Laissez-moi vous parler du premier bon pu ehr cuit que j'ai jamais bu. En provenance directe de Stéphane, ce thé a été récolté en 1984: autant dire qu'il est aussi vieux que moi... Des bougeons de pu ehr cuit compressés en écus de 10 grammes conservés dans des feuilles de bamboo. Pas de photo du thé, j'en avais commandé qu'un écu pour goûter. Et il ne me restait ce matin qu'un demi-écu. Boire un thé aussi vieux que soi, ça fait réfléchir, rationaliser, on se sent tout petit...
Même une épeire feuille de chêne mâle s'est prise au jeu de mes réflexions matinales et s'est laissé refléter dans la liqueur sombre (cherchez bien!).
Les écus sont uniquement composés de bourgeons très petits, très fins, facilement séparables. Ils sont séparés en deux par une petite vallée (comme un jeton, mais en plus grand) donc facilement sécables.
Les deux essais précédents, j'avais fait infuser un quart d'écus dans mon petit gaïwan. Cette fois-ci j'ai voulus l'essayer dans ma petite théière. En faisant le compte, il me reste un quart d'écu. Les infusions sont relativement longues, minimum deux minute, puis 30 secondes de plus à chaque fois, 6 infusions. La liqueur est très sombre, presque chocolat, très dense, on ne vois pas à travers. Des odeurs de sous-bois après l'orage (bois, écorce, mousse, terre...) s'échappent de la tasse et de la théière vide dont on ouvre le couvercle.
Le thé est très doux, crémeux, rond en bouche. Avec un goût fort de mousse, de racine et d'humus. On retrouve aussi des notes boisées et des rappels forts d'aromates qui se développe au fil des infusions (romarin, laurier): c'est pour cela que j'ai rajouté quelques feuilles sur la photo. Au fur et à mesure des infusions, la couleur s'affadit. De même, le crémeux s'estompe et se transforme en douceur, presque en mielleux.
Avec ce thé, j'ai pu utiliser deux méthodes de préparation: l'une au gaïwan, l'autre dans ma petite Zhuni ancienne. Le gaïwan nous donne un thé très analytique, très précis, on peut bien discerner les différents goûts. Le thé développe aussi des arômes cuirés, les essences d'aromates sont plus doux. Malgré toutes ces qualités, ce thé manque un peu de persistance en bouche; même s'il est rond et crémeux, cette sensation agréable s'estompe rapidement.
L'utilisation de la théière offre un thé un peu différents: on perd un peu en précision, les notes sont moins marquées, la mousse est plus présente, les odeurs cuirées disparaissent, les odeurs d'aromates prennent de plus en plus de présence au fil des infusions et on gagne énormément en crémeux, en rondeur et en longueur.
Ce que j'adore dans ce thé, c'est sa pureté: il n'y a aucune odeur ou goût "off", aucune odeur de champignon, de moisissure ou de fumée. Le goût boisé, c'est de la racine et des aromates méditerranéens, des goûts originaux. Tout ceci en fait un shu doux et très agréable, de très bonne qualité et qui a très bien vieilli. Son caractère est présent mais doux et pas du tout intrusif: Le corps n'est pas extraordinaire, la puissance n'est pas exceptionnel mais grandit un peu avec les aromates.. C'est une force tranquille, une force qui va... (Tiens, tout cela me donne des inspirations hugoliennes, hernaniennes)
Un thé qui est devenu pour moi un référentiel pour juger d'un pu ehr cuit, un point de comparaison pour savoir si l'on a face à soi un thé qui vaut le coup.
Même une épeire feuille de chêne mâle s'est prise au jeu de mes réflexions matinales et s'est laissé refléter dans la liqueur sombre (cherchez bien!).
Les écus sont uniquement composés de bourgeons très petits, très fins, facilement séparables. Ils sont séparés en deux par une petite vallée (comme un jeton, mais en plus grand) donc facilement sécables.
Les deux essais précédents, j'avais fait infuser un quart d'écus dans mon petit gaïwan. Cette fois-ci j'ai voulus l'essayer dans ma petite théière. En faisant le compte, il me reste un quart d'écu. Les infusions sont relativement longues, minimum deux minute, puis 30 secondes de plus à chaque fois, 6 infusions. La liqueur est très sombre, presque chocolat, très dense, on ne vois pas à travers. Des odeurs de sous-bois après l'orage (bois, écorce, mousse, terre...) s'échappent de la tasse et de la théière vide dont on ouvre le couvercle.
Le thé est très doux, crémeux, rond en bouche. Avec un goût fort de mousse, de racine et d'humus. On retrouve aussi des notes boisées et des rappels forts d'aromates qui se développe au fil des infusions (romarin, laurier): c'est pour cela que j'ai rajouté quelques feuilles sur la photo. Au fur et à mesure des infusions, la couleur s'affadit. De même, le crémeux s'estompe et se transforme en douceur, presque en mielleux.
