dimanche 20 décembre 2009

Da Hong Pao - Palais ds Thés - 2009

Quelques nouvelles du Palais des thés, avec l'arrivée il y a un petit mois d'une grande robe rouge.

On continue avec cette volonté depuis quelques temps de proposer quelques oolongs de qualité dans leur haut de gamme... Avec déjà un Gao Shan Cha et un Bao Zhong... excellents mais avec un gros problème d'esthétique (un gros côté Hong Shui)

Ce que je n'avais pas trop apprécié dans les précédents oolongs, c'est que pour des premières arrivées dans le haut de gamme, ils auraient pû rester dans le classique: ce n'est pas comme s'il y avait tout une gamme pour passer progressivement des classiques aux originaux...

Mais cette fois-ci, ça vaut vraiment le coup: le thé est très équilibré. Toute l'esthétique classique des Da Hong Pao est respectée.

Et pour un prix raisonnable pour un DHP, (environ 0,5€ par gramme) on a quelque-chose d'intéressant On a une grande complexité. Du fleuri, du miellée, du fruité, avec cette dominante de prunes de raisins et de poires compotées. On a aussi une belle note boisée cirée qui évolue au fil du temps en thym et menthe...

L'oxidation est assez bien maîtrisée, laissant les notes boisées s'exprimer sans perdereen fleuri et en fruité. La torréfaction est pas trop mal maitrisé. elle n'est pas trop poussé, comme le veut un DHP, et il offre une belle structure en bouche. Avec juste un peu plus de torréfaction, et quelques mois supplémentaires pour que le thé se fasse, je pense que ça pourrait donner quelque chose d'encore plus intéressant.


On a une belle tenue en bouche, une belle rondeur et une belle longueur. On a aussi une belle minéralité tout au long des très nombreuses infusions, je suis allé jusqu'à plus d'une quinzaine...

C'est une belle réussite pour le palais des thés. ils avaient trouvées de très beau rouges de chine, en particulier des Qimen. Voici un très bel oolongs. J'espère que dans les prochaines années, il nous proposerons encore des thés d'une aussi belle qualité!

jeudi 17 décembre 2009

La Couette de l'oubli

Voilà un livre que je désirais lire depuis un bon bout de temps... J'ai découvert Pen Of Chaos (John Lang) et son Donjon de Naheulbeuk il y a maintenant pas mal d'année, à son tout début...

Sept ans si ma mémoire est bonne, du temps du début de la première saison du Donjon de Naheulbeuk, cette saga MP3 par qui tout commença: une révélation, et je n'en démord pas depuis.

Un saga MP3, mais qu'est-ce que c'est?

Tout est parti d'un délire de rôliste que John Lang a enregistré comme un feuilleton audio-phonique et le diffuser librement sur Internet. Les influences pérussiennes sont nettement visibles, mais c'est surtout une parodie de quête rôlistique totalement loufoque.

C'est devenu un genre en soi.

J'ai découvert d'autres Saga MP3, mais peu qui puissent rivaliser avec celle-ci (une en fait, mais c'est une autre histoire, que je vous raconterais peut-être). La plupart des œuvres que POC a sucité suivent cette même veine, dans des univers différents.


Dis moi, Soïwatter, mais qu'est-ce que le Donjon de Naheulbeuk?

Sur la Terre de Fangh, un monde médiévalo-rôlistique, une compagnie d'aventuriers est mandée par le mage Gontran Théogal pour dérober dans le donjon de Naheulbeuk une statuette permettant l'accomplissement d'une prophétie. La compagnie est composé d'un ranger, d'une elfe, d'une magotte, d'un nain d'un barbare, d'un voleur et d'un ogre... Tout ce qu'il faut pour la situation dégénère au plus vite. Pour le teaser de la première saison, voir ici...

Depuis, il y a eu une seconde saison, des BD, et deux livres, dont voici le premier... Le livre correspond à la troisième saison du donjon de Naheulbeuk. Il est nécessaire d'avoir suivi les deux premières saisons (saga MP3 ou BD en découlant) pour comprendre les imprécations complexes (hum!hum!) qui se sont formées.

En résumé

Les aventuriers se sont fait berner par le mage Théogal: la statue sert en fait à plonger la terre de Fangh dans l'abîme suite au retour de Dlul, dieu du sommeil et de l'ennui... Comme s'ils ne pouvaient pas se douter qu'une prophétie n'annonce jamais rien de bon... En plus, ils se sont fait taxer une grosse partie de leurs gains par diverses confréries et administrations.
Mais le retour de Dlul n'enchante personne (ou presque)... Ils se retrouvent avec toute la Terre de Fangh à leur trousse: assassins, membres de autres cultes, et tous les aventuriers qui y voient une occasion de se faire des points d'expérience...
Une seule solution, retrouver le Mage etrécupérer les statuettes tant qu'il est encore temps...

Mon avis:

J'ai adoré retrouver la compagnie et suivre la suite de leurs aventures. Et j'attends avec impatience la suite de leur périple. L'univers est resté le même, l'humour aussi, ils sont toujours aussi pitoyables, même s'ils ne sont plus de niveau 1. Avoir une telle chance: heureusement qu'ils ne sont pas casés, sinon, c'est sûr, ils auraient des cornes...
Par rapport à la saison 2, qui, je sais, a déçu quelques uns (pas moi), on retrouve des bases rôlistique plus solides et plus marquées, comme dans la saison 1, peut-être même plus que la saison 1.

Commençons par les points négatifs, comme ça se sera fait...

On sent bien que c'est le premier roman publié de POC: dans les premières pages, l'écriture est maladroite, mais ça s'améliore grandement au fur et à mesure du roman, pour atteindre au tiers du roman une vrai plume de roman d'heroïc-fantasy... enfin de pathetic-fantasy (genre dans lequel POC excelle...)
J'aurais aussi aimé que la chute soit un peu moins abrupte. Ça n'ôte rien à sa qualité, la fin est par certains aspects inattendue (bien sûr on sait où on va car la trame est bien construite...) Mais j'aurais aimé que le dénouement ne se cantonne pas à une trentaine de pages alors que le roman en fait plus de 300..

A part ces quelques points, j'ai adoré. Au départ j'étais sceptique sur le passage au roman. Le format de la Saga MP3 est déjà assez riche et permet des effets que le roman ne peut pas. Mais le tout est vraiment réussi. Le roman apporte vraiment quelque-chose. Le synopsis est plus travaillé. On est plus dans la successions d'évènements burlesque, on a une trame bien construite, même si ça reste une farce. En plus, le roman permet d'avoir une vraie narration, et les personnages sont plus complexes. Enfin complexe: ça reste la même équipe de baltringues inexpérimentés et débiles, mais leurs portraits sont plus fouillés. Le roman permet aussi de faire des apartés montrant les pensées des différents protagonistes.

C'est une vraie réussite, et je pense que le roman suivant (l'Orbe de Xaraz) sera encore mieux maîtrisé, vu la progression de la qualité du roman au fil des pages.

J'ai hâte de le lire!

mardi 15 décembre 2009

Dernieres nouvelles de l'Homme...

L’homme serait un roseau pensant. Disons plutôt un roseau pensif.Ou même songeur… Disons un salsifis songeur.Car la pensée paraît tout de même plus dense que les produits de la cervelle humaine et le roseau est plus racé que l’homme.

Soyons sincères : l’homme est un champignon rêveur, un concombre qui a des visions, un salsifis qui souffre de marottes.


Alexandre Vialatte

lundi 14 décembre 2009

Taxonomie

Un texte de Borges cite une certaine encyclopédie chinoise appelée "Empire Celeste du Savoir Eclairé" où il est écrit que les animaux se divisent en :
a) appartenant à l’Empereur,
b) embaumés,
c) apprivoisés,
d) cochons de lait,
e) sirènes,
f) fabuleux,
g) chiens en liberté,
h) inclus dans la présente classification,
i) qui s’agitent comme des fous,
j) innombrables,
k) dessinés avec un pinceau très fin en poils de chameau,
l) et cætera,
m) qui viennent de casser la cruche,
n) qui de loin semblent des mouches.

A méditer...

vendredi 4 décembre 2009

D'une année sur l'autre

Mon dernier passage chez Thés de Chine date maintenant de tout juste deux semaines, mais je sens que je vais bientôt y repasser... peut-être pas plus tard que ce soir.

C'était un de ces passages nécessaire de réapprovisionnement bimensuel. J'ai la chance de vivre avec quelqu'un dont la consommation de thés rouges de la rue Saint Germain pourrait presque, à elle seule, faire tourner cette maison dont la qualité des thés, et encore plus l'accueil chaleureux, ne sont plus à vanter...

Les nouveaux oolongs de l'Anxi étaient encore en transit; pourtant j'attendais depuis un bon bout temps l'arrivée du Guan Yin Wang. Cette année, Vivien a réussi à obtenir une récolte de 1,2kg, récolte effectués sur une seule journée... Je ne me souviens plus de la date exacte.

Pour me garder en haleine, j'ai reçu en cadeau 10g de son nouveau Tie Guan Yin, du même producteur, récolté sur une semaine fin octobre. De quoi faire une petite comparaison avec sa récolte de l'an dernier, dont il me reste 25g.



J'ai donc pu faire deux test avec les feuilles à ma disposition: un en zhong, et l'autre en théière. Les deux test valent le coup, car ils révèlent une personnalité tout a fait différente du thé...



