Avant de me remettre à vous parler de lectures plus sérieuses - j'ai plein de commentaires en retard, que je ne sais même plus si j'arriverai à vous parler de tous ces livres - laisser moi vous parler de deux nouvelles de l'entre-deux-guerres bien sympathiques.
En fouinant à la recherche de littérature asiatique chez Gibert Jeune, je suis tombé par hasard sur deux nouvelles anonymes, mais dont les auteurs ne peuvent être que Kafû et Akutagawa -et de nombreuses études littéraires ont été faites sur ces deux bijoux de la littérature érotique japonaise. Pour ceux qui ne le savent pas, ces deux auteurs sont les plus grands de l'ère Meiji - ou plutôt l'ère Taishô qui en est le digne successeur - , une période d'ouverture et d'expansionnisme du japon, d'un retour en force du pouvoir impérial et militaire, de la morale poussée à l'extrême... Des auteurs tellement grands que le principal prix littéraire japonais à pris le nom d'Akutagawa Ryūnosuke Shō.
Ces nouvelles ont été écrite sous des noms d'emprunt, car l'écriture de textes contre le pouvoir en place ou les bonnes moeurs étaient censurées et conduisait les écrivains directement en prison pour plusieurs années. C'est dans ces périodes troubles pour la liberté d'expression que ces nouvelles ont connus des débuts qui à eux seuls pourraient valoir un roman. Mais revenons à ces deux écrits: Le secret de la petite chambre de Kafū Nagai et La fille au chapeau rouge de Akutagawa Ryūnosuke. Tant dans leur histoire que dans leur style, les deux nouvelles sont relativement différentes. Ce qui les rejoint, et qui explique que Piquier les ait regroupée dans un seul recueil, c'est, outre leur histoire et leur période, la magie du verbe qui s'en dégage. Aucune perversion, aucune obsession, rien de graveleux ne transparaît de ces deux écrits. Dans un style assez épuré et très descriptif, encore plus chez Kafû, ces deux écrits tiennent plus du conte érotique que de la nouvelle...
Le secret de la petite chambre.
Dans ce très court conte, 19 pages, Kafû nous conte la première rencontre d'un homme avec une geisha qui deviendra sa femme dans une okiya - une maison de rendez-vous.
Alors qu'il se promenait un jour dans un ancien hanamashi - un quartier des plaisirs, il tombe que une ancienne okiya qui est en vente. Il l'achète aussitôt, sans beaucoup réfléchir. En retapissant une petite pièce de quatre tatamis et demi, il découvre sur le papier des cloisons coulissantes des lignes griffonnées... Dont il nous fait le récit. C'est le récit de sa première nuit avec la geisha et de ses efforts pour rendre la dame folle de lui.
A garder en mémoire en lisant la nouvelle, ce récit tourné, entièrement sur le plaisir des deux sexes, car si le début est uniquement l'histoire d'un homme allant voir une prostituée, il se mue rapidement en une envie de l'homme de tout donner à la femme qui partage sa nuit, nous a été traduit par une femme...
Le roman a été plagié, spolié, censuré, oublié, redécouvert... et l'histoire de ces quelques pages méritent à elles-seules un roman...
La fille au chapeau rouge
La seconde nouvelle nous parvient dans un style totalement différent. Alors que le premier texte nous conte uniquement les ébats de deux personne dans un style totalement descriptif, presque scientifique, la fille... nous raconte une vraie histoire, et dont le sexe n'est qu'une composante. Ici, la rencontre de deux personne est réellement le fil conducteur, et l'attirance et la curiosité du jeune japonnais ajoute énormément à l'érotisme de la nouvelle.
Berlin, juste après la Grande Guerre, le pays est exsangue...Un étudiant japonais faisant ses études à Paris fait un court voyage à Berlin. Il parle français et anglais, mais uniquement une dizaine de mots en allemand, aussi a-t-il du mal à se faire comprendre. Quelle frustration pour un écrivain! A la recherche d'une fille pour passer la nuit, il voit une fille portant un chapeau rouge, visiblement pas une prostituée, à qui il propose une passe contre rémunération. Les deux jeunes gens décident de ce revoir une dernière fois peu après, et bien qu'il la paiera pour une nouvelle nuit avec elle, c'est une vraie forme de relation qui se forme entre eux deux, entre l'impossibilité de communiquer et l'attirance de l'un pour l'autre...
Cette nouvelle nous permet un voyage dans le Berlin de l'entre-deux-guerre, nous fait passer par Bahnhof Zoo à une période où il faisait bon s'y promener et nous montre les difficultés des allemands qui essaient de survivre difficilement à la plus grande crise de leur Histoire...
Cette nouvelle était parue dans les pages d'un groupe de pensée regroupant les plus grands penseurs japonais de l'entre-deux qui essayaient de parler librement et de réfléchir à l'amour et au sexe dans une période où tout cela était censuré, regroupant des écrivains, des médecins, des penseurs... Ce récit est un hommage à la jeune fille, écrit de retour au pays - on ne sait pas bien si Akutagawa n'a pas réellement vécu cette anecdote, les faits collent avec la vie de l'écrivain - mais on sent dans la plume à véritable plaisir de nous faire partager et de ce remémorer cette histoire... Et pour le lecteur, c'est un véritable plaisir de partager avec l'auteur ces moments.
