vendredi 31 octobre 2008

Funeral for Theodred

Nú on théostrum licgeth Théodred se léofa
hæ´letha holdost.
Ne sceal hearpan sweg wigend weccean,
ne winfæ´t gylden guma sceal healdan,
ne god hafoc geond sæ´l swingan,
ne se swifta mearh burhstede beatan.
Bealocwealm hafað fréone frecan forth onsended
giedd sculon singan gléomenn sorgiende
on Meduselde thæt he ma no wære
his dryhtne dyrest and maga deorost.

Maintenant, mon cher Théodred repose dans les ténèbres,
Le plus loyal des guerriers.
Le son de la harpe ne réveillera plus le guerrier,
L'homme ne tiendra plus une coupe de vin,
Le bon faucon ne se balancera plus à trvers le hall,
Le cheval rapide ne trépignera plus dans la cour.
Une mort cruelle a renvoyé le noble guerrier.
Les ménéstrels en deuil chanteront
à Meduseld; là où il n'est plus,
à son roi, à ses proches, à ses plus fidels compagnons...



C'est l'hiver, le vrai, pas celui que l'on va devoir attendre encore deux mois. Hier, pendant la nuit, il a gelé au cœur de Paris. Et chaque année, pour moi, les premiers froids n'apportent pas que leur train de rhume. Ils apportent aussi trois films, la plus grande saga jamais écrite depuis celle de Chriemild et de Siegfried.

Alors profitons en pour nous rappelé les funérailles de Théodred, blessé à mort avant l'heure par les traits des Uruk par la faute du vil Grima Wormtongue.

lundi 27 octobre 2008

Buvons toute la nuit
Pour faire un pot de fleur
Avec le tonneau

Matsuo Bashô
Cent Cinq Haïkaï
Le corbeau d'habitude je le hais
Mais tout de même... ce matin
Sur la neige

Matsuo Bashô
Cent Cinq Haïkaï
Le parfum d'orchidée
Aux ailes de Papillon
Embaume

Matsuo Bashô
Cent cinq Haïkaï
Sur une branche nue
Un corbeau s'est posé
Soir d'automne

Matsuo Bashô
Cent-cinq Haïkaï

mardi 21 octobre 2008

Des chrétiens et des maures: Daniel Pennac

Un matin, le Petit a décrété: "Je veux mon papa." Il a repoussé son bol de chocolat et j'ai su, moi, Benjamin Malaussène, frère de famille, que le Petit n'avalerait plus rien tant que je n'aurais pas retrouvé son vrai père. Or, ce type était introuvable. Probablement mort d'ailleurs. Après deux jours de jeûne le Petit était si transparent qu'on aurait pu lire à travers. Mais il repoussait toujours son assiette: "Je veux mon papa."

Tant que le petit voulait son papa, il n'y avait rien de grave, quoique cela pouvait être surprenant dans la Famille Malaussène. Il y avait dans cet indicatif une simple demande. Mais cet indicatif s'est transformé en conditionnel, et Benjamin, quoiqu'habitué à sa famille exceptionnelle, prend peur... Je préfèrerais mon papa! Cette ordre poli mais intransigeant lui fait craindre que son jeune frère ne soit atteint de Bartelbisme... les faits lui donnant de plus en plus raison.

Alors, aidé de son ami Loussa de Casamance, un lettré sénégalais spécialiste de littérature chinoise, il va partir dans ses souvenirs à la recherche du père du Petit, entre mafia, grabat, ténia et littérature.

Ne vous fiez pas au nombre de pages, cette minuscule nouvelle est du très grand Pennac, du très grand Malaussène. On se laisse charmer dès la première page, et on est déçu à la dernière, déçu que ça se finisse déjà! Avec un clin d'oeil à un autre grand écrivain, Jerome Charyn... Un livre que je relis tous les deux ans... Si vous ne connaissez pas la famille Malaussène, courrez lire cette nouvelle fraîche et pleine d'humour.

Notez que le clin d'oeil a été rendu par Charyn dans son roman, Appelez-moi Malaussène, que j'ai hâte de trouver et de lire...

lundi 20 octobre 2008

Petit dictionnaire chinois-anglais pour amants: Xiaolu Guo

Zhuang Xiao Qiao, jeune chinoise de 23 ans, vient d'arriver à Londres. Ses parents, fabricants de chaussures à Wenzhou, une petite ville Zhejiang de 7 millions d'habitants, ont décidé de l'y envoyer pour qu'elle apprenne l'anglais et puisse les aider dans leurs affaires. Miss Z (son nom est totalement imprononçable pour un anglais) arrive dans cette ville impersonnelle et individualiste. Ses difficultés en langue et les différences culturelles avec les autres élèves de son école la pousse de plus en plus dans la solitude, jusqu'à ce qu'elle rencontre un homme, un quadra désabusé par la vie et à sa grande horreur (surtout pour une fille de paysans chinois amateurs de viande de porc) végétarien chez qui elle emménagera sur un quiproquo et dont elle tombera amoureuse...