A l'aspect des feuilles, on voit bien que la récolte de l'an dernier a déjà vieilli. Les feuilles se sont assombries et sont beaucoup plus ternes. La nouvelle récolte est quant à elle d'un vert éclatant, très luisant. Dans chaque récolte, les tiges ont été coupées très court, trop court peut-être même, mais c'est devenu l'habitude en Anxi. Le thé a tout de même une très belle structure.
Ce vert beaucoup plus prononcé est aussi le signe d'une oxydation plus légère, et ça se confirme aux infusions.



Donc deux types d'infusions, commençons par le gaiwan:
La liqueur est caractéristique de fleurs blanches pour les deux thés.
Celle de la récolte 2008 est beaucoup plus captieuse. On commence à sentir les signes de l'âge: le thés commence à devenir herbeux, plus rêche sur la langue et dans la gorge qu'il y a encore quelques mois. Ça reste un très bon thé. La liqueur est aussi très sucrée.

La récolte 2009 est assez différente. Au nez, c'est fleuri, très fleuri... à en embaumer toute la pièce... Alors qu'on avait un plein de notes fleuries fondues dans la précédente récolte, là, on a des pôles fleuris bien plus distincts, plus clairs, identifiables si mon nez était mieux habitué aux fleurs. La liqueur est très fraîche, un peu moins sucrée, mais avec une note assez inhabituelle: un for pôle marin, vous savez, cette note pelure de melon que l'on retrouve dans les verts. M'est avis que l'oxydation a été plus courte...
Puis passons à la théière:
Pour l'ancienne récolte pas de surprise, très peu de différences avec le gaiwan.

La nouvelle récolte, c'est autre chose: le pôle marin s'est beaucoup estompé. Et l'une des note florale explose, on est face à un bouquet de jasmin fraîchement coupé... On a beaucoup de matière: c'est assez intéressant. Sans être un thé très complexe, on a un thé qui vaut le coup.
Je suis assez étonné par ce changement de comportement assez impressionnant entre la porcelaine et la terre...
Pour l'instant ce ne sera pas un achat, j'ai encore une petite réserve de TGY, et ce sont des thés qui se consomment frais. Je préfère me garder pour le Guan Yin Wang. Mais peut-être dans quelques mois, j'y songerais un peu plus sérieusement...

lundi 12 octobre 2009

Eclipse de flamme

Salut ! bois couronnés d’un reste de verdure !
Feuillages jaunissants sur les gazons épars !
Salut, derniers beaux jours; Le deuil de la nature
Convient à la douleur et plaît à mes regards.

Je suis d’un pas rêveur le sentier solitaire ;
J’aime à revoir encor, pour la dernière fois,
Ce soleil pâlissant, dont la faible lumière
Perce à peine à mes pieds l’obscurité des bois.

Oui, dans ces jours d’automne où la nature expire,
À ses regards voilés je trouve plus d’attraits :
C’est l’adieu d’un ami, c’est le dernier sourire
Des lèvres que la mort va fermer pour jamais. [...]

Terre, soleil, vallons, belle et douce nature,
Je vous dois une larme aux bords de mon tombeau !
L’air est si parfumé ! la lumière est si pure !
Aux regards d’un mourant le soleil est si beau !

Je voudrais maintenant vider jusqu’à la lie
Ce calice mêlé de nectar et de fiel :
Au fond de cette coupe où je buvais la vie,
Peut-être restait-il une goutte de miel ! [...]

Alphonse de Lamartine,
L'Automne

Le soleil noir d'octobre n'ose darder ses traits tiédis, et déjà sonne le glas des aurores d'été.

Bientôt, malgré ma constitution sibérienne, il faudra me faire raison, et abandonner ces instants magiques où les premiers rayons tout sucrés d'une aube estivale accompagnait mon éveil au sortir d'une nuit sans sommeil: des instants solitaires où je sourdais de la torpeur nocturne, au milieu de la nature ouvrant l'oeil, offrant les volutes d'un thé au jardin secret au pied de mon balcon.

Depuis quelques jours, la flamme avait remplacé les traits solaires pour lueur matinale, et bientôt les brumes glacées d'un triste novembre devront me résigner à abandonner la fraîcheur d'une ville qui s'éveille pour la chaleur moelleuse d'un intérieur parisien. Les odeurs de sous-bois de ce pu-ehr du matin se mêle à la terre humide et aux feuilles d'automne

Et comme pour figer ce dernier instant, cette flamme de bougie matinal m'a offert un spectacle magnifique, l'éclipse de sa flamme par le bouton de ma théière...





dimanche 23 août 2009

Au ban l'horrible vieux vert...

Le monde du thé véhicule une certain un certain nombre de poncifs qui ont la vie dure. Combien de fois avons-nous entendu que les sheng ne valent rien avant une vingtaine d'année, que le thé en vrac n'est apparu que sous la dynastie Ming, de même que les théières, que sous le Song Dai, on ne buvait que du MoCha (macha)?

Combien de fois avons nous entendu que les thé verts ne se conservaient pas plus de six mois? Et que les thés verts ne s'infusent qu'à 75°C, sous peine d'avoir une liqueur d'une astringence inhumaine...

La première fois que j'ai essayé de tordre le cou à cette idée bien ancrée, ce fut avec un reste de mon premier primeur, un Liu An Gua Pian, dont j'avais oublié un fond de paquet il y a 5 ans, et que je regoûte à l'occasion pour voir ce qu'il devient... Autant vous dire que je ne l'ai pas jeté ce fond de paquet-là!

La seconde fois, c'était il y a quelques semaines, lors du passage à Paris de Stéphane, où nous avons organisé un petit Cha Xi aux alentours du Jardin d'Acclimatation, avec un Xi Hu Long Jing que lui avais offert Chih Jung Sien.

Et jamais deux sans trois, je voulais retenter l'expérience, avec un autre thé ver que je garde depuis maintenant deux ans et demi: un Yong Xi Huo Qing de 2007 (PdT). C'est dire si j'ai choisi le thé le plus commode et le plus difficile à louper. Très vert à l'origine, il développe naturellement une fine astringence qui ne pardonne pas les eaux trop chaudes. Mais il faut de l'audace lorsqu'on décide de faire de telles expériences.

Pour pousser l'audace, j'ai choisi ma théière réservée aux (jeunes) sheng, et de l'eau déjà bien ouverte (environ 90°C). J'ai aussi choisi comme bateau à thé ma nouvelle assiette ancienne en porcelaine de Cizhou (j'ai aussi trouvé un encensoir apparié qui me sert de Za Fang). Et pour l'ambience, j'ai décidé de faire résonner sur mon balcon les concerti pour Violoncelle de Bach...

Je sais, ça frise l'hérésie, un horrible vieux vert, une eau bien trop chaude, une théière en terre: l'horreur est assurée... C'est un remède de choc pour anesthésier des papilles... Non?

Eh bien, que nenni!

Le thé dans son sachet hermétique sens encore très bon. Malgré son grand âge - plus de deux ans - on sent encore les puissantes notes verts qui lui donne son nom (Feu Vert du Yong Xi). On sent aussi plus qu'avant des notes de torréfactions, et une belle présence iodée.

Dans la liqueur cette note iodée prend toute son importance, donnant des idées de pelure de concombre ou de melon. C'est une note que j'ai l'habitude de retrouver dans les très jeunes sheng. Et je pense que la comparaison est bonne, tant ce thé me fait penser à ces jeunes pu ehr... Le thé est très doux; malgré la température, l'astringence reste très subtile et réhausse en douceur la rondeur du thé.

Le côté herbe fraiche de son enfance ont disparu, mais des notes fleuries se font sentir en pointillé. Comme pour mes essais avec le Gua Pian, des sensations épicées se font sentir une espèce de piquant poivré bien agréable...

Il m'aura donné huit belles infusions, allant du concombre poivré au melon d'eau au miel...

Moi, je suis convaincu: on peu garder un thé vert, alors, s'il vous reste des fonds de sachets, et que votre nez vous dit qu'il y a encore de la matière, avant de les jeter, essayez de les faire vieillir, une surprise sera peut-être au rendez-vous...

Attention, je ne dis pas que tous les verts, même très bons, vont bien se garder, j'en jette en fin de chaque saison....

lundi 27 juillet 2009

Saint Kilda, Livre I: les esprits d'Hirta

Nous sommes au milieu du XIXe siècle. Depuis plus de mille ans, l'archipel éloigné de Saint Kilda, au large des hybrides extérieures, vit en totale autarcie, grâce à l'appui d'un clan écossais puissant, les Mc Load. Dans un environnement très hostile, en plein milieu de l'Atlantique, presque inaccessible l'été et complètement coupée du monde l'hiver, cette société recluse, composée majoritairement de femmes, qui vit sans règles figée et où toute décision naît de la volonté commune, semble être une représentation de l'Utopie de Mann.

Darius Kingsley, jeune étudiant étudiant oisif, ose pour défier son père présenter une thèse de biologie prouvant la théorie fort décriée de l'évolution des espèces. En représailles, son père fait annuler sa thèse et l'envoie pour un voyage d'étude de deux ans sur cette île désolée.
Mais la société qu'il y trouve est très éloignée de cette vision utopique: le pasteur de la communauté, débarqué sur l'île il y a une vingtaine d'années, maintient volontairement la population dans l'ignorance et dans un mysticisme malsain, assoyant son pouvoir sur la peur de Dieu et des Esprits...

Cet après midi, alors qu'on passais devant le MK2 Quai de Seine pour voir si un film nous tentait, nous avons dû nous abriter d'un grosse averse, devinez... dans la librairie du Mk2... Mauvaise idée... Je n'ai pu m'en empêcher, j'ai craqué pour une bande dessinée.

