mardi 8 janvier 2008

Vita Brevis : Jostein Gaarder

traduction du titre : la vie est courte

Description :
Dans une librairie de Buenos Aires, une liasse de feuillets manuscrits très anciens est découverte. Il s'agit d'une longue lettre d'une certaine Floria Emilia, adressée à Aurèle Augustin (l'auteur des Confessions). Floria, qui vécut avec Saint Augustin une véritable passion, fut finalement rejetée par ce dernier. Et l'amante révoquée ne sait comment reconquérir celui qu'elle aime : ma rivale n'était pas une autre femme et je ne pouvais pas la voir, elle était un concept philosophique... Elle était la rivale de toutes les femmes, l'ange de mort de l'amour. Jostein Gaarder, l'auteur du Monde de Sophie, nous livre ici un portrait de Saint Augustin, étayé par des passages des Confessions, où le célèbre philosophe n'a pas forcément le beau rôle...

Commentaire :
Un livre qui me tentait bien, surtout que j'avais quelques critiques relativement élogieuses à son sujet. Et rentrer un peu dans la philosophie de Saint-Augustin, pourquoi pas? Surtout que Jostein Gaarder veut faire de ses romans des contes philosophiques. Et pourtant une grande déception...

C'est la lettre d'une femme en colère: en colère d'avoir été rejetée, en colère d'avoir dû abandonner son fils, qui est mort sans qu'elle ait pu le revoir, en colère de voir que dans ses Confession, Aurèle Augustin répudie tout ce qu'ils ont été l'un pour l'autre pour se dédier à une vie d'ascèse et de condamnation de tout ce qui peut être charnel, pas seulement l'amour d'une femme, mais aussi la nourriture, la boisson, et tous ses sens (ouïe, odorat, toucher, goût, vue). C'est écrit comme la lettre d'une femme en colère, avec les mêmes maladresses, le même vocable... Jusque là, rien qui ne puisse justifier une telle déception littéraire. C'est du Jostein Gaarder même si ça se veut la traduction d'un écrit qui aurait réellement existé, d'une lettre de Floria à Aurèle ou bien un récit apocryphe écrit dans un monastère sud-américain. Ca se lit vite (en une soirée), c'est bien écrit...

Et pourtant ce livre est incongru. Ce qui est incongru c'est qu'elle n'attaque pas son ancien amant sur ses erreurs, sur sa vie, sur ses choix... C'est sur sa philosophie qu'elle va l'attaquer. D'où un profond décalage entre la forme et le fond... Dommage...

9 commentaires:

Loutarwen a dit…

Je n'ai pas du tout aimé Le monde de Sophie et vu que tu n'aimes pas ce livre-là non plus, je sens que pour moi Jostein Gaader c'est fini...

Soïwatter a dit…

C'est vrai que j'ai été déçu par ce livre. Pourtant j'avais relativement bien aimé le monde de sophie dans la présentation historique qui avait été faite de la philosophie.
Je ne pense pas que ça valait la peine de faire un livre d'une lettre aussi mal rédigée. Mais je réessaierais certainement un livre de Gaarder à l'occasion... Pour ne pas rester sur une vision aussi mauvaise.

Aphonsine a dit…

L'idée d'utiliser le roman pour donner un accès plus facile à la philosophie et à la pensée est pourtant intéressante ... Dommage tout de même, il est vrai que si le décalage est trop fort, qu'il n'y a aucune vraisemblance, ça doit être assez gênant et apparaître comme assez gratuit ... Je me renseignerai tout de même sur les autres ouvrages de cet auteur : j'avais plutôt bien aimé le monde de Sophie. =)

Soïwatter a dit…

J'avais aussi bien aimé le Monde de Sophie. Mais Vita Brevis sonne faux, trop faux, à un point que ça en est lassant. Dommage! L'écriture est agréable.

Praline a dit…

Je garde un bon souvenir de ce livre et j'avais trouvé qu'il collait pas mal aux Confessions du "pur" Augustin (ce qu'il a pu m'agacer parfois!)

Anonyme a dit…

Je l'avais bien aimé ce livre moi...je n'ai pas souvenir de l'avoir ressenti comme mal écrit et j'ai trouvé qu'il soulignait fort bien les excès de la pensée augustinienne. Cette conversion drastique limite pathologique. Il faut dire que comme Praline, j'ai toujours trouvé Augustin euh...très agaçant

Soïwatter a dit…

@ Praline et Yueyin : C'est vrai que saint Augustin est enervant.

C'est pas que le livre est mal écrit : je l'ai lu en une nuit et je voulais savoir où elle voulait en venir. Personnellement, c'est la manière dont le point de vue était présenté qui m'a beaucoup dérangé et que j'ai trouvé incongru.

Prune a dit…

Je viens de lire le livre : il est en effet très facile à lire, mais je le trouve fascinant ! Je trouve très intéressante l'idée de faire enfin connaitre la concubine de Saint Augustin. Même si rien ne prouve son authenticité, cette lettre me parait être réelle. Maintenant, je ne vais pas nier le fait que le roman (si je puis l'appeler ainsi) soit frustrant à souhait, étant donné qu'on ne sait même pas si saint Augustin a lu la lettre, ce qu'est advenu de Floria etc... mais l'auteur n'y est pour rien ! Selon moi, son rôle fut essentiellement de traduire une lettre et si Floria est un personnage qui ne fascine pas certains, ce n'est en aucun cas à cause de l'auteur.

Hajar a dit…

Je suis une passionnée de Gaarder jusqu'au bout des ongles, sans doute parce que nous nous ressemblons tellement et que chacun de ses mots de chacun de ses livres me laisse émerveillée et interdite.

Celui-ci est le seul livre que je n'ai pas encore lu de Gaarder, c'est pour quoi je cherchais le synopsis sur le net et puis voilà je suis tombée sur cet article.

Dès la lecture du synopsis j'étais déjà partie dans mes "Ce n'est pas possiiiiible!!!!" Il a cet effet sur moi, il va poser le doigt à chaque fois sur le point le plus sensible de ma vie et je comprends que ce ne soit pas le cas pour tout le monde.

Si j'ai réagi à cet article c'est pour dire que les oeuvres de Gaarder sont magnifiques lorsqu'on est un enfant rêveur, émerveillé par la vie, philosophe et passionné to the bones !