Dans une langue approximative toujours craquante, nous suivons le journal de cette jeune chinoise, ses progressions à la découverte de la langue et surtout de l'amour. Un journal fondé sur les mots, présenté comme un dictionnaire, ces mots qui lui manque toujours et dont elle est tellement avide...

Malgré des débuts très difficiles à lire, c'est un véritable bijou que nous offre Gao Xiaolu...

L'avis de Yueyin qui m'a donné envie de lire ce livre.

jeudi 16 octobre 2008

Les Quatre Saisons de Shan Lin Shi

Il arrive parfois d'avoir l'impression de vivre entouré des Quattro Stagione, sous la houlette de Karajan et sous la main experte du premier violon Anne-Sophie Mutter... Ces dernier temps, c'est un thé qui m'a donné cette impression d'été, et qui m'a fait vivement envie de goûter son homonyme hivernal... Début du concerto en deux actes... sur des peintures d'Arcimboldo...


Luanze Oolong Shan Lin Shi Winter 2007
Dans trois mois, il est là, l'Hiver. Crescendo, les bourrasques de vent arrivent, laissant les dernières feuilles fauves de l'automne s'envoler, très aérien mais fort, frais et acidulé.



Il me fallait trouver le mouvement le plus proche du thé... Allegro non molto. De la fraîcheur, de l'acidulé et de la subtilité sur les premières notes, début de la tempêtes hivernale, et de la présence qui prend de plus en plus de place, pour finir sur une finale très colorée et puissante.

C'était le premier thé que je goûtais chez Stéphane, le Shan Lin Shi de torréfaction classique, hiver 2007. Le thé a déjà vieilli maintenant, six mois qu'il est ouvert, et ça se sent, mais dès la première odeur, le premier goût, on lui reconnait les qualités de ses premiers jours, il ne s'est pas du tout fermé.

Tout d'abord les feuilles sèches dans la théière chauffée: une odeur fleurie et acidulée, légèrement fruitée (type fruits exotiques) s'échappe de la théière.

Première infusion. La cruche est remplie d'une belle liqueur dorée et odorante. De ce thé, je me rappelais le côté très fleuri et très frais. Maintenant, au bout de ces quelques mois, un côté fruité et rond est apparu. Mais l'âge de ce thé est bien présent. Les fleures très fraiches que j'ai tant apprécié ce printemps ont perdu de la fraîcheur, et on commence à distinguer un peu de sècheresse, type fenaison. Notez que ça fait deux mois que je veux faire cette dégustation comparée mais que je me laisse à chaque fois tenter par un autre thé.

D'un autre côté, des notes un peu plus capiteuses sont apparues, rappelant un peu de l'orchidée. Une bouche très riche, très équilibrée entre les fleurs, les fruits et le miel, assez complexe, et de la longueur. Il me rappelle de plus en plus un Dong Ding. Est-ce la torréfaction, particulièrement maîtrisée, qui commence à se réveiller, ou bien est-ce mon goût qui évolue? Le caramel est devenu du miel, du miel de fruitier. Plus de fraîcheur apparaît au bout de trois infusions... mais contrebalancé par le côté miellé qui prend vraiment le pas...

Les feuilles infusées sont relativement sombres, un peu plus torturées que d'habitude pour les thés que nous propose Stéphane, mais aucune brisure, même si je suis à la fin du paquet, plutôt des feuilles solitaires...

Un très beau thé au final, bien présent, malgré ces quelques mois d'ouverture, subtile dans ses premières notes et avec une finale pleine d'énergie et de couleur...


Luanze Oolong Shan Lin Shi Summer 2008
L'Eté, le vrais, pas celui qu'on a tant attendu cet année, sarcastiquement annoncé sur le calandrier... Presto, puis Allegro non molto. Comme ça, pour changer le sens canonique, parce que cette sonate peut s'écouter dans les deux sens, se boucler, un vrai groupe cyclique abélien, avec pour invariant la magie de Vivaldi... Et puis, halte au conformisme... Non?




Il me fallait un thé coloré, capiteux et entêtant, avec une personnalité propre... Un vrai été pour exorciser et excommunier la pâle copie que nous a servi Madame Laborde pendant trois mois. L'été n'est généralement pas une bonne saison pour les oolongs de haute montagne, souvent rapeux et sec... Mais ce que nous propose Stéphane cette année vaut le voyage.

Dès la première odeur dans la théière chauds, les feuilles nous donnent un parfum fleuri capiteux. Au goût, c'est doux et extrêment rond, chaud, très fleuri, moelleux... Première impression, du blé, un côté boulanger très présent qui donne de la puissance à ce thé... Puis on a l'impression d'avoir du beurre en bouche, avec un petit fond salé style salidou. Et de la longueur...