Cette nouvelle série de Pascal Bertho et de Chandre, publiée aux éditions Atmosphère prend racine sur des faits historiques réels: l'autarcie de la population de l'archipel, son mode de vie et les phantasme philosophique que cette communauté a généré chez les philosophes de l'époque... Mais dessus se greffe une histoire bien plus scabreuse que je vous laisse découvrir. Avec en prime les trois premières planches trouvées sur le blog du dessinateur.
Une patte nette, une histoire noire et empreinte de mystère, tout ce que j'aime... Pour ma part, j'attends le deuxième tome.

lundi 22 juin 2009

Une tasse de thé pour le général.

A quelques kilomètres à l'ouest de Shizuoka, deux torrents alpins, la Warashina-gawa et la Asahina-gawa, produisent un brouillard très dense qui enveloppe les montagnes alentours. Et c'est grâce à ces conditions uniques que tout autour d'une même montagne, sont nés les plus grands noms du thé japonais.

Au Japon, la tradition dit que le premier théier y a été planté par le moine Ei Sai en 1211. C'est l'une des premières plantations mentionnée dans les chroniques. Le troisième Seii Taishogun Tokogawa Ieyasu le fondateur de Edo, ayant gouté ce thé, avait décidé d'y construire sa réserve de thé, et s'est fait enterrer non, loin de là, à Sunpu (Shizuoka).

Aujourd'hui, la Warashina est connue pour ses productions rares et confidentielles, sur de petites plantations qui privilégient la qualité... Ces plantations sont visibles du ciel sous Google Map.

Cette année, le Palais des Thés, réservée à quelques boutiques parisiennes, dont rue Vieille du Temple, a réussi à dénicher un tout petit lot de ces thés d'exception que sont les Hon San Warashina Shincha.

Les feuilles sèches sont assez exceptionnelles: même dans les meilleurs shincha que j'ai goûte, je n'ai jamais vu une telle régularité dans les aiguilles, peu cassées, pliées à la perfection, d'une couleur "if" profonde régulière, à l'odeur végétale, marine, florale et déjà très beurrée.

C'est partis pour quatres infusions de deux minutes, à 60°C environ (je préfère diminuer la température et allonger un peu le temps, c'est d'habitude plus épais). Les feuilles infusées sentent fortement les légumes à cosse cuit, l'iode et les notes marines, elles ont aussi un goût très doux; j'avais malheureusement pas de sauce soja pour me faire une petit plat! Mais passons, place au thé!

C'est très doux, épais, rond et très long, et l'umami éclatant et omni-présent amplifie ces sensations. La première note est un fort goût de pois au beurre, certainement des fèves, sur une trame de poisson marin, du lieu noir? A sela s'ajoute de fortes notes vertes et fraiches d'herbe et de menthe. Plus loin, quelques fleures et un peu de zeste.

Sur les infusions suivantes, le poisson prend plus de place, et la fraicheur menthée tient bien. Mmmh!

Cette petite douceur est un peu chère, mais c'est l'un des meilleurs thés japonais que j'ai goûté. Un petit chef-d'œuvre aux notes japonaises éclatantes.

Merci Hojotea et l'office du tourisme de Shizuoka pour les photos.
Voilà un endroit où j'aimerais bien passer avant une ascension de Fuji-san

jeudi 28 mai 2009

Mangez-le si vous voulez

Allez, une petite histoire vraie pour changer!

Un nouveau Teulé, c'est un évènement. Certes, je n'ai pas encore eu le temps de lire le Montespan, qui trône bien sagement dans ma bibliothèque (entendre par là les piles de livres répandues dans le couloir...) Mais rien qu'à la vue de ce titre, je ne pouvais pas passer à côté... La c'est le petit psychotique qui sommeille en moi qui se réveille.

Pourquoi aller chercher le fait divers si loin dans des contrées inhospitalières d'Outre-Rhin comme Rotenburg an der Fulda? Voici une histoire encore plus scabreuse qui s'est pas passé dans notre bon vieux Périgord, pays du foie gras et du canard confit, un lendemain d'assomption 1870.


Ce qui suit dévoile l'histoire, mais cette épisode sombre de notre mémoire collective est connu...

Alain de Monéys, jeune noble local, affable et aimé de tous, sort de chez lui pour se rendre dans la commune voisine régler des affaires avant de s'engager volontairement dans l'armée impériale alors en guerre contre la Prusse alors qu'il avait été pourtant réformé pour trop frêle constitution.

Vers 14 heures, il entre à Hautefaye, mais quelques mots entre un de ses cousins, républicain, et des personnes présentes font s'envenimer la situation. Son cousin fuit, mais très vite se répand le bruit que de Monéys serait un prussien. Quelques jours après les débâcles de Reichshoffen et de Forbach, les esprits s'échauffent dans ce coin du Périgord ultra-bonapartiste.

De Monéys a beau clamer son innocence et son soutient à l'empire, la foule le prends à partie, et très vite sonne la curée... Malgré l'aide de quelques-uns de ses amis et fermiers, très peu au final, la foule se rue sur lui. Ils auront beau tout au long de la journée essayer de le sauver des pattes de ces chiens enragés constituée de voisins et d'amis au final, ils n'arriveront pas à le soustraire à la folie meurtrière de la foule et à l'indifférence des rare personnes qui ne se sont pas mêlées au carnage: les coups, blessures et tortures les plus infâmes dureront jusqu'à la nuit, et c'est vivant qu'il sera brûlé, puis même mangé par une population prise de folie.


Et tout au long de l'histoire, De Monéys reste vivant, presque lucide, à clamer son innocence: dire qu'il avait été réformé!


Dans ce texte, Teulé reprend fidèlement ces évènements macabres. C'est souvent à la limite du supportable, tant au niveau intellectuel que gastrique (les actes perpétrés donnent envie de vomir). Et la plume de l'auteur soutient magnifiquement cette horreur. De quoi redonner confiance en la destinée humaine (ironie!)

Un grand moment de littérature!

Ah, en passant, c'est aujourd'hui la 150ème!

mardi 12 mai 2009

Panique au Mangin Palace

Attention! Message personnel! Panique au Mangin Palace! Je répète, panique au Mangin Palace!

Ha ha! Nous revoilà! C'est la panique en direct du Mangin Palace, épisode 161. Bienvenu à toi dans ce monde archiloufoque et total foutraque, où l'élégance se mélange au n'importe-nawaque, le tout dans une fanrandole de volutes sonores orchestrée une bande de doux dingues. La machine est prête et à priori, nous serions ce matin, selon le grégorien, le dimanche trois mai deux mille neuf, onze heures cinq, bonjour à toi, l'ami!

Avant tout ce matin, dans panique au Mangin Palace...

Voici une émission de radio que j'ai découvert il y a à peine un mois, mais qui dès la première écoute, m'a ensorcelé.
Toute l'année le dimanche sur France Inter, Phillipe Collin nous propose une revue de l'actualité pleine d'humour, avec l'aide de ses accolytes Xavier Mauduit, Thiérry Daupin et Flora Bernard. Grâce à des extraits bien choisis d'archives de l’INA, de films, de chansons et quelques témoignages, il nous raconte la société à sa façon, jouant au passage et sans vergogne avec notre mémoire collective, nous souvenirs télévisuels et radiophoniques, les bribes de culture incrustées dans notre mémoire, où chaque passage à un peu l'air d'un déjà vu proche ou lointain et n'est jamais loin des actualités françaises et mondiales... Mais sans jamais prendre parti, sans faire de politique malsaine.

Un humour actuel tranchant jouant habilement et volontairement avec le suranné. Un coup de cœur.
Et je pense que le Maître aurait pu aimer...

Note: En juin 2007, l'émission a remporté le prix du meilleur programme radio au New York Festivals. Et pour les gens comme moi qui n'écoutent pas la radio, ça existe en podcast. Allez voir sur leur site. Il existe même des archives.

dimanche 3 mai 2009

Boules de duvet blanc...

Petit post pour répondre à un commentaire affolé de ParisThé...

Voici ce que j'ai trouvé dans mon Xi Hu Long Jing de Thés de Chine:

J'espère que c'est la même chose que tu as trouvé... Auquel cas, rien de grave, je les ai disséqué, ce n'est que du duvet qui s'est aggloméré. Visiblement les feuilles ont été au départ très duveteuse (signe de qualité), et soit un peu d'humidité dans la conservation avec beaucoup de duvet volant, soit une agglomération du duvet lors du chauffage au wok: c'est l'option que je retiens plus volontièrement car je n'ai rien vu de suspect sur mes feuilles en examinant mes 50 g...

Verdict: Pas de quoi s'alarmer... Et bois le thé lorsqu'il est jeune, c'est là qu'il est le meilleur...

Tiens! Je me ferais bien un petit Long Jing...

vendredi 1 mai 2009

Visite au Père Lachaise

Petite ballade au Père Lachaise... Désolé, je n'y tenais plus:

Le colombarium...



Little boxes on the hillside,
Little boxes made of ticky tacky
Little boxes on the hillside,
Little boxes all the same.

There's a green one and a pink one

And a blue one and a yellow one,
And they're all made out of ticky tacky
And they all look just the same.

And the people in the houses

All went to the university,

Where they were put in boxes
And they came out all the same,


And there's doctors and lawyers,
And business executives,

And they're all made out of ticky tacky
And they all look just the same.


