Ah! les textes de jeunesse de Tanizaki... Qui penserait que l'auteur du
Coupeur de roseaux puisse avoir écrit cette nouvelle haute en couleur. Ce court texte de 1919 préfigure en quelque sorte son grand'oeuvre, son dernier roman,
Le Journal d'un vieux fou. En pleine ère Taïshô, sous une forte censure de la presse et de la littérature, l'auteur nous fait part d'une de ses perversions personnelles, la podophilie (fétichisme du pied). Au court de ces années de jeunesse, l'auteur va se renseigner sur cette perversion qui lui semble au départ immonde, mais ses recherches vont lui montrer qu'elle est partagée par nombre de ses ancêtres et de ses contemporains. De là va naître une prose riche autour de ces
perversions honnies par cette époque moralisatrice... Dans ce texte, l'auteur se dédouane de la paternité du texte en faisant de cette nouvelle un lettre qu'il a reçu d'un jeune artiste. Et pourtant, ce fétichisme est un sujet qui accompagnera bon nombre de ses textes tout au long de sa vie.
Tanizaki nous raconte l'attrait d'un vieux prêteur sur gage à la retraite pour le pied d'une geisha dont il a fait sa concubine, une passion dévorante qu'il va partager avec son neveu, le jeune peintre qui a rédigé ce texte pour Tanizaki. Le texte s'articule autour de la découverte d'Ô-Fumi-Ko et de la complicité qui va naitre entre le retraité et son neveu autour du fétichisme du pied parfait de la jeune geisha, une complicité qui aboutira à la réalisation d'un tableau mettant en avant le pied de la jeune fille, peu avant la mort du grabataire.
Un texte court original et haut en couleur, qui nous fait très vite oublié l'écriture un peu lourde et surrannée du grand maître japonnais. Et qui aurait pu croire qu'on puisse écrire un texte uniquement autour du pied...
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