Les feuilles sont belles, immenses (photos prises sur une asiette de 12 cm de diamètre; certaines faisaient plus de la moitier), un peu moins sombres que celles de cet hivers, bien entières, aucune n'est cassée... Très belles... Avec aucune trace d'oxydation...

Ce thé a une très grande présence et un corps bien équilibré. Il correspond totalement à l'idée qu'on peut se faire d'un haute montagne mais en moins léger, en beaucoup plus présent. Grand thé, très grande qualité, qui n'a pas à se cacher ou bien à avoir honte, pas une pâle imitation des cueillettes de printemps ou d'hivers. Un vrai parfum de femme qui nous donne envie de nous retourner...

Merci Stéphane. Il me manque maintenant , le printemps et l'automne pour finir mes quatre saisons...

lundi 13 octobre 2008

Une réponse à la Grande Question sur la Vie, l'Univers et le Reste...






Vous voulez trouver une réponse à la Grande Question que la Vie, l'Univers et le Reste? 42 ne vous convient pas? Ou bien vous recherchez comment répondre à un enfant qui vous demande pour la vingt-septième fois: Papa, Papa, Papa, Dis,Dis Dis! Pourquoi le lait il sent mauvais et il a un sale goût à chaque fois que tu oublie de le ranger dans le frigo? Ou bien: Pourquoi je ne dois pas mettre les mains sur la plaque de cuisson lorsque le rond il est tout rouge? Ou encore: Papa, pourquoi il ne faut pas mettre ses pieds sur la chaise... électrique?

Alors voici une piste de réponse, tirée du générique de The Big bang Theory, chanté par les Barenaked Ladies...

Our whole universe was in a hot dense state,
Then nearly fourteen billion years ago expansion started. Wait...
The Earth began to cool,
The autotrophs began to drool,
Neanderthals developed tools,
We built a wall (we built the pyramids),
Math, science, history, unraveling the mysteries,
That all started with the big bang!

"Since the dawn of man" is really not that long,
As every galaxy was formed
in less time than it takes to sing this song.

A fraction of a second and the elements were made.
The bipeds stood up straight,
The dinosaurs all met their fate,
They tried to leap but they were late
And they all died (they froze their asses off)
The oceans and pangea
See ya, wouldn't wanna be ya
Set in motion by the same big bang!

It all started with the big BANG!

It's expanding ever outward but one day
It will cause the stars to go the other way,
Collapsing ever inward, we won't be here, it wont be hurt
Our best and brightest figure
that it'll make an even bigger bang!


Australopithecus would really have been sick of us
Debating out while here they're catching deer
(we're catching viruses)

Religion or astronomy, Encarta, Deuteronomy
It all started with the big bang!

Music and mythology, Einstein and astrology
It all started with the big bang!
It all started with the big BANG!

dimanche 5 octobre 2008

Haribo c'est beau la vie...

Vous savez, moi et les Tie Guan Yin... J'en ai des quantités inimaginables, datant de 2002, environ 300 à 400 grammes, de 3 qualités différentes, et pas toutes expérimentées. Autant dire qu'elles ont vieilli... trop même... Elles ont perdu leur croquant et leur fleuri, ne reste plus que le typique du TGY. Mais elles ont un valeur sentimentales. C'est mon père qui me les a ramené d'un déplacement en Chine. En même temps que ma première théière et que ma wenxianbei. Stéphane m'avais expliqué une méthode pour lui redonner du croquant, la méthode Sae An... Mais depuis quelque temps, j'ai de plus en plus envie de goûter une vraie bonne Boddhisattva.

Hier, dans un élan de découverte, mes pas m'ont guidé vers la place Monge, pour un thé rouge, finalement un Chuan Hong Mao Jian... Et la gourmandise m'a fait craquer pour un Anxi Tie Guan Yin, le numéro 8... Et aujourd'hui, après une ballade au Buttes Chaumont, à quelques mètres de chez moi, je me suis jeté à l'eau.

Les feuilles de thés sèches sont minuscules. On peut deviner qu'il s'agit de feuilles seules, avec quelques boules formées d'un bourgeon et d'une ou deux petites feuilles... Cela se vérifiera. On est très loin des boules immense de Dong Ding ou de Guei Fei Cha, composée d'un bourgeon et de deux immenses feuilles... Ça me rappelle assez bien mes TGY ou mon Dong Ding Mystérieux, très certainement un haute montagne d'été de bonne qualité... Les feuilles sèches sentent un peu les fenaisons, plein d'herbes sèches et de fleurs séchées... En plongeant les 3-4 g de feuilles dans la théière chauffée cette odeur prend de plus en plus de place...