And they all play on the golf course
And drink their martinis dry,

And they all have pretty children
And the children go to school,

And the children go to summer camp

And then to the university,

Where they are put in boxes
And they come out all the same.


And the boys go into business

And marry and raise a family
In boxes made of ticky tacky

And they all look just the same.


There's a green one and a pink one
And a blue one and a yellow one,
And they're all made out of ticky tacky

And they all look just the same.

mardi 28 avril 2009

Honni soit en ce jour ce pléonasme qui a ce jour a remplacé hui dans tant de bouche...

Petite parenthèse lexicale sur une locution que je ne conspue pas assez, tant elle me perce les tympans au fer rouge, me retourne les boyaux à la façon du jus de prunelle verdoyante et me donne des coliques comme un bataillon de rotavirus en pleine épidémie hivernale de gastroentérite...

Que les amateurs de thé, de textes et de verbe me pardonne cette digression fielleuse, mais je n'y tiens plus. On m'en a trop fait souper, et lorsque cette mauvaise mixture verbale aussi indigeste qu'une tablette de saindoux étalée sur une tranche de pain huilé est assénée avec tant de véhémence, multimédia qui plus est, je n'en puis plus: c'est la logorrhée, la faconde émétique...

Pas plus tard que la semaine dernière, lors d'une formation avec une personne que je respecte au plus haut point, j'ai du subir pas moins de 72 affronts en deux jours (au bout de deux en cinq minutes, je compte ces grossièretés). Aujourd'hui même, lors d'une réunion un peu mouvementée, cette désagréable sensation (perçage de tympan au fer rouge) m'a été assénée par un italien qui, bien que maîtrisant à merveille la langue de Boileau, s'est empressé de livrer une triplette de locutions fautives...

Alors pour lever le voile sur cette expression que j'ai du mal à nommer, que j'ai même du mal à écrire, eh, bien, voilà, je me lance... On ne dit pas "AU JOUR D'AUHOURD'HUI".... Voilà, c'est dit... Ecce contumelia! (Voici l'affront!)

Premier constat: lorsqu'on fiat un requête Google sur cette locution, on tombe sur pas moins de 122 000 occurrences trouvées en moins de 0.41 secondes. C'est dire que cette expression est répandue. Au point que même dans des journaux que je tiens pour sérieux (Le Monde n'est pas en reste), on lui fait la part belle.

Mais que veut dire au jour d'aujourd'hui?

Tout d'abord revenons sur "aujourd'hui". Et à "hui". Hui veut dire, en ce présent jour, aujourd'hui, quoi! Du latin Hodie, aujourd'hui! Donc pour insister, les rhéteurs moyenâgeux ont grandement utilisé le pléonasme, ce jour d'hui/le jour d'hui/du jour d'hui, qui à la longue est devenu, en ce jour d'hui, et le pas n'a pas été long (plusieurs siècles tout de même) pour voir vulgarisé la locution au jour d'hui devenu au fil du temps aujourd'hui (Merci le CNRTL).

Mais pourquoi l'utilisation de ce pléonasme?
En général, ou plutôt à la base, l'interlocuteur nous assène "Au jour d'aujourd'hui" en début de phrase, attribuant un caractère d'irrecevabilité, ou d'inexactitude, d'incorrection, de nuance aux propos qu'il vient d'entendre ou qu'il va émettre. Par simple opposition de principe, il va supposer que son analyse est bien supérieure aux idées habituellement véhiculées ou qu'il est conscient de l'inexactitude de ses propos mais qu'il ne peut faire mieux. Il s'agit de capter l'attention de l'auditoire, non pas par les propos émis, car souvent ils se tiennent, mais par l'absurdité, le non-sens de la locution d'introduction.

Le grand problème, c'est que beaucoup de monde pense que la complexité est le signe des hauts niveaux de langage. De ce fait, ils pensent bien parler français en utilisant ce pléonasme, alors qu'ils font malgré eux cette erreur patente. Pourtant, il existe de nombreuses formes en bon français pour marquer cette aberration: "Que je sache, à ce jour", "Or, à ce jour", "Pourtant, à ce jour"... On peut être plus imaginatif: "D'aucuns pensent", "L'idée de plus en plus répandue que", "L'acceptation générale est", et si vous lisez bien le présent texte, vous verrez que je l'ai ponctué de locutions analogues, tout en évitant bien au jour d'aujourd'hui. Le premier que vous verrez écrire, "D'aucuns pensent", eh bien, croyez moi, il nous montre sa non-adhésion à la thèse annoncée, avec toute la réserve, voire le mépris nécessaire.

Le grand danger avec cette locution est son acceptation générale.

Primo, au jour d'aujourd'hui, forme rhétorique rare et fautive, utilisée au départ par quelques orateurs pour capter l'attention de leur publique, est tant passée dans le langage courant qu'elle semble perdre son sens, pour signifier: en ce jour, à ce jour ou tout bêtement aujourd'hui.

Secundo, si l'expression devient codifiée, il n'est pas difficile de supposer que l'on verra bientôt fleurir les "au jour d'au jour d'aujourd'hui" puis par la suite, "au jour d'au jour d'au jour d'aujourd'hui" et ainsi de suite... Plaignons nos enfants!

Tertio, c'est une erreur, un pléonasme, et il n'y a aucune raison qu'il ne soit pas sanctionné comme faire se doit. La première maîtresse d'école voyant cela dans la rédaction d'un de ses élèves de primaire aura tôt fait de la soulignée de rouge, voire de l'entourer quatre fois au risque de transpercer la feuille de la pointe de son Bic.

Mais d'où nous vient cette expression coupable.

Pour une fois, la réponse est simple. Si les grands auteurs se laissent parfois aller au néologisme, c'est d'habitude à des fins humoristiques, et non rhétoriques. Rappelons-nous le merveilleux déponter de Daniel Pennac dans sa merveilleuse Fée Carabine. Si cette expression se répand de plus en plus, c'est la faute aux journalistes, particulièrement ceux de la télévision et de la radio, qui en use et en abuse comme si c'était des choux à la crème. Si bien qu'elle est passée rapidement dans la presse écrite, dans les publications scientifiques et jusqu'aux lèvres de nos professeurs... Pédantaille coupable...

Mais ils ont oublié une chose, le rôle moral du journaliste est d'instruire son lecteur, de l'éduquer, particulièrement au niveau de la langue. Pour reprendre Maître Desproges, "L'élever à soi, ne jamais se rabaisser à son niveau"... Mais ne soyons pas défaitistes, ils sont encore nombreux à ne pas se rabaisser à cette illettrisme patent. Félicitons-les! Et vous aussi, avec moi, criez:

Honni soit qui utilise ce terme!

mercredi 22 avril 2009

L'Or Rouge

Suite et fin de cette petite visite des maisons de thé parisiennes, et de l'article de ce matin. Place à la dégustation de ces trois rouges...

Tout d'abord le Qimen de Thés de Chine: ce qui m'avait un peu dérangé lorsque j'avais senti les deux thés que l'on m'avais proposé, c'est une odeur très forte de torréfaction, tant pour le Keemun Impérial que pour le Keemun Céleste.
A l'odeur, entre les deux grades, il n'y avait pas photo, le Céleste était même pour l'odeur à sec, beaucoup plus gourmand. Toutefois, on note toujours cette forte torréfaction, même si moins présente. Bien sûr, c'est celui-ci que j'ai choisi, d'autant qu'il est dans la gamme de prix des autres thés comparés. Cette note puissante de torréfaction montre en fait une autre philosophie de choix de Qimen que les autres maisons de thés. Plus puissant, mais je n'y suis pas habitué, ce qui explique cette note en demi-teinte.
Dans la tasse, cette torréfaction puissante est assez présente à l'odeur pour la première infusion, elle disparaît lors des deux suivantes. Ce n'est pas désagréable, juste un peu dérangeant. Au goût elle est totalement absente. Nous sommes face à un thé très gourmand. Fleuri fruité, relevé d'une belle puissance cacaotée.

Vient ensuite le PanYong d'or, toujours chez Thés de Chine. Même si ce n'est pas un JinYa Dian Hiong, par la facture, il s'en rapproche énormément. A part que la couleur des feuilles est plus rouge ambrée que dorée. C'est un thé très duveteux, peut-être le plus que j'ai vu, tant chez les verts que chez les noirs... Attention à la crise d'éternuement lorsqu'on le sent dans la boite ou dans le Cha He avant la dégustation... Dans l'ensemble de mes dégustations, je dirais que c'est le meilleur thés formé que de bourgeons que j'ai dégusté. Il a les caractéristiques des thés de bourgeons: la présence en bouche, la rondeur. Il est aussi très gourmand et assez original. Mais seul bémol, comme l'autre thé de Thés de Chine, la torréfaction un peu trop poussée à mon goût.

Finalement, le Jinya Hong de Terre de Chine. Là, je suis resté un peu sur ma faim: il manque de présence et de caractère, surtout pour un thé de bourgeons. Il est surtout fleuri et fruité. Et ça reste un bon thé d'après-midi, tranquille et sans relief, une peu cher au final...

Donc pour ajouter ces deux maisons de thé à mes conclusions...

Thés de Chine sort du lot. Ils proposent une très belle qualité. Il sont assez originaux avec ces rouges plus torréfiés. Dommage que pour l'instant, ce ne soit pas trop dans mes attentes. Ils font pourtant une belle échappée avec la M3T (bien en tête) et en coude à coude avec les belles références du PdT.