Peinture de Augustin Zwiller - portait de trois quart de femme en rouge - Musée d'Altkirch
En fouinant à la recherche de littérature asiatique chez Gibert Jeune, je suis tombé par hasard sur deux nouvelles anonymes, mais dont les auteurs ne peuvent être que Kafû et Akutagawa -et de nombreuses études littéraires ont été faites sur ces deux bijoux de la littérature érotique japonaise. Pour ceux qui ne le savent pas, ces deux auteurs sont les plus grands de l'ère Meiji - ou plutôt l'ère Taishô qui en est le digne successeur - , une période d'ouverture et d'expansionnisme du japon, d'un retour en force du pouvoir impérial et militaire, de la morale poussée à l'extrême... Des auteurs tellement grands que le principal prix littéraire japonais à pris le nom d'Akutagawa Ryūnosuke Shō.
Ces nouvelles ont été écrite sous des noms d'emprunt, car l'écriture de textes contre le pouvoir en place ou les bonnes moeurs étaient censurées et conduisait les écrivains directement en prison pour plusieurs années. C'est dans ces périodes troubles pour la liberté d'expression que ces nouvelles ont connus des débuts qui à eux seuls pourraient valoir un roman. Mais revenons à ces deux écrits: Le secret de la petite chambre de Kafū Nagai et La fille au chapeau rouge de Akutagawa Ryūnosuke. Tant dans leur histoire que dans leur style, les deux nouvelles sont relativement différentes. Ce qui les rejoint, et qui explique que Piquier les ait regroupée dans un seul recueil, c'est, outre leur histoire et leur période, la magie du verbe qui s'en dégage. Aucune perversion, aucune obsession, rien de graveleux ne transparaît de ces deux écrits. Dans un style assez épuré et très descriptif, encore plus chez Kafû, ces deux écrits tiennent plus du conte érotique que de la nouvelle...
Le secret de la petite chambre.
Dans ce très court conte, 19 pages, Kafû nous conte la première rencontre d'un homme avec une geisha qui deviendra sa femme dans une okiya - une maison de rendez-vous.
Alors qu'il se promenait un jour dans un ancien hanamashi - un quartier des plaisirs, il tombe que une ancienne okiya qui est en vente. Il l'achète aussitôt, sans beaucoup réfléchir. En retapissant une petite pièce de quatre tatamis et demi, il découvre sur le papier des cloisons coulissantes des lignes griffonnées... Dont il nous fait le récit. C'est le récit de sa première nuit avec la geisha et de ses efforts pour rendre la dame folle de lui.
A garder en mémoire en lisant la nouvelle, ce récit tourné, entièrement sur le plaisir des deux sexes, car si le début est uniquement l'histoire d'un homme allant voir une prostituée, il se mue rapidement en une envie de l'homme de tout donner à la femme qui partage sa nuit, nous a été traduit par une femme...
Le roman a été plagié, spolié, censuré, oublié, redécouvert... et l'histoire de ces quelques pages méritent à elles-seules un roman...
La fille au chapeau rouge
La seconde nouvelle nous parvient dans un style totalement différent. Alors que le premier texte nous conte uniquement les ébats de deux personne dans un style totalement descriptif, presque scientifique, la fille... nous raconte une vraie histoire, et dont le sexe n'est qu'une composante. Ici, la rencontre de deux personne est réellement le fil conducteur, et l'attirance et la curiosité du jeune japonnais ajoute énormément à l'érotisme de la nouvelle.
Berlin, juste après la Grande Guerre, le pays est exsangue...Un étudiant japonais faisant ses études à Paris fait un court voyage à Berlin. Il parle français et anglais, mais uniquement une dizaine de mots en allemand, aussi a-t-il du mal à se faire comprendre. Quelle frustration pour un écrivain! A la recherche d'une fille pour passer la nuit, il voit une fille portant un chapeau rouge, visiblement pas une prostituée, à qui il propose une passe contre rémunération. Les deux jeunes gens décident de ce revoir une dernière fois peu après, et bien qu'il la paiera pour une nouvelle nuit avec elle, c'est une vraie forme de relation qui se forme entre eux deux, entre l'impossibilité de communiquer et l'attirance de l'un pour l'autre...
Cette nouvelle nous permet un voyage dans le Berlin de l'entre-deux-guerre, nous fait passer par Bahnhof Zoo à une période où il faisait bon s'y promener et nous montre les difficultés des allemands qui essaient de survivre difficilement à la plus grande crise de leur Histoire...
Cette nouvelle était parue dans les pages d'un groupe de pensée regroupant les plus grands penseurs japonais de l'entre-deux qui essayaient de parler librement et de réfléchir à l'amour et au sexe dans une période où tout cela était censuré, regroupant des écrivains, des médecins, des penseurs... Ce récit est un hommage à la jeune fille, écrit de retour au pays - on ne sait pas bien si Akutagawa n'a pas réellement vécu cette anecdote, les faits collent avec la vie de l'écrivain - mais on sent dans la plume à véritable plaisir de nous faire partager et de ce remémorer cette histoire... Et pour le lecteur, c'est un véritable plaisir de partager avec l'auteur ces moments.
Peinture de Augustin Zwiller - portait de trois quart de femme en rouge - Musée d'Altkirch
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