Première eau... Rinçage... Odeur de fleur... pas plus de détail.

Première infusion. Une odeur de lilas et de myosotis. Dans la wenxianbei, un commence par ces fleurs, puis vient l'odeur caractéristique des TGY et des thés de Taiwan: une odeur caramélisées de chouchou, de caramel, de cacahuète grillée peut-être un peu de noix de coco, pas sûr... Non à y réfléchir... C'est juste une rémanence intellectualisée... Vient ensuite une odeur de confiserie... indéfinie... A l'infusion, les odeurs fleuries capiteuses font d'abord surface... Très présente. Vraiment des fleurs méditerranéennes avec leurs parfums entêtants. La liqueur est douce et caramélisée, presque du bonbon aux fleurs... et toujours cette note de confiserie indéterminée. Seconde infusion. Idem.

Troisième: les notes de sécheresse de fenaison propres aux TGY commencent à faire surface. On entr'aperçoit un thé totalement différent. La sécheresse donne de la rondeur, de la présence et de la longueur. Le moelleux caramélisé est toujours là. Les fleurs aussi. Et la note de confiserie a totalement disparu.... Quatrième infusion et les suivantes... La sécheresse est là, grandissant puis s'estompant au fil des infusions. Les fleurs aussi, mais de plus en plus douces. Comme vous l'aurez compris, on est face à un marathonien, un skipper à qui la route du rhum ne suffit pas ce qui lui faut c'est vraiment le tour du monde en solitaire et à l'envers...

On en est à huit infusions... la sécheresse s'est estompée enfin. Le thé nous fait croire qu'il s'est assagit. Le fleuri est réapparu, comme s'il avait été caché par la sécheresse. On est dans la douceur et le soyeux. C'est là qu'un invité surprise fait son apparition: la rétro-olfaction: le lilas et le myosotis sont bien là. Mais quelques secondes plus tard, il se laisse masquer, par de la confiserie, de plus en plus forte. Cette note indéfinie... Maintenant, je sais ce que sais: une odeur type de baie, ou de fruits des bois... quelque chose dans le genre... mais pas le fruit... Le bonbon... Les fraises tagada, les Himbeeren (framboises) ou les Brombeeren (mûres) de Haribo que l'on trouve presque uniquement en Allemagne: pas tellement dans le goût, car les baies auquel ça me fait penser restent indéterminées, mais dans le profil aromatique: cette douceur, ce gourmand... Et le premier qui dira du mal de Haribo, je lui jetterai la première pierre... sans complexe...

On en est à quatorze infusions, le final est tout dans la douceur, mais de décide d'en rester là...

Les feuilles infusées sont très torturées, par leur fabrication et par les nombreuses infusions, les bords sont totalement déchiquetés. On voit un léger liseré brunâtre autour des feuilles, Ce qui montre une oxydation déjà plus poussée que les thés taïwannais auxquels j'ai l'habitude. Les feuilles ne sont pas si grandes, il y a beaucoup de feuilles solitaires, mais malgré cette torture, peu de brisures...

Une merveille, qui m'a fait totalement changer mon point de vue sur les Tie Guan Yin, qui me donne envie de faire des essais sur mes stocks et de plus découvrir cette famille de thés...

vendredi 3 octobre 2008

Soutra...

Aujourd'hui, point de livre, point de thé, mais une soutra bouddhiste que je viens de lire, et qui, amateurs de livres, amateurs de thé, laisse à réfléchir... Presque un kôan zen.

Le vide est sans forme, mais la forme est aussi le vide.
Le vide n'est pas vide, il est en fait plein...
Il est le début de tout.

Que ferions nous sans nos vides?

Sans page blanche, y aurait-il des livres, y aurait-il des lettres? Sans page blanche, qui voudrait écrire pour nous faire partager tous les vides de l'existence, les moments inachevés, les vides que l'on cherche tout au long de nos vies à combler? Sans ces vides, voudrions nous nous acharner à longueur de vie à remplir ces présents et ces futurs qui nous définissent et font de nous l'humanité, la vie? Chercherions nous toujours à aller de l'avant? Ou tout au contraire, à nous poser devant un livre, devant une tasse de thé?

Et ces thés qui nous sont si chers... Nos théières, si minuscules soient-elles, ne nous sont-elle pas si importantes parce qu'elles sont le vide créateur de nos moments de paix? Un bloc de glaise, rouge, dense, palpable et plein, voici la genèse de nos théières, mais sans le vide que construisent nos chers potiers, quels moments pourrions nous passer autour d'une tasse de thé? Et nos tasses? Bien sur, la matière est importante, mais n'est-ce pas le vide de la forme qui nous permet d'apprécier un thé?

Sans nos vides, il n'y aurait rien... C'est lui qui nous permet d'aller de l'avant! Ultreïa!