Terre de Chine propose de bonnes choses, mais reste cantonné à la tête de peloton. Pas vraiment d'échappées dans ces thés rouges. Pourtant il y a matière à faire. J'ai aussi été déçu par l'inculture crasse du vendeur, je n'ai certes pas eu la chance d'avoir la patronne. Pourtant, j'avais été assez clair il me semble en annonçant mes envies.

En queue de peloton, indécrottablement, MF et Dammann...

mardi 21 avril 2009

Le Rouge et le Noir

Put thousands together
Less bad.
But the cage less gay.
HOBBES.

La petite ville de Verrières peut passer pour l'une des plus jolies de la Franche-Comté. Ses maisons blanches avec leurs toits pointus de tuiles rouges, s'étendent sur la pente d'une colline, dont des touffes de vigoureux châtaigniers marquent les moindres sinuosités. Le Doubs coule à quelques centaines de pieds au-dessous de ses fortifications bâties jadis par les Espagnols, et maintenant ruinées.


Verrières est abritée du côté du nord par une haute montagne, c'est une des branches du Jura. Les cimes brisées du Verra, se couvrent de neige dès les premiers froids d'octobre. Un torrent, qui se précipite de la montagne, traverse Verrières avant de se jeter dans le Doubs, et donne le mouvement à un grand nombre de scies à bois, c'est une industrie fort simple et qui procure un certain bien-être à la majeure partie des habitants plus paysans que bourgeois. Ce ne sont pas cependant les scies à bois qui ont enrichi cette petite ville. C'est à la fabrique des toiles peintes, dites de Mulhouse, que l'on doit l'aisance générale qui, depuis la chute de Napoléon, a fait rebâtir les façades de presque toutes les maisons de Verrières.


À peine entre-t-on dans la ville que l'on est étourdi par le fracas d'une machine bruyante et terrible en apparence. Vingt marteaux pesants, et retombant avec un bruit qui fait trembler le pavé, sont élevés par une roue que l'eau du torrent fait mouvoir. Chacun de ces marteaux fabrique, chaque jour, je ne sais combien de milliers de clous. Ce sont de jeunes filles fraîches et jolies qui présentent aux coups de ces marteaux énormes les petits morceaux de fer qui sont rapidement transformés en clous. Ce travail, si rude en apparence, est un de ceux qui étonnent le plus le voyageur qui pénètre pour la première fois dans les montagnes qui séparent la France de l'Helvétie. Si, en entrant à Verrières, le voyageur demande à qui appartient cette belle fabrique de clous qui assourdit les gens qui montent la grande rue, on lui répond avec un accent traînard : Eh ! elle est à M. le maire.


D'aucuns auront reconnu le début de cette œuvre magistrale, dont l'épaisseur, et le poids des mots, bien avant que Paris Match ne passe par là, servait il y a encore une quarantaine d'année à asséner la pensée littéraire romantique à grands coups de reliure cuirées à de petites têtes blondes.


Aussi continué-je mon exégèse des maisons de thé parisiennes: une critique interne quasi-scolastique, presque scientifique, bien qu'il soit question de ma passion pour ces liqueurs ambrées. Car tel Julien Sorrel, il est bien question ici-bas de sacerdoce face à la passion. Mais revenons à nos cures, pour les deux maisons de thé que j'avais omis de citer lors de ma première comparaison: Thés de Chine et Terre de Chine.


C'est tout naturellement, alors qu'on m'avait fait part de mon omission, que j'ai rallongé mon épopée sabbatique dans les 4ème, 5ème et 6ème arrondissement afin de relier mes envies de thé, accompagné de ma douce moitié. Après une course sous un crachin de Saint-Michel à fin fond de Saint-Germain, j'ai relié le Cherche-midi avant d'échouer rue Quincampoix. Vous aurez reconnu mes destinations, non? Besoin d'un petit exposé?


Commençons donc par mon passage chez Thés de Chine, avec un accueil des plus agréables, quoique le samedi après midi ne soit pas le moment le plus adapté pour discuter et y acheter posément du thé (comme dans toutes les maisons de thé). Ce passage n'était à la base pas vraiment dirigée vers mon approvisionnement en rouge de Chine. En effet, lors de mon précédent passage avec Alain, on m'avait annoncé que le début de la seconde quinzaine d'avril serait le meilleur moment pour découvrir de bons vert primeurs chinois.


Malheureusement pour moi, je n'ai pas dû être le seul à avoir profité de cette information, quelques belles références avait été déjà dévalisées. Je me suis donc rabattu vers un Xi Hu Long Jing qui sentait divinement bon pour un prix très raisonnable (27,4€ les 100g). Rabattu, le mot est un peu méchant, car il y a de la belle qualité là derrière. Bien que je l'ai loupé, eau trop chaude, il mérite ses lettres de noblesse: pas légumineux comme les toutes premières récoltes, très aromatique, surtout pour un long jing, que du bon, quoi! Ce qui promet un passage intéressant dans un mois, où j'espère avoir un peu plus de chance.


L'occasion donc de découvrir leurs rouges, malgré l'imminence de l'arrivée de la nouvelle saison. Deux belles références ont attiré mon attention: un Keemun Celeste, 25.30€ les 100g (Ah! Que je déteste cette romanisation! Qu'on arrête d'écrire Keemun pour les Qimen!) et un Panyong D'or, 19.80€ les 100g, un rouge composé uniquement de bourgeons, provenant du nord du Fujian.


Heureusement que la bruine s'était arrêté, car il fallait, pour continuer le tour, retraverser le boulevard en direction de Saint-Michel. De là direction, Saint-Placide et le Cherche Midi. Mais quy a-t-il donc au Cherche-Midi? une boutique bien sympathique: un antre de la porcelaine chinoise, Patachine. Assiettes, vases, bols, et plein d'autre choses dont de petits dés qui m'ont fait de l'oeil, et qui feront de magnifiques tasses, que vous verrez certainement dans mes photos sous peu: 4 tasses en porcelaine blanche translucide peinte à la main d'un paysage bleu, et deux en céladon craquelé.


Et in fine, échouage rue Quincampoix, chez Terre de Chine, où je n'avais pas foutu les pieds depuis un bon bout de temps. Et c'est là que tout se corse... Contrairement à l'habitude, je suis tombé face à un petit jeune... Ca me va bien de dire ça, moi qui n'ai pas encore atteint mon quart de siècle... Encore deux semaines de répit... YES!!!


Face au même problème des rouges de la mi-avril (sous-entendu fin de stock), devinez ce que l'on à osé me répondre? Oh! mais essayé nos oolongs bien fermentés (si si, fermenté, je ne rigole pas!), c'est la même chose... en me présentant une boite de YanCha: un Shui Xian... Heureusement pour lui que je n'avais pas de corde sous la main, mes doigts me démangeais de ne pas lui passer la macabre boucle pour laver cet affront.


Et pour conclure le tout, lorsqu'il a ouvert la boite, et que je n'ai pu m'empêcher de laisser échapper: "Ah! Et bien il est torréfié celui-là", car c'est bien le Shui Xian le plus torréfié que j'avais vu, il a eu le culot de me répliquer: "Mais vous savez, tous les thés sont torréfié, ça c'est la fermentation!!!"... Comme si je n'arrivais pas à reconnaître la dessiccation du hong bei, bande de sous-doués congénitaux! A lui seul, il valait la bande.


Bon, il s'est rattrapé en proposant de nous offrir une tasse de Pointe D'Or, entendre un JinYa Dian Hong (21€ les 100 g) composé que de bougeons. Je pense qu'il ne s'en est pas rendu compte, mais il a évité la potence de peu. La chance sourit toujours, aux alcooliques, aux simples et aux audacieux...


Donc nous sommes ressorti de la petite boutique avec ce Yunnan, et pour d'autres comparaisons, un Da Hong Pao (55€ les 100 g) qui ne sentait pas trop mauvais et ne semblait pas brûlé.


Place bientôt aux comparaisons... A suivre...

vendredi 17 avril 2009

Les nouvelles enquêtes du juge Ti: la Nuit des Juges, Frédérique Lenormand

Voici un bon bout de temps que j'ai envie de me plonger dans les aventures du juge Ti: mais par quel bout commencer? En suivant l'ordre d'écriture? en suivant la chronologie historique? Car ce bon juge Ti a réellement existé. Et même au delà de ça, par quel auteur commencer? Robert Van Gulik, ce diplomate hollandais qui nous a fait redécouvrir ce personnage historique, ayant commencé comme simple juge pour finir chancelier de l'Impératrice Wu des Zhou? Ou bien par Frédérique Lenormand, puisque l'on voit souvent écrit que si son œuvre est fort sympathique, il est fort difficile de lire les nouvelles enquêtes après avoir goûté à la qualité des écrits de Van Gulik?

La question s'est résolue d'elle même, sur le stand du Point au salon du livre, coupant court à toute cogitation au final bien stérile. En parcourant des yeux les rayonnages; ils ont été arrêté par ce nom que je connaissais bien: toute la série en poche, du numéro 2 au numéro 6... Et je n'ai pu quitter le stand sans la précieuse prose en main, le tome 2 justement... Donc, La Nuit des Juges...

Après avoir passé ses concours littéraires et quelques années aux archives centrales de Chang'An, Ti Jen Tsie est devenu juge dans la petite bourgade côtière de Peng Lai. Or, après quelques enquêtes à son arrivée où il a brillé au plus haut point, il s'ennuie à mourir: il ne traite plus que d'affaires banales qui lui font regretter la capitale.