Avec ce thé, j'ai pu utiliser deux méthodes de préparation: l'une au gaïwan, l'autre dans ma petite Zhuni ancienne. Le gaïwan nous donne un thé très analytique, très précis, on peut bien discerner les différents goûts. Le thé développe aussi des arômes cuirés, les essences d'aromates sont plus doux. Malgré toutes ces qualités, ce thé manque un peu de persistance en bouche; même s'il est rond et crémeux, cette sensation agréable s'estompe rapidement.
L'utilisation de la théière offre un thé un peu différents: on perd un peu en précision, les notes sont moins marquées, la mousse est plus présente, les odeurs cuirées disparaissent, les odeurs d'aromates prennent de plus en plus de présence au fil des infusions et on gagne énormément en crémeux, en rondeur et en longueur.
Ce que j'adore dans ce thé, c'est sa pureté: il n'y a aucune odeur ou goût "off", aucune odeur de champignon, de moisissure ou de fumée. Le goût boisé, c'est de la racine et des aromates méditerranéens, des goûts originaux. Tout ceci en fait un shu doux et très agréable, de très bonne qualité et qui a très bien vieilli. Son caractère est présent mais doux et pas du tout intrusif: Le corps n'est pas extraordinaire, la puissance n'est pas exceptionnel mais grandit un peu avec les aromates.. C'est une force tranquille, une force qui va... (Tiens, tout cela me donne des inspirations hugoliennes, hernaniennes)
Un thé qui est devenu pour moi un référentiel pour juger d'un pu ehr cuit, un point de comparaison pour savoir si l'on a face à soi un thé qui vaut le coup.
19 commentaires:
Très bien vu! J'aime bien aussi ta description de l'infusion en zhong par rapport à la théière. Je vois que tu apprends vite! Continue.
Merci Stéphane! C'est vraiment un très bon thé. Tout en finesse!
Il faudra que je pense à t'en reprendre un écu ou deux lors de ma prochaine commande.
Salut.
Sympa ton blog, je l'ai rajouté dans les liens sur mon blog La Galette de Thé
Merci Philippe!
Depuis quelques temps, j'essaie de faire cohabiter mes deux passions sur ce blog: le thé et la lecture. J'ai longtemps hésité avant de parler de thé. Mais grâce à vos commentaires à tous, j'ai l'impression que j'ai réussi a faire quelque chose de pas trop mal, assez équilibré.
He bien moi,ton blog y'm plait bien!et j'y viens de + en + souvent.Pour tes lectures et pour le thé.
Superbe description...il me reste 10 gr de ce thé là et tes paramêtres me tentent bien pour une petite infusion demain matin...
entre 10 et 11 heures.
Je suis bien d'accord avec Stéphane:à pas de géant.
Merci! Merci!
Alain, je pensais que tu avais une aversion pour les pu ehr?
Je n'irais pas jusqu'à dire une aversion mais c'est plutot comme deux personnes qui ont des atomes crochus mais qui n'arrivent pas à sortir ensemble.Je tourne autour du Pu er comme un papillon autour d'une ampoule électrique!
Voilà donc il est 11h30 et j'ai fini "notre" pu er.Et là je dois te remercier parce que tes parametres m'ont dévoillé un tout autre thé.J'ai infusé 1/3 de pièce au set de dégustation (contenance + grande que ton gaïwan,donc 1/3)avec les mêmes paramêtres au départ,mais j'ai forcé un peu les temps d'infusion sur les deux dernières.
Et là ,surprise...un thé très fondu, huileux ,crémeux,avec des parfums de sous bois présents mais pas du tout dérangeants,les infusions trouvent une stabilité dés les 1ières 2 mn.C'est très fondu,très riche assez indéfinissable,tellement fondu.A la tasse à sentir,j'ai trouvé des notes florales-fruitées,de ss-bois,peu de notes champignonesques,quelques notes camphrées aussi,le tout avec un grand équillibre dans les aromes,et surtout une note très marquée de pistache fraiche(très présente aussi en bouche),la liqueur conserve quand même toute sa conversation tout au long des 20mn du temps d'infusion total!Ce thé là peut courir le marathon sans offenser les Grecs anciens.
Je terminerai en vous remerçiant tous les 2;Stéphane(pour nous avoir fourni ce thé)et toi pour me l'avoir fait apprécier...
Heureux qu'il te plaise. C'est vrai qu'il est très agréable, ce thé.
Ce qui m'étonne toujours, c'est comment deux personnes goûtant un même thé peuvent lui trouver des goûts différents. Dans notre cas, ce n'est pas la même dégustation, c'est logique! Les paramètres ne sont jamais identiques. Mais il m'est arrivé qu'à deux autour d'une théière, les avis divergent, parfois même radicalement.
Un oolong que je trouvais un peu fruité semblait à mon amie très fleuri, mais elle n'arrivait pas à décerner les notes de mirabelles dont je lui parlais. Ah, les goûts et les couleurs, ça ne se discute vraiment pas.
pour la mirabelle dois-je te rappeller tes origines alsaciennes?
