torréfaction. J'ai laisser le thé se reposer au frais et au sec pendant huit jours, et hier soir, je l'ai réessayé pour voir ce qu'il était devenu.

Le thé a totalement changé. A l'odeur, les feuilles ont une odeur de pain grillé. Le fleuri des feuilles ressort beaucoup plus qu'avant la torréfaction. Je l'ai fait infuser dans ma petite Long Dan en HongNi que je réserve à mes oolongs roulés. Elle monte assez bien en température, et de part sa forme, les feuilles s'ouvrent à merveille et emplissent totalement la théière dès la seconde infusion.

Dans la théière réchauffée, les feuilles ont une odeur torréfiée et fleurie. La première infusion, assez courte (25 secondes), est assez floue: très fleurie, la torréfaction est là mais sans plus, on est totalement à l'inverse des sensations lors de la première infusion des feuilles juste après torréfaction.

A la seconde torréfaction, ça se gâte. Je reste sur des infusions courtes... Le fleuri et la torréfaction sont bien là, on a une douce sensation sucrée, mais de très fortes notes charbonneuses se dégagent. Assez désagréable. Il va falloir revoir les paramètres de torréfaction. A la troisième infusion, le charbonneux disparaît pour laisser place à une attaque agressive: toujours cette torréfaction trop agressive. En passant, Célia vient de se faire un tour de reins. Est-ce dû a mon thé? Non, elle le couvait depuis un certain temps à porter de lourdes boites pleines de feuilles par ce froid, mais quand même...

A partir de là, ça se calme. Je commence par me rincer la bouche à l'eau. Je reste sur une infusion courte de 30''. Le charbonneux a totalement disparu. L'attaque agressive s'efface progressivement pour disparaître à la cinquième infusion. Le fleuri est bien présent mais n'a plus du tout le côté agressif que ce thé avait avant torréfaction. Des notes caramélisées se dégagent. Le thé est légèrement laiteux en bouche, et un peu salé (des idées de salidou). Des notes fruitées apparaissent. A partir de la cinquième infusion, ces notes fruitées prennent de plus en plus de corps. J'ai rallongé fortement le temps d'infusion, passant de 45'' à 1'30''. Ce sont définitivement des baies, peut-être des mûres ou des framboises. En parallèle, le thé devient de plus en plus minéral, le côté laiteux un peu gras fait place à une liqueur beaucoup plus aqueuse qui glisse tout seul dans la bouche. En parallèle, le fleuri passe en retrait. Cette tendance (minéral, fruité, retrait du fleuri) s'accentue au fil des infusions.

Il est temps de conclure. L'expérience est donc en demi teinte. Les apports du hong pei sont manifestes sur ce thé. Il aurais pu devenir un très bon oolongs si les choses avaient été faites à l'ancienne. Lors du choix du thé chez le fermier, il aurait mieux vallu l'essayer au GFC, même si beaucoup de gens en France ne connaissent rien du tout à cette méthode magique. Une version plus classique aurait surement été préférée. Je garderais les cinq dernier grammes de cette expérience pour voir ce que le thé est devenu d'ici un mois.

Comme le disais maître Lè ():
Torréfier plus longtemps plutôt que de torréfier plus chaud, tu devras.
Je retenterais donc l'expérience, certainement ce weekend ou le weekend prochain. J'essaierais plutôt une torréfaction à 100°C mais pour minimum quatre heures, en suivant les conseils de Stéphane. Je verrais ensuite s'il faut prolonger la torréfaction ou non.

Affaire à suivre!

En passant, petit tour d'horizon des oolongs du Palais des Thés (y ayant mes entrées, j'ai pu faire un tour d'horizon):
  • Les deux Tie Guan Yin: petit thé de tous les jours, à faire uniquement en grande théière
  • Dong Ding: en grande théière aussi, le côté fleuri le rend même assez rafraichissant, éviter le GFC!!!
  • Milky oolong: très bon en grande théière, un bon côté lacté, un peu plat en GFC
  • Gan Men: bon en GFC, fleuri et légèrement torréfié, sur les dernièrs infusions, un goût de fraise se dégage.
  • Je n'ai pas essayé leur Baozhong.

Cet hiver, ils avaient un rocher, un Xiao Hong Pao (épuisé depuis). Pas mal en GFC, mais obligatoirement en infusion "longues", en dessous de 45'' se dégageait un umami assez désopilant pour ce type de thé. Mais une fois la bosse du chameau passé, il est pas mal: fleuri capiteux, gras et long en bouche, bien boisé...

Donc côté oolongs, on peut oublier. Mais les thés noirs sont vraiment pas mal, je conseille tout particulièrement le jukro dont j'ai déjà parlé. Le Qimen mao feng est aussi vraiment bien ainsi que les perles de feu. Côté indien, il faut noter leur Junchiabari Himalayan Tips qui vaut le détour, bien malté, une bonne longueur pour un indien, il me fait assez penser à un thé chinois.

lundi 5 janvier 2009

Torréfaction...

Nous sommes le 5 Janvier 2009: demain, les mages vont visiter l'enfant-roi, et la fin de leur voyage se fera cette année sous un épais manteau blanc, car, ici à Paris, il neige... Reflétée par la fenêtre de mon bureau, ma tasse fume les volutes d'un Tamaryoku Ichibancha, comme pour conjurer le froid sibérien qui nous amène ses étoiles argentées...