Jusqu'au jour où il est convoqué à la préfecture, à Pien Fou, avec cinq autres collègue de la région. Le juge Tan, magistrat de la cité est appelé à de plus hautes responsabilités à la capitale, et le préfet doit choisir lequel d'entre aura l'honneur d'être nommé à ce poste convoité. A part Ti, tous les magistrat ont posé leur candidature pour ce poste, et chacun à ses propres qualités: la noblesse, l'âge, l'art poétique, l'érudition, les liens familiaux, le mérite. Mais le lendemain, le juge Tan est retrouvé mort défenestré, et personne ne croit à la thèse de l'accident. Et l'élucidation de cette énigme conduira un des juges sur le siège du défunt. Une rude compétition peut commencer, où tous les coups bas sont permis, des coups bas qui, s'il n'avait pas été intéressé par ce petit travail intellectuel et qu'il n'était pas là sur l'ordre se son supérieur, auraient tôt de faire déguerpir Ti...

Nous voici entraîné dans un petit polar fort sympathique, empreint d'un humour latent que la situation, des petits potentats locaux se tirant dans les pattes, dans un univers somme toute fort sympathique. L'univers est assez bien décrit, même s'il paraît qu'à côté de Van Gulik, ça fait pâle figure. C'est un polar à l'ancienne, très agréable à lire et qui me donne envie de me plonger dans l'œuvre de son prédécesseur avec De l'or sous les Tang.

jeudi 16 avril 2009

Four à Thé de Zhū Xī

Voici un petit poème trouvé dans le dernier article de Cha Dao, dont j'ai eu envie de vous faire part. Peut-être une petite illustration de mes essais de torréfaction?

茶灶 朱熹

仙翁遺石灶
宛在水中央
飲罷方舟去
茶煙裊細香

Four à Thé de Zhū Xī
Traduction en anglais par LAOCHAGUI

Les fourneaux de pierre oubliés par les Immortels
Renversés au milieu du courant

Le thé fini, deux navires y dérivent côte à côte
La fumée du thé, apportant une odeur délicate

lundi 13 avril 2009

Savoure le rouge... Mon amour...

Une petite expérience me tentait depuis un bon bout de temps: comparer quelques maison de thés parisiennes sur le seul domaine où il y a matière à comparaison: les rouges de Chine. C'est vrai, comment peut-on comparer les qualités et les prix lorsque les gammes de prix et les origines sont aussi variées, et différentes d'une maison à l'autre. Mais il y a un domaine où elles se retrouvent toutes assez bien, ce sont ces merveilles chocolatées et maltées du Yunnan, de l'Anhui et de quelques autres contrées que nous aurons la chance de visiter.

Il y aura bien sûr la Maison des trois Thés, indétrônable sommet de mes recherches théinées, qui sera représentée par Zhong He Gong Fu, un rouge du Fujian. Je pourrais aussi parler du Chuan Hong Mao Jian que je connais bien.

Il y aura aussi le Palais des thés, car comme certain le savent, j'y ai quelques entrées, et je trouve que cette année, il y a eu quelques merveilles qui valent le détour. Il sera représenté par les Bourgeons du Yunnan, un classique, et deux Qimen Mao Feng de qualités différentes, l'Impérial et le Xiang Luo.

Ensuite, et il s'agit là d'espionnage industriel, nous verrons ce que peuvent nous proposer deux maison dont la réputation dans ces cercles souffre grandement, afin de voir ce qu'elle peuvent proposer et à quel prix: Mariage Frères sera représenté par les Aiguilles d'or, la Rose de Porcelaine et un Jianxi Impérial. Dammann sera quant à lui représenté par un Qimen Mao Feng...


Je sais, certains diront qu'il manque l'une des grandes maisons parisiennes, et que je lui fais bien peu d'honneur sur ces pages, mais je vous rassure, je compte passer chez Thés de Chine dans les semaines à venir pour leur arrivage de verts primeurs, et je promets de voir avec quoi ils font rimer la couleur du drapeau chinois...

Afin de bien comparer, et de fixer tous les paramètres, j'ai décidé de faire l'essai sur un seul passage de deux thés à chaque fois en parallèle, l'un en set de compétition, l'autre dans un gaiwan de même contenance: 2g de thé pour 4 minutes d'infusion... Les prix sont donnés pour 100 grammes.

Première comparaison: Bourgeons du Yunnan, PdT, 23€ contre Aiguilles d'or, MF, 40€... Commençons par comparer le comparable, deux Yunnan composé uniquement de bourgeons. Première remarque, les feuilles infusées du thé du PdT sont beaucoup plus belles que celles de MF. Les feuilles sont beaucoup mois cassées, les bourgeons sont bien formés, grands et intacts et commencent à s'ouvrir. Au goût, on est dans deux univers assez différents. Alors que les Bourgeons du Yunnan offrent un alliage d'arômes fleuris et chocolatés, les Aiguilles d'or nous offrent des arômes assez pures de ganache au chocolat.

Seconde comparaison, Qimen Mao Feng, Dammann, 13€ contre Rose de Porcelaine, MF, 28€ C'est la comparaison d'un Qimen à un thé du JianXi qui se veut fabriqué comme tel. Il faut savoir que le thé de MF se réclame d'Agriculture Bio: ça ne laisse déjà rien présager de bon, lorsqu'on se targue de faire du bio, c'est généralement pour nous refiler au double/triple du prix un vulgaire thé de base... Bon revenons à nos moutons, le Qimen de Dammann est très fruité, mais il manque cruellement de longueur de rondeur et de complexité. Une fois l'attaque fruitée passée, on reste sur sa faim... Quant à la rose de porcelaine, dès que l'on sent les feuilles sèches, c'est une odeur "off" de fumée qui ressort. A l'infusion, sur un thé un peu agressif, on a des notes de lard fumé qui ne devraient pas être là.. Que dire de plus pour 28€...



Troisième dégustation: JianXi Impérial, MF, 17€ Petite dégustation en solitaire avant de goûter à un monstre: Pas mal ce petit thé, un peu léger en goût, mais un mon mariage du fleuri et du fruité. Pour l'instant des thés de MF et de Dammann, c'est le seul qui m'a convaincu, et pourtant c'est le moins cher...

Quatrième dégustation:
Zhong He Gong Fu, M3T, environ 25€ les 75g (je ne me souviens plus trop bien) et comme adversaire, vue qu'il fallait quelque chose de fort en goût, j'ai décidé de sacrifier un reste de Banna Hong de Yunnan Sourcing, environ 1/3 de bourgeons, 11€ les 250g.

Vous allez me demander si je me fous de la gueule du monde à essayer une telle comparaison, mais elle mérite le détour. Bien sûr, il n'y a rien à voir... Le thé de la M3T dépasse toutes les espérances, surtout face à ce que j'ai essayé auparavant. Rien qu'à l'odeur, on atteint Pen Lai Chang. Après une belle attaque fruitée, on est dans une douceur fleurie chocolatée. il y a tout ce qu'il faut, de la rondeur, de la longueur et de la complexité...

Mais alors pourquoi oser la comparaison à ce Banna Hong de base? Peut-être pour relativiser tous les thés précédents. Même si en un an il a un peu trop vieilli, il faut savoir que je l'ai très mal entreposé, et que l'odeur des feuilles sèches et de la liqueur est très ténue, la bouche est encore très présente: du chocolat et du malt, beaucoup de malt, et une finale épicée bien sympathique. Je pense que des thés dégusté jusqu'à présent, c'est le seul à pouvoir oser la comparaison. Les Yunnan composés uniquement de bourgeons ne sont pas ma tasse de thé, même si c'est bon et fort en goût, ça manquent cruellement de structure et de longueur. Et les autres ne méritent pas les lignes que je leur ait consacré.


Et en final,
la comparaison de deux Qimen du Palais des Thés, le Mao Feng Impérial, 29€ et le Mao Feng Xiang Luo, 43€: Même s'ils sont un peu chers, tous deux sont très bons. Les feuilles du Xiang Luo sont beaucoup plus belles que celles de l'Impérial, et il y a plus de puissance aromatique. Il y a beaucoup de rondeur et de longueur, et une belle palette aromatique. L'Impérial nous offre une dominante fruitée chocolatée, alors que le Xiang Luo nous fait voir des notes puissantes de cacao, de malt et surtout de cuir. C'est pourquoi j'ai une petite préférence pour l'Impérial, malgré la différence de qualité entre les deux, mais chacun ses goûts...



Quelques conclusions s'imposent, non?

Voici une petit panel des rouges de chine de qualité que proposent les grandes maisons parisiennes.

La Maison des Trois Thés reste une référence incontournable. Comparée aux autres maisons de thé, les prix de ses rouges restent dans la moyenne, et quelques discutions avec Gilles sur la qualité du travail de fabrication (maximum 3 récoltes par an, cueillies et transformées à la main à l'ancienne) fait aussi relativiser le prix.

Ensuite viendra le Palais des Thés. Depuis quelques temps, j'y ai vu apparaître des thés de qualité exceptionnelle à un rapport qualité prix très raisonnable. Une belle diversité des grandes références, plusieurs Dian Hong, plusieurs Qimen, un très beau coréen un peu cher il est vrai...

Après tout de suite ça se gâte. Chez Dammann, il n'y a rien de sérieux... Chez Mariage Frères, il y a peu de thés à moins de 40€ les 100g dont je laisserai boire mon pire ennemi, alors mon meilleur ami... Le rapport qualité prix est déplorable, à qualité équivalent, le prix double ou triple...

