Ma cure d'Ogawa continue. Il faudra que je passe un de ces quatre en bibliothèque pour faire renouveler mon ordonnance... Peut-être la formule préférée du professeur? Mercredi soir, j'avais fini La Grossesse... J'ai mis du temps à écrire ce post. Mais peut-être est-ce mieux... D'y repenser à tête reposée...
Histoire :
Depuis le début de la grossesse de sa sœur, la narratrice consigne dans un journal les moindres transformations physiques de la future mère. Et quand celle-ci, passé la période des nausées, retrouve un appétit vorace, elle s'empresse de lui préparer des marmelades de pamplemousses, dont elle la régale et la gave à plaisir. Peu à peu la peau, peut-être toxique, et la chair des fruits viennent se mêler, dans son esprit, à l'effervescence mystérieuse du mystère de la gestation.
Commentaire :
J'ai donc continué ma cure d'Ogawa par "La Grossesse". C'est un livre très dérangeant qui nous entraine dans une atmosphère mièvre et malsaine, presque morbide. Comme dans de nombreux livres d'Ogawa, au fil des pages, une espèce de malaise prend le lecteur, qui ne disparaît pas avant la dernière page.
Dans ce livre, deux aspects sont traités. Tout d'abord le rapport à la nouriture, ce qui d'après moi est le point le plus important du livre. C'est par l'aversion pour toute odeur due aux nausées du début de grossesse, puis par la boulimie une fois les nausées passées et l'engraissement rapide (c'est vraiement le mot juste qui vient à l'esprit lorsqu'on lit le livre) que l'auteur nous dévoile les névroses d'une femme enceinte dépressive.
Le second aspect morbide se situe dans la description par la naratrice de la grossesse. Avec d'un côté la dépression prénatale de la femme enceinte et de l'autre l'incompréhension de la situation d'une fille dont les parents sont morts trop jeunes, élevée par sa soeur, mais qui ne semble pas avoir reçu les clefs pour apréhender sa féminité et le désir maternel, et qui maintenant semble un peu de trop dans cette nouvelle famille qui se construit, Ogawa nous dépeint une fresque morbide de l'attente d'un enfant.
Comme toujours, Ogawa pousse son récit jusqu'à l'obsession, au désordre mental. Car c'est un lien familial trop exagéré entre une jeune fillé et sa soeur enceinte qui nous est proposé par l'auteur. Elle maintient le propos entre ironie et cruauté, entre jalousie et dévouement, au bord d'un abîme où la vie menace d'engendrer la mort.
Nous avons longtemps discuté de cette nouvelle avec Loutarwen. Certes, pour tous les deux, cette nouvelle n'est de loin pas la meilleure d'Ogawa, même si elle a remporté en 1991 le prestigieux prix Akutagawa qui récompense les nouvelles et romans courts japonais. Mais je n'aurais pas un avis aussi négatif qu'elle sur cette nouvelle. Nous n'avons pas ressenti ni surligné les mêmes choses... Mais peut-être est-ce logique qu'on ait pas le même rapport à la grossesse? Alors à vous de juger...
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