Pour bien débuter cette année, j'ai une petite expérience à vous présenter. Il y a quelques temps, Alain nous a proposé une idée similaire, en toastant un thé des rochers dans son grille pain pour essayer de lui donner un petit coup de fouet. Aujourd'hui, c'est à moi de jeter le gant, mais nos armes sont différentes!

Premier essai de torréfaction, hier soir. Sous l'œil dubitatif de mon lapin nain...

Je suis l'heureux propriétaire d'un soit disant Dong Ding. Soit disant... Je ne remets d'aucune manière en doute la provenance de ce thé, il provient bien de la région de Nantou, certainement de Mingjian. L'explosion florale, la rondeur et la longueur en bouche déjà bien sensible, ce thé est d'une belle qualité. Mais le bouquet qu'il nous présente le rend impossible au gong fu cha: géranium et lys, avec une puissance digne d'une essence de fleur, et le géranium, Dieu seul sait combien il a voulu cette essence puissante...

Mais pour moi, un Dong Ding, ce n'est pas que cela. Ce thé est faiblement oxydé (20% d'oxydation) et pas torréfié, juste séché dans le wok... Et c'est à que le bât blesse. Peut-être ai-je été élevé à mauvaise école, pour avoir côtoyé dès mon jeune temps d'amateur de thé les Dong Ding de torréfaction classique de Teamasters. Deux seuls choix se présentaient à moi: le feu ou la terre. Mais il aurait été dommage de rendre ce thé à la terre, dommage pour le fermier qui a élevé ses théiers, et crève coeur pour l'amateur qui sait qu'il pourrait faire quelque chose. Il ne me restait qu'à faire passer à ce thé l'épreuve du feu...

Or, comment torréfier un thé lorsqu'on n'est pas producteur ou maître de thé? Le grille pain? Heureusement, je n'en ai pas, car je trouve cette solution quand même un peu brutale. La poêle? C'est bien cavalier pour un débutant qui ne sait pas où il met les pieds. Je choisi de dorloter ce thé, dans la chaleur douce et bien répartie d'une terrine en grès, dans un four thermostaté pour les essais de température, et me balader sur la pente de la cuisson du sucre avec pour seul appareil de mesure mon nez:
  • Nappé (100°C): le sirop forme une couche mince sur l'écumoire
  • Petit filet (101°C): un petit filet se forme entre les doigts mais ne tient pas
  • Petit perlé (105°C): le filet ne se brise pas ; il se forme de petites perles à la surface du sirop
  • Grand perlé (107°C): il se forme de grosses perles à la surface du sirop
  • Soufflé ou petite plume (109°C): si l'on souffle sur l'écumoire, le sirop se détache en bulles solides
  • Petit boulé (115°C): le sucre roulé entre les doigts forme une boule molle
  • Gros boulé (121°C): la boule de sucre est plus ferme et reste ronde
  • Petit cassé (125-130°C): le sucre se casse net mais colle aux dents
  • Cassé (135-150°C ): le sucre se casse net et ne colle plus aux dents
  • Petit jaune (155°C): le sucre commence à jaunir (il a perdu toute son eau et commence à brûler)
  • Grand jaune (165°C)
  • Caramel (170-180°C)
  • Caramel foncé (180-190°C): il faut arrêter la cuisson, sinon il devient amer.


Après avoir préchauffé la terrine à 100°, j'introduis 15g de thé dans la terrine, pour 15 minutes. Je vérifie à l'odeur toutes les 5 minutes et je remue mélange le thé. L'odeur fleurie reste, mais apparaît une odeur de fenaison sèche. Je décide donc de passer à la température de la petite plume pour une demi heure, en vérifiant le thé et en le remuant toutes les 10 minutes, de peur de le brûler. Une odeur plus gourmande, un peu noisetée se dégage, mais le thé ne se colore pas. Passage au petit cassé pour 30 minutes, même opération, sous le couvercles, des odeurs de pain grillé s'élèvent, mais s'effacent au bout de trente secondes, le thé ne colore toujours pas. Je décide de monter plus haut, entre le petit jaune et le grand jaune pour trente minutes. Des odeurs de torréfaction apparaissent, caramélisées et encore plus gourmandes, les odeurs fleuries ont disparu. Les feuilles sèches ont jauni. Je repasse à 120° pour un petit quart d'heure, puis je laisse le thé refroidir à l'air libre dans la terrine fermée pour qu'il ne reprenne pas trop d'humidité avant de le mettre au frais et au sec.

J'ai essayé le thé hier soir, après avoir attendu quatre heures. Le thé a totalement changé. La première infusion est bien caramélisée et un peu fruitée, assez gourmand, le côté fleuri a totalement disparu. Le côté fleuri réapparaît à partir de la seconde infusion, avec un pic pour la quatrième, puis décroît doucement. En parallèle, les bienfaits de la torréfaction restent très présents (caramel, présence en bouche plus soyeuse) et reprends le pas à la sixième infusion sur le fleuri qui s'est adouci. La torréfaction est toutefois trop fraîche, il y a côté un peu agressif qui devient de plus en plus présent avec les infusions. Le thé mérite de se reposer un peu. Je le réessaierai dans une semaine ou deux, et si les résultats sont concluants, je retenterai certainement l'opération sur le reste du stock. Je monterai certainement plus vite haut en température et je jouerai plus sur la molette entre 140° et 170°C.

Après infusion, les feuilles ont vraiment changé de couleur. Au départ vert bouteille, voire vert sapin, elles ont vraiment jauni. Un très beau résultat au final, alors que je n'étais vraiment pas confient au départ. Après torréfaction, ce thé est vraiment devenu un Dong Ding.