J'ai hâte de découvrir ce que peut offrir Thés de Chine, car il faut bien que je diversifie mes dealers... Faire de nouvelles expériences originales devient difficile... Des idées?

mardi 24 mars 2009

La feuille et le fruit

Petite découverte dans la vrac 23 de la Maison de Trois Thés.

J'ai pu faire, grâce à EDP et quelques échantillons gentiment offerts, faire le tour de la série des trois vrac de la M3T: le n°22 que je possède, le n° 23 et le n° 24, essayés un jour après l'autre, mais pas dans l'ordre. Ma préférence se tourne vers le 24 de 1998, qui semble rassembler ce que j'aime dans un pu ehr.

J'ai en revanche été un peu désopilé par les premières infusions du vrac 23. A part ses feuilles immenses, les premières infusions se placent directement dans le registre du bouillon de légume et par certaines touches, de bonite. Mais après quelques infusions, il revient à des sensations que je préfère.
Mais cette dégustation m'a permis une découverte bien étonnante. En vidant ma théière pour admirer les feuilles exceptionnelles une fois infusée, j'ai trouvé... un fruit de théier...

Ce qui m'a aussi étonné, ce sont les feuilles de ce petit vrac original. Elles sont gargantuesques, et chacune est très soigneusement pliée en quatre d'une manière assez originale, d'abord dans le sens de la largeur, puis dans le sens de la longueur... Le temps et la fermentation semble avoir fait son effet, car elles sont devenu tant fragile, ce certaines se décomposent en une fine dentelle...

A un prix imbattable, ces trois vracs déjà âgés maintenant sont exceptionnels. De quoi donner envie de découvrir les autres vrac de la M3T...

vendredi 20 mars 2009

En provenance de Kitakyūshū

Les sencha sont rarement ma tasse de thé. A part les shincha et les tamaryokucha, la plupart du temps, ils ont une certaine âpreté végétale qui me dérange, même préparés avec le plus grand soin.

Mais hier, en rentant d'une semaine de conger dans son île natale, Kyūshū, ma voisine de bureau japonaise qui connait ma passion pour le thé m'a fait un beau cadeau: un Okumidori Sencha de chez Tsujiri Chaya, Kyôto.

Dès l'ouverture du paquet (image cliquable pour une meilleur définition), une forte odeur fruitée très agréable de pêche et d'abricot se dégage. Les feuilles, pliées en longues aiguilles fines d'un vert profond, ressemblent plus à un shincha qu'aux sencha habituels beaucoup plus grossièrement pliées.

La liqueur est d'un très beau jaune, un peu verdâtre. Les feuilles infusées sont assez peu cassées, comme on le voit malheureusement sur beaucoup de thés japonnais.

Ici, point d'âpreté, le pôle végétal bien présent est très doux en bouche, une forte odeur de pêches et d'abricot se dégage de la liqueur et de la tasse vidée. Le pôle marin est bien là, mais sans l'aspect bouilloneux qu'on retrouve souvent sur ce genre de thé. Par certains côtés, il me rappelle certains très bon thés blancs et thés verts chinois... Un thé qui pourrait bien me réconcilier avec les sencha...

Malheureusement, je ne parle pas japonnais, et je ne pourrais pas traduire ce qui est écrit sur le paquet, car j'aimerais bien en savoir plus sur ce très bon thé.

Alors, encore merci Aya!

jeudi 19 mars 2009

Digression


Il y a quelque-chose de charnel dans la passion du bon thé.
Rien que de voir à travers sa robe, brillante et translucide,
on a envie de la boire.

On porte alors la coupe à soi, et on y dépose doucement les lèvres.
Et une sensation de profond bien-être nous emplit.

C'est pourquoi le thé est femelle.
Et le bien boire érotique...

mardi 17 février 2009

Un Hung Shui de San Hsia arrivé à son âge de raison...

Pour déguster un bon thé, il faut se réserver hors du temps un moment particulier de quiétude et d'attention... Mais qu'en est-il pour les thés vraiment exceptionnels? Depuis quelques temps traînent dans mes bagages des petits monuments pour lesquels j'ai beaucoup de mal à trouver un point d'accrétion dans le continuum espace-temps où je pourrais leur faire honneur lors de ma dégustation... Parmi eux, quelques échantillons d'Alain pour lesquels j'ai bien envie de leur réserver le soin qu'ils méritent. Parmi eux aussi, mon Mi Lan Xiang 5, dont il me reste une quinzaine de grammes et que j'ai totalement redécouvert la semaine dernière après quelques mois passés à tout autre chose que des Dan Cong...

Et il y a ce thé, une petite rareté de Stéphane, un Hung Shui de San Hsia de 1990, dix-neuf ans déjà, presque un vieux thé (vieux dans ce cas veux dire par là plus âgé que moi... critère qui pour l'instant se limite au quart de siècle, une définition que je vais devoir revoir dans quelques années, car il me sera de plus en plus difficile de trouvé des thés "vieux" lorsque j'entrerais enfin dans mon second puis mon troisième quart de siècle...) Celui-ci a été vendu par un collectionneur taiwanais à Stéphane afin que nous puissions le goûter. Et il faut le remercier dignement et lui faire honneur. Il a été conservé depuis les années 90 dans une jarre hermétiquement fermée et n'a pas subit de retorréfaction. C'est ainsi vraiment le thé d'origine vieilli que nous avons la chance de déguster.

Ma seule expérience de wulong âge est pour moi ce magnifique Da Hong Pao n°5 de la Maison des Trois Thés, qui date de 1996. Un petit bijou pour un prix somme toute assez modique, mais qui ne laisse entrevoir aucune note liée à l'âge. Je laisse là grand soin aux spécialistes de me contredire, ma connaissance des vieux wulongs vraiment mince. Mais là, on est dans une toute autre atmosphère...

Les Hong Shui (eau rouge) sont une classe de thé assez à part dans le panel des thés taiwanais. Plus oxydés et torréfiés que les Dong Ding, ils ont une structure en bouche beaucoup plus gouleyante et me rappelle beaucoup les Beautés académiques de la Maison des Trois Thés, sûrement en est-ce, en tout cas, ils répondent bien à leur définition. Afin de "préparer mes papilles" et de voir un peu mieux l'effet de l'âge, j'avais aussi fait venir de taïwan son Hong Shui de cet hiver.

J'ai finalement trouver ces moments de calme dimanche après-midi, dans une journée tournant totalement autour du thé. Après une matinée autour d'un cube de 1987, et un jukro pour clôturer un repas léger (Saltimbocca alla romana), ce n'est qu'en fin d'après midi, après une promenade au parc m'ayant permis d'aérer mes papilles et surtout de me réhydrater les cornets que je me suis attaqué à ce thé hautement original. Je remarque que la sécheresse hivernale de nos appartement surchauffés a une très mauvaise influence sur mes capacités olfactives, mais ça c'est une autre histoire.

De quoi bien commencer une dégustation exceptionnelle. Donc dans ma petite Long Dan en Hong Ni, deux grammes de feuilles. Les temps d'infusion seront particulièrement longs: rinçage de 15' puis 2'/3'/3'30/4'/4'30/5'/6'/7'/8'/10'/12'/15'/2x18'(le lendemain matin)/18' (le lendemain soir).

Les feuilles normalement fortement compressées ont toutes plus ou moins commencé à se dérouler. D'après Stéphane, c'est un signe du vieillissement. D'un brun profond, elles sont toutefois beaucoup plus claires que celles d'un rocher de torréfaction traditionnelle. Elles ont une bonne odeur très douce et sèche, un peu épicée.

Dans la théière chauffée, les feuilles dégagent une bonne odeur douce de fruit confit. Il m'a fallu quelques temps pour réaliser ce que c'était, car cette odeur/goût se retrouvera tout au long de la dégustation, non seulement dans la tasse à sentir, mais aussi en bouche. Au début, j'avais en tête de la confiture de baie, mais j'avais du mal à mettre un nom dessus. C'est l'odeur caractéristique des framboise en train de confire lorsque l'on en fait de la confiture, assez au début de la cuisson, lorsqu'on trempe la kochleffle (cuillers en bois alsacienne) dans le confiturier pour voir ce que ça donne. Il y a aussi peut-être un peu de groseille mais ça, je n'en mettrais pas ma main à couper. Mais ce thé nous réserve bien d'autres surprises, et je prends ce mot en son sens le plus littéral...

Dès la première infusion, en plus de ce font omniprésent de confiture, il y a une note surprenante déjà assez présente, et qui va se développer et prendre une ampleur inconsidérable pendant les cinq infusions suivantes. Nous en sommes d'un thé vieilli et cette note en est bien la preuve. On est en présence d'un forte goût de mousse. Pas comme pour les pu ehr où l'on rencontre souvent des notes de racine, de mousse et de sous bois. Ici, il s'agit de la sphaigne verte la plus fraîche gorgée de l'eau de la rosée du matin. Surprenant, inattendu, désopilant surtout en association avec la confiture de framboise...

Ce thé est tout bonnement exceptionnel, et pas seulement dans sa palette olfactive. Tout au long des 15 infusions successives, pas une seule note d'amertume ni d'astringence. Une fine pointe de sel et un soupçon d'acidité relève la liqueur, mais c'est par le doux, le sucré même, que ce thé excelle. Un peu de boisé et un goût caramélisé, de coumarine diront les spécialistes, (merci Célia) typique des bons thés de Taiwan. Souvent les thés nous demandent de faire le travail d'analyse des odeurs qui le compose. Ici, il en est tout autrement, c'est le thé qui nous prends par la main et nous emmène là où il veut aller: il y a une clarté aromatique et une pureté des goûts et des odeurs que je n'avais jamais rencontré jusqu'à présent. Et la suite ne me fera pas me dédire.