Je crois qu'on ne peut trouver dans un thé que ce que l'on a en references olfactives.Je crois aussi qu'il s'agit d'un processus de "resurgence mémorielle".
Il y a aussi un autre phénomène intéressant: notre perception des goûts est conditionné par les goûts et les odeurs qui ont été sollicitées précédemment. Un peu comme le fait de boire un verre de vin ou manger un fromage avec certains fruits, épices... nous permet de voir ressortir certaines notes fondues dans la masse.
J'ai en fait l'expérience il y a peu avec mon Dan Cong. J'avais ouvert un bordeaux lors du repas. Un rouge à l'ancienne, pas très fruité mais assez boisé pour que c'est soit étonnant. La soirée s'est terminée autour de mon thé le plus fruité.
Je n'ai pas du tout retrouvé le thé que je connaissais, pourtant les paramètres de préparation étaient identiques à l'habitude. Les fruits de la passion étaient passés au second plan, une note lointaine mais persistante. Mais au premier plan, j'avais quelque chose de caramélisé et de très boisé. Le boisé du vin avait fait ressortir la torréfaction du thé (bien que légère pour les dan cong).
Étonnant non?
L'auteur indique que toute ressemblance avec un leitmotiv de la Minute nécessaire de Monsieur Cyclopède serait bien entendu le fruit du pure hasard et que nulle intention de vouloir spolier l'œuvre du Grand Amateur de Château Figeac (millésime 71) ne peut lui être imputée.
Pour les gouts c'est un peu de proche en proche à moins que ce ne soit de desproges en desproges
Yes!!! le facteur est passé,j'ai encore rien goûté,mais j'ai tout senti,ça promet...
nous sommes samedi matin et je pense très fort a ton porte monnaie à qui tu es méchament en train d'appliqué une séance digne d'un grand inquisiteur.Je m'apprète d'ailleurs à téléphoner à la LDPMAT (ligue de défense desporte-monnaie des amateurs de thé).
J'ai vraiment hâte de connaitre le contenu de tes emplettes...
Finalement, c'est arrivé avant que je passe à la M3T. Pour moi c'est prévu pour cet aprem à 16-17 heures. J'en connais un qui va se faire user jusqu'à la trame très bientôt...
A propos, je sens que ce ne sera pas sa dernière torture à mon porte feuille... Une discution avec scott de Yunnan Sourcing suis son chemin (il a remis la brique de Xiaguan 97 dans sa liste... comment résister!) La suite très certainement avant la fin du Week-end....
j'ai aussi rajouté ton blog : j'aime aussi lire donc je me réjouis d'avance de parcourir tes lectures et impressions.
je garde en mémoire ces notes sur ce pu er ...pour m'orienter lors d'une prochaine commande. merci
Merci Ginko!
As tu goûté les cubes de 1987 de la M3T ? Je viens de tester un demi écu ce matin, et il me font penser (un peu) à ces cubes.
Cependant les cubes sont plus difficiles à préparer et difficilement sécables, on met 5g ! Ces cubes sont en gros moitié prix, et révèlent des arômes intéressants à la fois proches et éloignés. Je retrouve certaines notes, un côté velouté (peut-être mon dosage à 5g / 110 ml ?).
Non, mais tu sais, mes premières escapades à la M3T datent de la fin du printemps... C'est tout jeune en somme! J'ai encore tellement de choses à y découvrir. Et tu me donne envie de découvrir encore une de leur merveilles.
Mais pour l'instant, au niveau des shu, je vais me calmer un peu... J'ai une commande énorme qui est arrivée hier soir de chez YS:
* ma brique Xiaguan 1997 adorée
* 2 mini galettes de Gong Ting de 2005 de 100g chacunes
* 100g d'un melon de Gong ting de 2001
* un sample de Haiwan lao cha tou
* avec en cadeau 30g de Xishuanbanna Hong cha
Si je continue comme ça, mon banquier va m'appeler pour m'engueuler...
Bonjour Soïwatter, je viens de tester en parallèle ces piècettes et les cubes M3T. Les deux sont très bons, c'est ce genre de parfums que j'apprécie particulièrement. Mais pour moi, les cubes M3T sont autrement plus intéressants, et en plus bien plus abordables.
@EDP:Tu m'en avais déjà parlé, et ils me font bien envie. C'est vrai que c'est des goûts que j'aime aussi particulièrement dans un pu ehr cuit. (L'autre c'est le boisé ciré comme dans la brique Xiaguan de 1997... vraiment pas mal! Ça me donne une idée!)
Mais ces écus ont un petit côté sentimental: primo, c'est le premier bon pu ehr que j'ai goûté, et qui m'a fait comprendre à quel point tout ce que j'avais bu auparavant était infecte, deusio, il a mon âge, et ça me fait me sentir tout jeune (non??? pouvoir s'acheter un pu ehr aussi agé que soi sant y passer son salaire, c'est pas mal!!!)
Mais j'ai ces carrés bien gravés dans un coin de ma tête: peut-être pour la prochaine fois que je passerais place Monge?
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