mercredi 31 décembre 2008

Encres de chine: Qiu Xiaolong

Et c'est ainsi que je termine mon Challenge ABC 2008... Juste dans les temps!

L'inspecteur Chen, ancien universitaire à la tête du service des enquêtes spéciales de la police de Shanghai, a officiellement pris des vacances pour se consacrer à la traduction d'une proposition commerciale d'un projet d'urbanisme pharaonienne. Une offre particulièrement généreuse que l'on ne peut refuser, surtout lorsque l'on est employé par l'état en Chine dans les années 90: une somme importante, des avantages en nature et les services d'une petite secrétaire, une xiaomì, jeune étudiante avec qui il avait dansé dans une boite branchée.

Mais une affaire particulièrement brûlante tombe: Yue Lige, une ancienne garde rouge, devenue dissidente après la publication d'un roman autobiographique sur ses années de rééducation lors de la Révolution Culturelle, a été assassinée. Le gouvernement, qui souhaite en effet étouffer cette affaire et se décharger de toute implication politique, fait pression pour qu'un coupable soit rapidement arrêté. Aussi son adjoint, l'inspecteur Yu est seul à bord pour cette enquête délicate, aidé toutefois par sa femme Peiqin, grande lectrice, et par Chen qui tient à ce que son inspecteur ne soit pas seul dans la gueule du loup.

Entre affaires de voisinages dans une shikumen, bâtiment typique de Shanghai où se voit entassé sous le régime communiste un grand nombre de familles dans des chambres exiguës autour d'une cour centrale bruyante, et fastes des nouveaux riches branchés, cette affaire nous plonge dans la littérature chinoise classique.

Ce roman nous propulse dans un un univers gourmand où la gastronomie shangaïenne est décrite avec une précision gouleyante, nous fait côtoyer les grands poëtes classiques et ravive les souffrances de la Révolution Culturelle dont les plaies ne sont pas encore refermées trente ans plus tard, malgré l'ouverture à l'Occident, et en fait presque une satire sociale en mettant en exergue le fossé entres les nouveaux riches et les anciens pauvres. Un roman à l'écriture très intelligente, bien écrit et entraînant, nous faisant dans un monde que l'on ne connaît pas et nous faisant ressortir de cette lecture bien moins idiot.

Rien que pour la découverte de la culture chinoise, je le conseillerais. Lorsque dessus est greffé une enquête bien ficelée, je ne dirais qu'une chose, foncez.

3 commentaires:

Katell a dit…

Et un de plus sur la LAL!!! C'est ce qui s'appelle terminer l'année en beauté ;-)
Joyeux réveillon à tous les deux!

geneviève meylan a dit…

j'ai souvent hésité avec cet auteur : bon tu me donnes l'envie de m'y mettre aussi !Tu connais Peter May ? en ai lu 1 très réussi aussi quoique l'intrigue au final 1 peu trop grandiloquente...mais superbes descriptions de la chine

Soïwatter a dit…

Ce livre vaut réellement le coup! L'écriture est très réussie, l'intrigue est bien ficelée, progresse bien sans qu'on ait des doutes sur la fin avant les 50 dernières pages (ce que je reproche souvent aux polars). Et le livre nous plonge dans une réalité chinoise méconnue (la révolution culturelle et ses répercutions jusqu'à aujourd'hui). De plus, les explications sociales culturelles, culinaires et littéraires chinoises sont si bien intégrées et tellement présentes dans ce roman, quasi encyclopédiques sans être pompeuses, qu'on ressort de ce roman comme grandi!

Je sais, je n'ai pas commencé par le premier. Mais Encres de Chine m'a donné envie de découvrir cet auteur. J'ai Mort d'un héroïne rouge dans ma PAL (enfin celle de Célia)... Peut-être bientôt.

@Gingko: je n'avais pas entendu parlé de Peter May, je vais voir ce qu'il a écrit, peut-être que ma liste à lire va encore grandir...