Septième infusion: changement total de registre et d'atmosphère. Les notes de mousse disparaissent comme par enchantement, d'un coup. Les notes de confiture passent un peu en retrait. Le tout est remplacé par des notes extrêmement puissantes de plantes aromatiques. Tout d'abord la verveine, pour deux infusions, avec un peu de mélisse. Puis c'est au tour du romarin de supplanter ces deux goûts, et au bout de la dixième infusion, c'est du fenouil puissant qui me vient en bouche. La confiture refait alors son apparition. Au palais, c'est rond à l'extrême, d'une fraîcheur incomparable et ça reste en bouche pour longtemps...

En fait lorsqu'on fait la comparaison avec le hong shui de cette année, on est dan un monde totalement différent. Les notes de confiture, le boisé et la coumarine sont bien là, mais le tout a été supplanté par ces notes extrêmement fraîches d'abord de mousse puis d'aromates qui je suppose uniquement lié au vieillissement. Avec un âge similaire, on est au final très loin du DHP5. Loin de moi l'idée de comparer des genres de thés si différents. Mais ce que le rocher a gagné à l'âge et aux torréfaction successives, c'est de magnifier les notes capiteuses de fleurs et de fruits. Ici, on a vraiment gagné une toute nouvelle atmosphère.

Stéphane nous ventait les mérites d'un vieux oolong. Je pense qu'avec ce thé chacun des points qu'il aborde est dûment mérité...

Voyons les feuilles infusées: elles ont une belle couleur brun rouge. En regardant la base des feuilles, on voit que la cueillette a été faite manuellement. Elle sont très souples, un peu cassées par endroit et très souples et très déchirables et nous montrent une belle cueillette de Dong Ding...

S'il fallait résumer ce thé en quelques mots: magnifique, pur, surprenant, original, désopilant même... Exceptionnel!

mercredi 11 février 2009

Et si on jouait à la dînette?

Petit détour par le Quai Conti...

Samedi après-midi, je me suis me suis offert un petit cadeau chez Hsin Héritage, un antiquaire chinois à quelque pas de l'Académie Française. Cet antre minuscule renferme quelques trésors de Chine comme de superbes meubles, porcelaines et une gigantesque corne de mammouth presqu'intégralement sculptée de petits mammouth... Malheureusement mon appart est bien trop petit!

Je me suis laissé tenté par une assiette ancienne en porcelaine blanche au motifs végétaux bleus (très certainement du début de siècle) qui va me servir de pour mes dégustations.

Avec une petite surprise au dessous...

Celui-ci s'est vu accompagné hier par un très joli bol qui va remplacer mon Za Fang bien trop petit et une petite tasse à alcool qui va me servir de tasse à sentir: un joli cadeau de ma douce moitié pour la Saint Arnaud dénicher chez Patachine, rue du Cherche-Midi, un endroit qu'elle vient de découvrir et où je ferais très bientôt un tour...


Photos de ma première utilisation.

Je crois que vous n'avez pas encore vu ma nouvelle Shui Ping, qui m'accompagne depuis le début de l'année? Et dire qu'à l'aube de mon second quart de siècle, je me mets enfin à jouer à la dînette!

mardi 10 février 2009

There and Back Again

And What Happened After.
A Hobbit's Tale
by
Soïwatter

Après ce petit hommage au grand maître, laissez moi justement vous conter le récit de mon voyage, de mon "Aller et Retour d'un Hobbit" et de ce qui s'en suivit...

Deux jours de répit loin de de Paris, un petit détour par la Haute-Normandie ses falaises, ses embruns vivifiants, son iode nécessaire à la lutte contre le crétinisme alpin toujours à craindre lorsqu'on à vécu à Nantes et qu'on se retrouve si loin de la côte à travailler dans le brouillard acide parisien. Sans parler ses phares millimétriques à peine plus grands qu'une bite d'amarrage et pourtant si charmant. Et j'y connais quelque chose en amarrage, c'est mon métier...

Et comment ne pas résister à un coucher de soleil dardant ses derniers rayons entre l'Aiguille et la Porte d'Aval.

Nous avons suivi le vieux conseil africain: Ne demande jamais ton chemin à quelqu'un qui le connaît, c'est le meilleur moyen de ne pas te perdre... Nous avons vaqué sur la côte de Seine maritime par des chemins à peine carrossables qui ne méritaient déjà plus le nom de carrossable et encore moins de chemin, au moins c'est dépaysant!


Ce qui nous à mené dans le Calvados, et dans une distillerie artisanale de ... Calva.. Désolé, la répétition était inévitable...


Fromage et résidus alcoolisés de pommes pourries, c'est dans une bonne humeur et une bonne odeur (un petit conseil, dans une petite twingo un après-midi ensoleillé, évitez le livarot... Le colonel joue les travestis et prends surtout l'odeur de des dortoirs de bidasses après un de leurs concours favoris...) que nous avons rejoint la capitale, son brouillard, son manque d'iode (ou de montagnes, mais ça ce sera pour un prochain voyage...)

Mais dans chaque voyage, l'important c'est le retour... Sinon, il n'y a pas de départ... Et quel retour. Un paquet m'attendait dans ma boite au lettre (cadeau pour un échantillon de Jukro...) Et quel cadeau. Allez, si vous ne savez pas de qui vient ce paquet, quelques indices.

1- Je ne suis pas passé trop loin de chez lui dans mon périple (à 150 km près)

2- On sent la déformation professionnelle dans le choix des contenants desdits cadeaux... En tout cas, on remarque que j'ai fait mouche par mon petit échantillon car vue la hauteur du remerciement...

Je vous laisse découvrir sur la photo.

Je me suis empressé de découvrir dès l'après-midi suivant (tout cela remonte maintenant à plus d'une semaine, mais le rythme effréné de mon existence à repris son cours), un thé qui me lorgnait depuis un certain temps: les Wuyi Rou Gui (en particulier, ça a été le N°2 de la M3T). Dans ma petite Shui Ping, dosé à 5g.

Les feuilles sèches ont une odeur poudrée et sèche, et rappelant un peu le pain chaud. Peut-être un peu fleuri aussi, et un peu d'origan. Les feuilles sont entre le vert et le brun, et il n'y a pas de signe d'une torréfaction poussée. Je m'attendais à quelque chose de beaucoup plus torréfié.

Une fois dans la théière chauffée, des odeurs de confitures chaudes se dégagent, toujours pas de notes torréfiées. Peut-être est-ce de le mirabelle, avec un peu de groseille au fond (moi, des origines alsaciennes?). Une fois rincées arrivent des notes de pain chaud, un peu de brioche. Les odeurs de confiture cuisant sont toujours là, c'est bien de la mirabelle et de la groseille, mon nez ne m'avait pas menti.

Place aux infusion: 8 au départ, car le thé n'a pas tout donné: 25'/20'/30'/40'/55'/1'/1'30/2'30, puis quatre longues 4'/6'/10'/15' en revenant d'une petite promenade aux buttes chaumont ayant pour bute de me vider la tête et les nez.

Dès la première infusion, c'est la note poudrée qui ressort, autant dans la tasse à sentir que dans la tasse à boire. Des fleures capiteuses qui précèdent des notes fruités de confiture. Le boisé est bien présent. A la seconde infusion, une pointe d'acidité apparaît, ce qui accentue la présence en bouche. Le nez est fleuri-fruité (je ne reviendrais pas sur les fruits). Cette impression de poudré sec et un peu épicé prend de l'importance, autant en bouche qu'au nez. Et on note des odeurs boulangères.

A la troisième infusion, en versant l'eau dans la théière, un odeur épicée sucrée apparaît, peut-être de la vanille et cannelle? Dans la tasse à sentir, on est sur de la coco, du caramel et de la vanille. Le fleuri a disparu, et la bouche est fruitée boisée. Une fine astringence apporte fraîcheur, rondeur et longueur en bouche et soutient magnifiquement la rétro-olfaction boisée, où apparaissent les pointes de confiture, par touche successives puissantes mais fugaces, comme le couteau d'un peintre sur la toile (peut-être est-ce lié au rythme des respirations et de l'air dans le nez et la bouche)...

A partir de là, on reste dans le boisé fruité. Vanille et coco sont bien sensible en bouche, et toujours cette sensation poudrée très agréable. L'épicé prend bien de la place et évolue vers des notes plus puissantes, presque piquantes. Pas dans l'ordre et selon les infusions, coco, vanille, muscade, romarin, poivre et clavalier... Pas mal!

Après sept infusions, le fruité s'éteint laissant toute la place au boisé et aux épices en bouche. Je décide de faire une petite ballade dans ce parc qui est à 50' à vol de bernache de chez moi... Et oui, il y a souvent des bernaches et des canards en hiver.

En revenant, je décide de passer à des infusions plus longues, en arrosant très régulièrement la théière, pour rester au plus haut possible en température. Le fruité fait une dernière apparition avant de laisser finalement la place pour de bon à cette sensation épicée et boisée tellement agréable, que je n'ai vu pour l'instant nul part ailleurs, et qui me laisse un souvenir tellement présent en bouche.

Les feuilles infusées on des couleurs très variées du vert au brun... De la très faible oxydation avec sa légère couronne rougeoyante au brun le plus profond et uniforme. Étonnant non?