mardi 30 septembre 2008

La Chanson de Charles Quint : Erik Orsenna

Dimanche soir, en ramenant mes parents Gare de l'Est après un rare Week-End en famille, Célia ne m'a pas permis d'emprunter les raccourcis habituels, m'entraînant à travers la salle des pas perdus en direction de... la librairie Payot. En entrant, tout en répétant dans ma tête Non! Tu n'achètera pas de livre! Non! Tu n'achètera pas de livre!, je suis tombé au beau milieu des sorties littéraires sur le nouvel Orsenna. Et je l'ai acheté... (enfin Célia me l'a acheté donc ça ne compte qu'à moitié)

Je pense qu'il ne faut pas préciser qu'Orsenna est l'un de mes auteurs préférés comme peu d'autres. Et je tombe sur une sortie littéraire dont je n'avais pas entendu parler? Malgré mes accès privilégiés à la base Electre? Non, c'est pas possible! Date de parution: mars 2008... Mars 2008? Il y a quelque chose qui cloche... Depuis un an que je suis différents blogs littéraires, il me semble qu'il n'y a que peu de sortie littéraire important qui me soient totalement inconnues... Et pourtant ce roman est totalement passé sous silence. Il me faut dès à présent réparer une telle injustice...

Ils étaient deux frères. Le cadet n’avait eu qu’un amour. Un seul amour depuis la jeunesse. Un amour un moment parti. Et puis revenu. Et puis épousé, trente ans plus tard, pour entrer ensemble dans la vieillesse. Peut-être aussi pour regarder avec moins de vertige le temps qui s’en allait ? L’aîné, dans ses jours les plus optimistes, se persuadait que lui aussi avait aimé. Était-ce sa faute si cet amour, la force d’amour qu’il portait en lui, s’était morcelé en de multiples, trop multiples visages, en de divers, trop divers et trop semblables corps ? Les autres jours, tous les autres jours et toutes les nuits, sans exception, il savait qu’il n’avait pas aimé. Ainsi vivaient les deux frères, dans la même ville mais chacun d’un côté du fleuve : le frère à l’amour morcelé (l’aîné) et son cadet (le frère à l’amour unique).

Ce livre est une histoire d'amours. L'amour fraternel que porte Erik Orsenna a son frère, difficile, antagoniste, mais toujours présent. Et l'amour qu'il porte à son soleil, rencontré après de longues années d'errance et d'amour morcelé, de rencontres passagères. Mais cette femme est morte seulement quatre ans après leur rencontre.

Comment vous expliquer d'un mot, vous qui ne l'avez pas connue ? Comment la saluer au plus juste, maintenant qu'elle n'est plus. Quel portrait d'elle puis-je toujours garder sur moi, que personne ne me vole, et pas même la vie qui passe ? J'ai cherché des ressemblances parmi les êtres humains, parmi les animaux et les plantes.

Et je n'en ai pas trouvé.
J'ai dû regarder ailleurs.
J'ai dû lever haut les yeux.

Cette femme était un soleil.

Dans ce roman, Orsenna rend hommage à cette femme qu'il a tant aimé. Il nous raconte son passé sans elle, son passage si fugace dans sa vie. Il nous conte sa mort, la déchirure, la longue recherche du fantôme de son aimée, tout autour de la terre, dans toutes les religions, les sciences... Et ce deuil qu'il n'arrive pas à commencer. Il nous raconte la persistance rétinienne où il voit encore sa femme. Qu'il va finalement croiser au détour d'une salsa. Et finalement le retour à la vie, entouré de ses amis qui essaient de le reconstruire.

Ce roman est une merveille... Émouvant, tendre, plein d'émotion, d'humour et d'auto-dérision. Et écrit avec cette langue toujours si belle, imagée, poétique, où l'on a l'impression que chaque mot est à sa place et que l'on aurait pu y mettre aucun autre. Je l'ai littéralement dévoré... Et j'ai adoré...

2 commentaires:

Praline a dit…

Je me faisais cette reflexion en le voyant chez mes parents, c'est un livre dont personne ne semble avoir parlé. Pour moi, la lecture aura certainement lieu ce week end :)

Soïwatter a dit…

Tu verras, tu vas adorer...